Qu'on se le dise, la publication d'une inflation américaine de juin inférieure aux projections des économistes a probablement enterré le spectre d'une poursuite de la politique monétaire agressive de la banque centrale américaine. Sur un an, les prix à la consommation ne progressent plus que de 3% aux Etats-Unis, ce qui commence à ressembler à une normalisation. Même l'inflation sous-jacente est plus modérée que prévu. Le marché n'étant pas totalement décérébré, en tout cas pas tout le temps, il a maintenu un pronostic largement favorable à une nouvelle hausse de taux en juillet – la Fed doit garder sa crédibilité – mais a renforcé son pari selon lequel ce pourrait bien être la dernière. Il y a encore pas mal de bémols autour de ce scénario, mais force est de constater que le plan des haussiers a l'air de se dérouler sans accroc, pour faire référence au bon sens américain d'Hannibal Smith, un fameux théoricien de la castagne du siècle précédent.

En constatant la modération de l'inflation, elle-même favorisée par la politique monétaire austère lancée par la Fed (les taux sont passés de 0 à 5% en à peine plus d'un an), les investisseurs jouent déjà la reprise économique qui suivra la normalisation puis l'assouplissement de la politique monétaire. Je rappelle que le cycle des actions et le cycle économique sont décalés : les financiers anticipent des jours meilleurs en se positionnant en amont, si bien que le marché boursier redécolle avant l'économie. Euh en fait, le marché boursier a déjà redécollé, par anticipation et grâce à des moteurs internes annexes. Un peu trop d'ailleurs aux yeux de certains professionnels, qui seraient plus à l'aise avec un rebond qui suivrait une phase de déprime, ce qui est loin d'être le cas. Mais disons que le marché pourrait trouver de nouveaux motifs de progression dans un élargissement des secteurs susceptibles de se redresser.

Concrètement, il s'est passé une série d'événements assez prévisibles hier dans le sillage de la publication de la statistique américaine sur l'inflation, à 14h30, que je vais détailler de façon simple, par classe d'actifs :

  • Les indices actions ont naturellement affiché des gains plus ou moins prononcés. L'Europe a montré la voie avec des hausses souvent supérieures à 1%, en particulier sur les indices à forte composante cyclique comme le CAC40 en France ou le DAX en Allemagne. Aux Etats-Unis, c'est le Nasdaq qui a naturellement pris le leadership en clôturant en hausse de 1,24%. Il flirte désormais avec 40% de gains sur l'année. Ce matin, l'indice technologique de Hong Kong est le plus en verve et c'est logique : il est celui qui offre le plus de bêta sur le Nasdaq.
  • Les obligations ont chuté et les rendements ont subi leur tectonique habituelle : le 10 ans US a perdu près de 20 points pour redescendre à 3,86%. Logique là aussi, avec l'éventualité de voir les taux plafonner.
  • Le dollar s'est fait attaquer de toutes parts. Le pari contre le billet vert est très consensuel. L'avance prise par la Fed dans le cycle en cours face aux autres banques centrales occidentales renforce cette situation. L'euro est remonté à 1,1142 USD. Le Dollar Index, qui mesure la vigueur de la monnaie américaine face à un panier de devises mondiales, a perdu 2,5% depuis le début de la semaine. Le mouvement a profité à l'or, qui a repris plus de 1% hier à 1960 USD l'once.
  • Le pétrole était lui aussi orienté à la hausse. Le Brent a refait une incursion au-dessus de 80 USD le baril, une première depuis avril : la perspective d'une reprise économique, même un peu éloignée, soutient les cours.

Dans le reste de l'actualité, les discussions entre les Etats-Unis et la Chine se poursuivent malgré la phase de tension entre les deux pays. Cette fois, c'est Antony Blinken qui doit rencontrer Wang Yi lors du sommet de l'Asean. Chine toujours, les chiffres de l'import-export de juin sont à nouveau déprimants. Les exportations ont chuté de 12,4% (consensus -9,5% chez Reuters et -15,3% chez Bloomberg, mais je ne sais pas pourquoi le décalage est si fort), soit leur plus gros recul depuis plus de trois ans. Sur le front de l'intelligence artificielle, Elon Musk a annoncé le lancement d'une nouvelle société, xAI.

En Asie Pacifique, les indices prennent le sillage de Wall Street ce matin. Même au Japon, en dépit du renforcement du yen hier. Le Nikkei 225 clôture en hausse de 1,4%.  La Corée du Sud et la Chine gagnent environ 1%. Mention spéciale à Hong Kong donc, le plus réactif des marchés de la région, avec un Hang Seng en hausse de 2,5%. L'Australie, riche en valeurs minières, reprend 1,6%. Les indicateurs avancés européens sont légèrement haussiers. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,2% à 7347 points.

Les temps forts économiques du jour

Inflation française (8h45) et production industrielle européenne (11h00) occuperont la matinée, avant aux Etats-Unis les prix à la production et les inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30). Tout l'agenda ici. Ce matin, la Chine a annoncé un recul plus marqué que prévu des importations et de ses exportations en juin.

