Si la récente actualité du groupe de Ratan Tata a été marquée par le très médiatique lancement de la Nano, présentée comme « la voiture du peuple », c'est bien son niveau de dettes qui inquiète.

A elles seules, cinq des 98 filiales du groupe indien (Tata Motors, Tata Steel, Tata Consultancy Services, Tata Power et Tata Communications) qui représentent 90% du chiffre d'affaires du groupe, ont bouclé l'année fiscale (fin mars) avec plus 20 milliards de dollars de dettes. Au total, la capitalisation des 27 filiales cotées en Bourse a littéralement fondu, passant de 59,7 milliards de dollars à moins de 24 milliards en l'espace d'un an.

Comment Tata en est-il arrivé à ce niveau d'endettement ? Outre la crise et la chute de la consommation mondiale d'acier, le groupe indien fait les frais d'acquisitions payées parfois au prix fort. Le rachat auprès de Ford des constructeurs britanniques Jaguar et Land Rover pour 2,3 milliards de dollars, a été financé par un prêt relais dont les deux tiers doivent être remboursés en juin. Or, aucune source de financement n'a, pour l'instant, été trouvée.

La Nano pas rentable avant des années
Mais c'est surtout l'acquisition de Corus pour 13 milliards qui a plombé la dette. Le rachat du numéro deux mondial de l'acier, réalisé en 2007, représentait à l'époque la plus grosse opération internationale jamais réalisée par un groupe indien. Dans ce contexte, le lancement de la Nano ne pourrait-il pas lui permettre d'espérer de confortables bénéfices ? Improbable avant plusieurs années.

Pris dans une véritable révolte paysanne, le groupe indien a été contraint, fin 2008, de déménager l'usine de production de la Nano alors même que sa construction était quasiment achevée. Tata ne pourra en fournir cette année que 50 000 modèles. A 1 500 euros (hors taxes) l'unité, inutile de miser sur le fruit des ventes de la Nano pour rapidement renflouer les comptes.

La salut ne risque pas non plus de venir de Jaguar et de Land Rover : malgré les bons chiffres de ventes de la nouvelle Jaguar XF, Tata demande à Londres de lui prêter 500 millions de livres (645 millions d'euros) « pour une durée raisonnable et à un taux raisonnable », faute de quoi il menace de licencier.