Les réunions de famille risquent d’être un peu tendues chez les Berkovitz. Charlie Fernandez, numéro deux de Fairholme, vient d’annoncer son départ, officiellement, pour « profiter de nouvelles opportunités ». Mais la division par deux de la valeur du fonds de Bruce Berkovitz (de 18 à 9 milliards de dollars) n’est sûrement pas étrangère à cette décision.

C’est au cours d’un rendez-vous galant que Bruce Berkovitz a rencontré Charlie Fernandez. Celui-ci courtisait la cousine de l’homme d’affaires. Peu de temps après, Fernandez se mariait avec la tendre cousine et emménageait près de Miami, dans la même rue que Berkovitz. A la fois voisins et cousins par alliance, les deux hommes ont sympathisé et ont commencé à parler affaires. Jusqu’au recrutement de Fernandez en 2007.

Une recrue à 2 milliards de dollars
Spécialisé dans les opérations sur les entreprises retirées de la cote, l’homme n’a pas chômé. A l’automne dernier, Fernandez pouvait se targuer d’avoir fait gagner pas moins de 2 milliards de dollars à Fairholme. Son premier fait d’armes a eu lieu lors du sauvetage de la société de crédit AmeriCredit, en 2008. Après plusieurs nuits blanches et au prix d’un embonpoint de 20 kilos, selon Fortune, l’homme a fini par trouver un montage financier particulièrement original pour éviter la faillite de l’entreprise.

En 2010, Fernandez est un des rares financiers à comprendre les ressorts techniques de la banqueroute de General Growth Properties. En deux mois, le voisin de Bruce Berkovitz achetait pour 1,8 milliard de dollars d’actions du numéro deux de l’immobilier commercial américain. Vouée quelques semaines plus tôt à la faillite, la firme était finalement remise sur pied et redynamisée par l’arrivée du financier Bill Ackman dans son tour de table.

Mais les belles années de Fairholme semblent déjà lointaines. Bruce Berkovitz a massivement investi dans les valeurs financières (AIG, Citigroup, Bank of America, and Goldmans Sachs)… qui se sont littéralement effondrées ces derniers mois. Sur AIG notamment, Bruce Berkovitz a connu un véritable trou d’air : il pariait sur un prix de revente de la part de l’Etat aux alentours de 45 dollars l’action, alors que le tarif retenu était de 30 dollars seulement.

Face à ces lourds nuages, Berkovitz n’a plus gère le cœur de partir dans des montages subtils et aventureux, spécialité de Charlie Fernandez. L’homme d’affaires s’est déclaré « déçu mais pas choqué » d’apprendre le départ de son cousin. Un brin ironique, Fortune espère pour Bruce Berkovitz que les clients de Fairholme ne suivront pas l’exemple de Fernandez.