« Les millionnaires et les milliardaires doivent payer leur "juste part" », indiquait, le 18 septembre, le compte Twitter @BarackObama. Le lendemain, le président américain a annoncé la création d’une taxe spéciale pour les Américains les plus riches, conformément aux souhaits de son camarade milliardaire, Warren Buffett. Pour le moment, seule la cible du nouvel impôt est connue : il concernera les personnes percevant plus d’un million de dollars de revenus par an (environ 725 000 euros). Seulement 0,3% des contribuables devraient ainsi être touchés. Mi-août, dans une tribune du New York Times, Warren Buffett observait avoir été imposé en 2010 à hauteur de 17,6% de ses revenus, contre 36% en moyenne pour ses principaux collaborateurs.

« Lutte des classes » contre « mathématiques »
Plus qu’une révolution, il s’agit pour Obama d’un réajustement par rapport à la politique de son prédécesseur. George W. Bush avait sensiblement allégé la fiscalité du capital, à tel point qu’on estime qu’aujourd’hui, les revenus tirés des dividendes et intérêts sont taxés à hauteur de 15%, alors que ceux du travail sont imposés entre 10 et 35%. « Les taux d’imposition des plus riches doivent revenir à leurs niveaux des années 1990 », explique le président américain.

Mais aussi modeste qu’elle soit, la mesure a été accueillie fraichement par les députés Républicains, qui ironisent sur la volonté d’Obama de « relancer la lutte des classes » à travers une réforme jugée plus « politicienne » qu’économique. Pour Obama, « ce n’est pas la lutte des classes. C’est juste des mathématiques ! »

Une chose est sûre : le rendement de la « Buffett Rule » (« Règle Buffett ») ne suffira pas à combler l’abyssal déficit américain. Dans son allocution, Barack Obama a présenté un plan d’économies de 4 500 milliards de dollars sur 10 ans. 3 000 milliards de dollars seront mobilisés grâce à des baisses de dépenses – notamment celles liées aux assurances-santé Medicare et Medicaid – et 1 500 milliards seront drainés par la hausse des impôts. Sur les 3 000 milliards de baisse des dépenses attendues, Washington table sur 1 100 milliards d’économies militaires, avec le retrait des troupes basées en Irak et en Afghanistan.

Âpre joute en perspective
Pour la Maison Blanche, les annonces du jour sont les premiers coups d’une partie d’échec qui devrait durer au moins deux mois. Sur cette période, d’intenses négociations sont à prévoir entre Républicains et Démocrates pour que la commission mixte paritaire Sénat-Chambre des représentants parvienne à un accord. Et le dialogue sera âpre : le président républicain de la Chambre des représentants, John A. Boehner, affirmait, la semaine passée, qu’aucune hausse d’impôt ne serait envisageable dans un hypothétique compromis pour réduire le déficit.

Sans accord entre les deux grands partis avant le 23 décembre, les coupes budgétaires seront tout de même lancées au coup par coup, par chacune des agences gouvernementales, explique le New York Times (18/09).