Les marchés actions ont généralement repris leur marche en avant hier, ce qui a permis à un indice majeur de franchir un jalon important. Aux Etats-Unis, le S&P500 a clôturé à 4294 points, en hausse de 0,6%. Il est techniquement en "marché haussier" (bull market), c’est-à-dire qu'il a franchi le cap des 20% de hausse par rapport à une marque qui datait en l'occurrence de la mi-octobre dernier. Par la plus petite des marges puisque si mes calculs sont bons, on est sur +20,04%. Le problème, c'est que tout le monde n'a pas la même définition de ce qu'est un marché haussier ni de ses conséquences. Pour paraphraser Winston Churchill, "si vous mettez deux économistes dans une pièce, vous obtiendrez deux opinions, sauf si l'un d'eux est Lord Keynes, auquel cas vous obtiendrez trois opinions". Mais le fait est que ce cap des 20% est un vrai jalon psychologique, qui peut promettre des lendemains qui chantent (i.e. une poursuite de la hausse). Sauf quand ça ne marche pas, ce qui arrive aussi. Du coup, ça débat pas mal depuis hier soir sur ce sujet sur le marché. Les esprits forts insistent généralement sur le fait que le marché haussier du moment s'est appuyé sur un petit nombre de titres et qu'il faudrait une assise plus large pour que la suite se passe bien.

Quoi qu'il en soit, les indices américains ont été tirés hier par la publication d'inscriptions hebdomadaires au chômage plus élevées que prévu. Le marché concentre toujours son pari principal sur le fait que la Fed va devoir renoncer à continuer à relever ses taux parce que la politique monétaire restrictive aura fini par porter ses fruits en réduisant la dynamique économique, donc la pression inflationniste. Ainsi toute donnée macroéconomique négative est plutôt bien accueillie, surtout quand elle concerne le marché du travail, qui ne parvient pas à sortir d'une certaine forme de surchauffe aux Etats-Unis. Les chiffres du chômage de la veille ont stérilisé le petit regain de nervosité sur les taux directeurs après les relèvements de taux inattendus décidés par la Banque d'Australie et par la Banque du Canada cette semaine. Ce retour d'optimisme sur la politique monétaire a profité en premier chef au Nasdaq 100, qui a rebondi de 1,3%.

En Europe, la clôture avait eu lieu en ordre dispersé. Dans le rouge pour Londres et Zurich et dans le vert pour Paris et Francfort, toujours dans des bornes étroites. Le vieux continent a clairement perdu de son attrait pour les investisseurs, qui n'ont d'yeux que pour les technologiques américaines et le retour en grâce des actions japonaises. J'en profite pour faire un petit crochet par Paris où Edenred va faire son entrée dans le CAC40, aux dépens de Vivendi (et pas d'Unibail, comme nous l'avions pronostiqué). Le destin d'Edenred ressemble un peu à celui de Worldline. Les deux entreprises sont nées d'une scission avec une maison-mère connue et sont désormais mieux valorisées qu'elle. Worldline pèse 10 Mds€ alors qu'Atos ne capitalise plus que 1,5 Md€. Edenred dépasse 15 Mds€ face à Accor et ses 8,3 Mds€. Worldline et Edenred font désormais partie du CAC40, qu'Atos et Accor ont quitté respectivement en 2021 et en 2020. Sic transit gloria mundi.

Dans le reste de l'actualité, Donald Trump signe une nouvelle première : une inculpation fédérale pour la conservation de documents confidentiels à son domicile après la fin de son mandat. L'ancien président crie à la cabale. Joe Biden pour les Etats-Unis et Rishi Sunak pour le Royaume-Uni ont réitéré les déclarations d'amitié entre leurs deux pays et pris quelques engagements commerciaux, mais l'accord de libre-échange espéré par Londres après le Brexit n'est toujours pas à l'ordre du jour. Ce matin en Chine, les chiffres de l'inflation de mai sont ressortis en légère hausse et conformes aux attentes. Les prix à la production, en revanche, continuent à chuter dans des proportions plus importantes que prévu. En Turquie, le président Erdogan a nommé Hafize Gaye Erkan, qui a notamment exercé des fonctions de cadre dans la banque américaine, au poste de gouverneure de la banque centrale de Turquie.

Après deux séances de baisse marquée, le Japon s'offre un rebond vigoureux de 1,4% du côté du Topix. La Chine continentale évolue autour de l'équilibre, pendant que Hong Kong reprend 0,3%. La vigueur du Nasdaq profite au Kospi coréen, qui termine la semaine sur une note positive de +1,1%. L'Australie s'adjuge pour sa part 0,3%. Les places européennes sont attendues en légère hausse à l'ouverture. Le CAC gagnait 0,1% à 7228 points dans les premiers échanges.

