Les deux groupes fusionneraient leurs actifs en fonction de l'évolution de leur activité: les segments plastiques et chimie spécialisée ont tiré parti de la baisse des coûts de l'énergie, tandis que l'agrochimie doit faire face à une demande faible de produits de protection des cultures.

A la suite d'une opération qui représenterait une fusion entre égaux, la nouvelle structure pourrait se scinder en trois segments: agrochimie, chimie spécialisée, science des matériaux, ont ajouté les sources, prévenant toutefois que rien n'avait encore été finalisé. Selon l'une d'elles, un accord pourrait intervenir dans les jours qui viennent.

Dow et DuPont se sont refusé à tout commentaire sur cette information dont le Wall Street Journal a eu la primeur.

CNBC, citant des sources proches du dossier, a rapporté de son côté que l'opération pourrait dégager des synergies de l'ordre de trois milliards de dollars.

Sur la base du cours de clôture de mardi, la capitalisation de Dow était de près de 59 milliards de dollars et celle de DuPont de 58,4 milliards de dollars.

DuPont, sous la houlette d'Edward Breen, discutait déjà avec des concurrents, dont Dow, pour étudier les possibilités d'évolution de son segment agrochimie. Dow s'interrogeait également sur son propre segment agrochimie et semences, dont les ventes déclinent depuis près d'un an.

En août dernier, Monsanto, le numéro un mondial des semences, avait renoncé à une OPA de 45 milliards de dollars sur son concurrent suisse Syngenta, dans un contexte de baisse des prix céréaliers et des revenus agricoles propice à une consolidation de cette activité.

DuPont, qui réalise 60% environ de son chiffre d'affaires en dehors de l'Amérique du Nord, a pâti d'un dollar fort qui a retranché 53 cents de son résultat par action cette année. Le chimiste est confronté à une contraction de ses ventes depuis près de deux ans.

Le directeur général Edward Breen a été nommé en novembre à la suite de la démission soudaine le mois précédent d'Ellen Kullman, à laquelle certains investisseurs reprochaient de ne pas concrétiser pleinement les changements dont elle était à l'origine.

Ellen Kullman avait été confrontée en mai à l'investisseur activiste Nelson Peltz qui tenait absolument à être représenté au conseil d'administration. Durant cette période, l'action avait cédé le quart de sa valeur, ce qui avait valu à la directrice générale de perdre le soutien de certains actionnaires.

De l'avis des analystes, l'arrivée d'Edward Breen est bienvenue pour Peltz, qui souhaite voir DuPont, une société de 213 ans d'âge, séparer ses activités les plus instables des autres et réaliser deux à quatre milliards d'économies annuelles.

(Avec Shubhankar Chakravorty et Ankush Sharma à Bangalore, Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Greg Roumeliotis