par Makini Brice et Steve Holland

WASHINGTON, 5 février (Reuters) - Les avocats de Donald Trump ont rejeté jeudi une demande des démocrates appelant l'ancien président républicain à témoigner la semaine prochaine lors de son procès en destitution devant le Sénat américain, décrivant cette invitation comme une "opération de communication".

La Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, a mis en accusation le mois dernier Donald Trump pour "incitation à l'insurrection" suite à l'assaut sur le Capitole mené par des partisans de celui qui était alors locataire de la Maison blanche. Cinq personnes dont un officier de police ont trouvé la mort dans les heurts.

"Le président ne témoignera pas lors de cette procédure anticonstitutionnelle", a déclaré à Reuters un conseiller de Donald Trump, Jason Miller, faisant écho à l'argumentaire des avocats de Trump selon lesquels le discours que leur client a tenu le 6 janvier à Washington relevait du droit à la liberté d'expression inscrit dans la Constitution.

Dans une lettre ouverte, les avocats de l'ancien président américain, Bruce Castor et David Schoen, ont qualifié la demande des démocrates d'"opération de communication".

L'élu démocrate Jamie Raskin, chargé du rôle de procureur général pour le procès, a écrit à Donald Trump et à ses conseils pour inviter Trump, dont le mandat a pris fin le 20 janvier, à venir témoigner sous serment.

"Si vous déclinez cette invitation, nous nous réservons tous les droits, y compris le droit d'établir au cours du procès que votre refus de témoigner va à l'appui d'une forte déduction négative au sujet de vos actions (et inaction) le 6 janvier 2021", dit l'élu démocrate dans une lettre.

Bruce Castor a déclaré à Reuters que Donald Trump était dans son bon droit en rejetant la demande des démocrates. "Il incombe à la Chambre des représentants de démontrer son dossier", a-t-il dit. "Je ne vais pas les aider".

Plusieurs sénateurs ont estimé qu'un témoignage de Donald Trump au procès serait une mauvaise idée. Le sénateur républicain Lindsey Graham, fervent soutien de Trump, a déclaré aux journalistes: "Je ne pense pas que cela serait dans l'intérêt de quiconque".

Après sa défaite face à Joe Biden lors de l'élection présidentielle du 3 novembre, Donald Trump n'a cessé de dénoncer sans preuve une vaste fraude électorale à son détriment. Ces accusations ont été rejetées par des représentants électoraux et les multiples recours en justice engagés par la campagne Trump n'ont pas abouti.

Une grande partie des sénateurs républicains et les avocats de Donald Trump contestent la légitimité du procès au Sénat maintenant que Trump n'est plus en fonction.

Cet argument permettrait aux sénateurs républicains de se prononcer contre une condamnation de Donald Trump sans défendre directement le discours incendiaire que celui-ci a tenu le 6 janvier, lors duquel il a réitéré ses accusations de fraude et incité ses partisans à marcher vers le Capitole où étaient réunis les élus du Congrès.

Le second procès en destitution de Donald Trump doit s'ouvrir mardi.

(avec Steve Holland et Eric Beech à Washington, Karen Freifeld à New York; version française Bertrand Boucey et Jean Terzian)