Les temps forts économiques du jour

Rien à se mettre sous la dent aujourd'hui, hormis l'inflation chinoise ressortie à 0,2% en mai, conformément aux attentes, et les prix à la production chinois, en contraction annuelle plus intense que prévu (-4,6%). Tout l'agenda ici.

L'euro recule à nouveau face au dollar, à 1,0774 USD. L'once d'or rebondit à 1962 USD. Le pétrole est stable, avec un Brent de Mer du Nord à 75,49 USD le baril et un brut léger américain WTI à 71 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'établit à 3,73%. Le bitcoin varie peu, à 26 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Abivax : Portzamparc passe d'acheter à conserver en visant 17 EUR.
  • Antin Infrastructure : Oddo BHF démarre le suivi à neutre en visant 14,60 EUR.
  • Avanza : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 249 SEK.
  • DocMorris : HSBC passe de conserver à acheter en visant 52 CHF. UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 43 à 27 CHF.
  • Dufry : Crédit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 45 CHF.
  • Geberit : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 336 à 323 CHF.
  • Hammerson : Barclays passe de souspondérer à surpondérer en visant 30 GBp.
  • Imerys : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50 à 51 EUR.
  • Imperial Brands : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1993 à 1680 GBp.
  • Logitech : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 62 à 67 CHF.
  • Mersen : Portzamparc reprend le suivi à l'achat en visant 45,10 EUR.
  • Orsted : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre en visant 680 DKK.
  • Salmar : DNB Markets passe de conserver à acheter en visant 565 NOK.
  • Shop Apotheke : HSBC passe de conserver à alléger en visant 72 EUR.
  • Société Générale : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 40 à 43 EUR.
  • Sonova : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 290 à 310 CHF.
  • Systemair : DNB Markets passe d'acheter à conserver en visant 90 SEK.
  • Tubacex : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1,90 à 4,50 EUR.
  • Vilmorin : Portzamparc passe d'acheter à conserver en visant 62,60 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Edenred va remplacer Vivendi dans le CAC40.
  • Dassault Systèmes prévoit de doubler son bénéfice par action d'ici 2028, selon les documents publiés en amont de la journée investisseurs prévue aujourd'hui. Par ailleurs, Pascal Dalloz va prendre les commandes opérationnelles le 1er janvier 2024.
  • TotalEnergies signe un contrat de vente d'électricité de 25 ans pour un projet éolien géant au Kazakhstan.
  • Le Comité consultatif de la FDA recommande le nirsevimab de Sanofi et AstraZeneca à l'unanimité comme premier agent d'immunisation contre les infections dues au VRS pour tous les nourrissons.
  • ID Logistics remplace OVH au sein du SBF 120.
  • Teract renonce à une opération capitalistique avec Casino. En parallèle, le trio Niel, Pigasse et Zouari se dit toujours intéressé "en leur nom propre" pour reprendre le distributeur en difficultés.
  • Concordia a déposé son OPA simplifiée à 46,60 EUR sur Rothschild.
  • Hexaom annonce que sa filiale BtoB L'Atelier des Compagnons (93,7 M€ de revenus, 31,1 M€ de pertes en 2022, 237 personnes), a déposé le bilan et demande un redressement judiciaire.
  • Wallix lève 10,5 M€ via un placement privé et une offre d'actions au public pour 5,5 M€ à 10,50 EUR l'action et des OC au profit de Nextstage (5 M€).
  • Guerbet détient 56,46% du capital d'Intrasense et 56,1% des droits de vote.
  • Mauna Kea Technologies quitte le marché réglementé pour Euronext Growth.
  • Le petit coin de la dilution : la cotation des actions Delta Drone reprend aujourd'hui. Technicolor Creative Studios poursuit ses opérations de refinancement.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Ecomiam

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • UBS veut vendre les activités de négoce d'actions de Crédit Suisse en Chine.
  • General Motors va adopter le standard de chargement de Tesla pour sa prochaine génération de véhicules électriques. Par ailleurs, Tesla aurait demandé à ses fournisseurs de se préparer à produire 375 000 Cybertrucks par an.
  • Diageo nomme Debra Crew directrice générale à compter de jeudi.
  • 31 projets allemands de semiconducteurs vont recevoir 4 Mds€ de financements fédéraux, dont certains portés par Infineon ou Elmos.
  • L'UE met en garde contre de "lourdes sanctions" à l'encontre de Meta pour des contenus en ligne ciblant les enfants.
  • CRH décroche l'approbation de ses actionnaires pour une cotation primaire aux Etats-Unis.
  • Tesco accusé de tromper les clients sur le prix des propositions Clubcard.
  • Bristol-Myers Squibb obtient l'approbation de la FDA pour son site de production de thérapie cellulaire.
  • Les principales publications du jour : NioTout l'agenda ici.

Lectures