Un « apéro live » a scellé l'arrivée d'Orange dans le capital de Deezer, à hauteur de 11%. A travers cette opération, l'opérateur vise rapidement 300 000 abonnés, soit dix fois plus que ceux ayant souscrit au service payant de Deezer aujourd'hui. L'offre de ce dernier sera proposée aux clients d'Orange dans la téléphonie fixe pour 5 euros de plus par mois. Dans le mobile, Deezer Premium sera intégré à certains forfaits, sans frais supplémentaire.

Deezer a longtemps été le premier site gratuit de musique en ligne en Europe, avec 10 millions d'usagers, dont la moitié rien qu'en France. Son service illimité et « à la demande » de musique dispose aujourd'hui d'un catalogue de 7 millions de titres, qu'Orange se fait fort de rendre accessible sur n'importe quel support, sans publicité et en haute qualité.

Xavier Niel, patron d'Iliad, et Steve Rosenblum, président-fondateur de Pixmania au côté de son frère Jean-Emile, ont rapidement été séduits. Le premier a investi 250 000 euros en 2007, prenant 20% des parts et valorisant Deezer 1,25 million. Aujourd'hui, il détient 15% du capital, mais le gâteau a grossi et sa participation est désormais estimée à 3 millions. Les frères Rosenblum ont été encore plus précoces, accompagnant dès le début l'aventure Deezer.

Le streaming, un modèle menacé
Reste que le modèle économique de la musique en ligne payante est menacé : Orange a ainsi renoncé au développement de WorMee, son propre service d'écoute de musique en streaming (désormais intégré à Deezer), tandis que Deezer a lâché une partie de sa sacro-sainte indépendance.

La récente faillite de Jiwa, principal concurrent de Deezer, n'est pas non plus anodine. Si l'audience n'est pas en cause, la principale difficulté vient des relations avec les ayants droit, qui demandent des minimums garantis, que les seules recettes publicitaires des sites ne peuvent payer, d'où la nécessité de disposer d'abonnés payants. Deezer, qui visait 100 000 clients payants avant la fin de l'année, n'en a récolté que 25 000…

Mais Orange reste ambitieux, ce qui devrait plaire aux actionnaires historiques. « D'ici à la fin 2011, l'objectif est de flirter avec la barre du million d'abonnés », a lancé Alice Holzman, directrice marketing de l'opérateur. Après Internet, la télévision et la téléphonie, la musique illimitée pourrait alors devenir un nouvel argument de vente et de fidélisation pour les opérateurs.

Une stratégie qui ne peut que ravir les snipers du Net que sont Niel et Rosenblum !