L'euro a bondi à 1,1145 USD. L'once d'or est remontée à 1960 USD. Le pétrole accélère, avec un Brent de Mer du Nord à 80,42 USD le baril et un brut léger américain WTI à 75,86 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans chute à 3,85%. Le bitcoin se négocie autour de 30 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 22 à 23 EUR.
  • Airbus : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 160 à 165 EUR.
  • Alfa Laval : ABG reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 385 à 400 SEK.
  • Amadeus : Bestinver reprend le suivi à conserver en visant 74,50 EUR.
  • Amundi : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 68 EUR.
  • Banco Santander : Bestinver reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 4,70 à 4,45 EUR.
  • BBVA : Bestinver reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7,90 à 7,60 EUR.
  • BMW : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 90 à 100 EUR.
  • BP Plc : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 610 à 575 GBp.
  • Computacenter : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 2350 GBp.
  • Davide Campari : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 13,60 à 13,50 EUR.
  • DNB : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 210 à 220 NOK.
  • Eurofins : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 50 à 48 EUR.
  • Henkel : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 85 à 82 EUR.
  • ING : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 16 à 17 EUR.
  • Lufthansa : Morgan Stanley reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 8,50 à 8,40 EUR.
  • Nel : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 12 NOK.
  • Pernod Ricard : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 230 à 228 EUR.
  • Prosus : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 95 à 97 EUR.
  • Rémy Cointreau : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 182 à 180 EUR.
  • Schroders : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 530 GBp.
  • Sika : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 312 à 315 CHF.
  • SMA Solar : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 105 EUR.
  • Stellantis : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de relevé de 21 à 23 EUR.
  • Swisscom : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 660 CHF.
  • Telefonica : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours relevé de 2,70 à 3 EUR.
  • Valeo : Stifel passe de conserver à acheter en visant 26,50 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Casino révise à la baisse ses prévisions financières pour 2023. Le distributeur attend de nouvelles offres de sauvetage révisées pour vendredi 21h00.
  • Orpea prévient que ses objectifs financiers ne seront pas atteints cette année.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Carrefour a conclu un accord avec le groupe belge Louis Delhaize en vue de l'acquisition des enseignes Cora et Match en France pour 1,05 Md€, soit 60 hypermarchés et 115 supermarchés, qui emploient 24 000 personnes en France et réalisent 5,2 Mds€ de chiffre d'affaires annuel hors taxes.
  • BP Plc et TotalEnergies remportent un appel d'offres de 14 Mds$ pour des sites éoliens offshore en Allemagne. Par ailleurs, TotalEnergies et ses partenaires prennent la décision finale d'investissement du projet de gaz naturel liquéfié RG LNG au Texas.
  • Vinci remporte un contrat de conception-réalisation du Grand Paris Express pour 27 Mds€.
  • AXA finalise l'acquisition de GACM Espagne pour 310 M€.
  • Technip Energies investit dans le "Fund II" d'Evok Innovations.
  • Carmila va racheter Galimmo, en parallèle du rachat des actifs France de Cora par Carrefour.
  • Resilient Hydrogen et Haffner Energy unissent leurs forces pour développer des projets d’hydrogène et de gaz renouvelables en Europe.
  • Solocal obtient le feu vert de ses créanciers pour un décalage de paiement de coupon.
  • Median lève 11,6 M€ à 4,70 EUR par action et place 10 M€ d'obligations convertibles réservées à Celestial Successor.
  • Claranova a levé 18,51 M€, dont 15 M€ par compensation de créances, pour un produit net limité à 2,31 M€ (les frais représentent 1,2 M€).
  • Valbiotis se structure en vue de ses premières commercialisations.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Kaufman, TFF, Integragen, Ateme, Lucibel, Ecoslops, Median, Drone Volt

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Barry Callebaut a subi une baisse de ses volumes sur l'exercice en cours, grevé par la baisse du marché du chocolat et des confiseries. Les chiffres ont l'air proches des attentes.
  • BASF réduit ses prévisions de bénéfices pour 2023.
  • Continental s'attend à ce que les ventes du deuxième trimestre soient conformes aux estimations.
  • Polypeptide revoit en baisse ses prévisions.
  • Swatch a amélioré ses résultats semestriels, avec un bénéfice net de 486 MCHF pour 4,02 MdsCHF de ventes.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Broadcom obtient l'approbation conditionnelle de la Commission européenne pour l'acquisition de VMware.
  • Walt Disney a prolongé de deux ans le contrat de son PDG Bob Iger.
  • Après un revers judiciaire, la FTC fait appel dans le dossier Microsoft / Activision.
  • Amazon saisit la justice contre de nouvelles règles imposées par l'UE.
  • Meta Platforms doit faire face aux accusations de l'UE concernant l'abus de la place de marché Facebook.
  • Enel vend son portefeuille de centrales photovoltaïques chiliennes pour 550 M$.
  • Orsted obtient le feu vert du gouvernement britannique pour un parc éolien offshore de 2,6 GW.
  • Volkswagen se lance dans le commerce d'électricité.
  • S&P relève la note à "BB" de Dufry avec une perspective stable.
  • Tod's annoncé mercredi le départ de son directeur artistique Walter Chiapponi, sans donner le nom de son successeur.
  • Les principales publications du jour : PepsiCo, Progressive, Fast Retailing, Cintas, John Wood, Hays, Watches of Switzerland, Fastenal, ExperianTout l'agenda ici.

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