Il avait assuré il y a peu que « la gâchette (le) démangeait » et qu’il était prêt à se servir de son « fusil à éléphant ». Fort d’un trésor de guerre de 38 milliards de dollars, Warren Buffett avait le choix et ce dernier s’est porté sur Lubrizol pour 9,7 milliards, dont 700 millions de dettes. Soit 135 dollars par action, avec une prime de 28% par rapport au dernier cours de Bourse de la cible. Les dirigeants de la société ne pouvaient pas dire non, même s’il faudra attendre vraisemblablement septembre pour recevoir le feu vert des actionnaires et des au-torités de la concurrence.

Il s’agit ni plus ni moins de la deuxième plus grosse acquisition au cours des cinq dernières années du sage d’Omaha, après la compagnie ferroviaire Burlington Northern Santa Fe, pour laquelle il avait déboursé 26,5 milliards de dollars à la fin 2009. « Lubrizol est exactement le genre d’entreprise avec lequel nous adorons nous associer », a déclaré Buffett, vantant au passage les mérites de son « talentueux » patron, James Hambrick. Ce dernier continuera naturellement à diriger l’entreprise, qui deviendra donc une filiale de Berkshire.

L’américain Lubrizol, spécialisé dans la production de polymères de spécialités et d’additifs utilisés dans l’huile de moteur, les produits pharmaceutiques et les revêtements, emploie 6 900 salariés dans 14 pays. En 2010, il a gagné 732 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires de 5,4 milliards (+18% comparé à 2009). Les perspectives d’avenir de cette société sont notoirement prometteuses, portées par une forte demande attendue dans les pays émergents et par un rebond mondial du secteur des transports, qui profitera mécaniquement au chimiste américain.

Cette acquisition cadre en tout cas très bien avec les traditionnels critères du milliardaire américain : activités rentables et prévisibles, et management de qualité. Warren Buffett poursuit ainsi son rééquilibrage vers l’industrie, un secteur qui profitera en premier de la reprise économique mondiale.