Les traders sont de nouveau à l'affût des interventions sur le yen japonais, tandis que la saison des bénéfices américains et un congrès du parti communiste chinois au pouvoir démarrent.

Voici un aperçu de la semaine à venir sur les marchés par Kevin Buckland à Tokyo, Lewis Krauskopf à New York, et Tommy Wilkes et Dhara Ranasinghe à Londres. Graphiques par Vincent Flasseur.

1/ ACHETEUR DE DERNIER RECOURS

Sauf prolongation de dernière minute, à partir de lundi, la Banque d'Angleterre ne sera plus l'acheteur de dernier recours des obligations britanniques malmenées.

Le "mini-budget" du gouvernement du 23 septembre a provoqué l'une des plus fortes hausses jamais enregistrées des rendements obligataires britanniques, a effrayé les marchés au sens large et a déclenché une crise parmi les fonds de pension qui doivent trouver des tas de liquidités.

La BoE a été contrainte d'intervenir à plusieurs reprises pour assurer la stabilité financière, même si ces mesures sont en contradiction avec sa mission de lutte contre l'inflation en augmentant les taux d'intérêt et en vendant certaines des obligations qu'elle détient.

Le secteur des pensions a averti que les régimes ne sont pas prêts à mettre fin à l'achat d'obligations, tandis que le gouvernement a suggéré que si une plus grande volatilité s'ensuit, la faute en incombe à la BoE. Les attentes croissantes d'un revirement du gouvernement sur la plupart de ses réductions d'impôts non financées devraient mettre fin à une grande partie de la douleur. Si ce n'est pas le cas, attachez votre ceinture pour un lundi difficile.


Graphique : Les rendements des obligations d'État britanniques grimpent en flèche-

2 / TEST D'ESSES

En plus de la tourmente britannique, le malaise provoqué par une inflation élevée depuis des décennies, un choc énergétique et des hausses de taux agressives au niveau mondial mettent les marchés à l'épreuve.

Le carnage des gilts britanniques a mis en évidence les vulnérabilités du secteur des pensions, mettant en lumière les risques pour la stabilité financière. Les jours à venir verront donc une attention accrue sur d'autres points chauds possibles qui sont passés sous le radar des régulateurs.

Le FMI met en garde contre les "repricings désordonnés des actifs" et la "contagion des marchés financiers". Le gestionnaire d'actifs PIMCO estime que le Royaume-Uni ne sera probablement pas la seule source d'instabilité, ajoutant que les marchés des prêts et du crédit privé pourraient également subir des tensions.


Graphique : Volatilité du marché américain des titres à revenu fixe-

3/ SAISON DES BÉNÉFICES

La saison des bénéfices du troisième trimestre aux États-Unis se réchauffe alors que les entreprises publient leurs résultats dans un environnement opérationnel difficile en raison de la hausse du dollar et de l'inflation galopante.

Les bénéfices de l'ensemble des sociétés du S&P 500 devraient avoir augmenté de 4,1 % par rapport à l'année précédente, ce qui serait la plus faible croissance depuis le quatrième trimestre de 2020.

Mais l'attention pourrait se porter davantage sur la façon dont les dirigeants projettent l'avenir ; les estimations consensuelles des analystes prévoient une hausse de près de 8 % des bénéfices l'année prochaine, selon Refinitiv IBES, mais de nombreux investisseurs sont dubitatifs face à cette prévision, car des risques de récession se profilent.

La baisse du marché a modéré les valorisations des actions, mais une révision à la baisse des perspectives de bénéfices pourrait réduire l'attrait des actions. Les prochains rapports sur les bénéfices comprennent les résultats de Tesla, Netflix et Johnson & Johnson.


Graphique : La saison des bénéfices américains est effrayante -

4/ PAS L'ÉCONOMIE, CAMARADE

Le congrès du parti communiste chinois, qui se tient deux fois par décennie, débute dimanche. Cette assemblée à huis clos d'une semaine devrait permettre à Xi Jinping d'obtenir un troisième mandat de cinq ans sans précédent en tant que dirigeant suprême, décrochant ainsi sa place de dirigeant le plus puissant du pays depuis Mao Zedong.

Elle met Xi en position de poursuivre sa vision du "rajeunissement de la nation chinoise", qui comprend les politiques de "prospérité commune" qui ont fait tomber des mastodontes comme Alibaba et Evergrande. Le désir de placer Taïwan sous le contrôle de Pékin fait également monter les tensions avec Washington.

Quant à l'économie, Xi l'a laissée être victime d'autres priorités : la croissance ne devrait pas atteindre l'objectif de 5,5% après des blocages répétés dans le cadre du programme zéro COVID. La dernière lecture du produit intérieur brut est attendue mardi, après que la croissance se soit pratiquement arrêtée au deuxième trimestre.

Les espoirs d'un relâchement des contrôles de la pandémie lors de ce congrès pourraient s'avérer infondés, compte tenu de la manière dont Pékin a fait face à une flambée des cas juste avant en interdisant à de nombreux voyageurs des récentes vacances de la Golden Week de rentrer dans la capitale.


Graphique : La croissance économique tiède de la Chine-

5/ SURVEILLANCE DES INTERVENTIONS

Les traders surveillent à nouveau les interventions sur les devises alors que le dollar atteint de nouveaux sommets en 24 ans par rapport au yen et se dirige vers des sommets pluriannuels par rapport au yuan chinois et au won coréen.

La monnaie japonaise a frôlé les 147 pour un dollar mercredi, franchissant le creux de 145,89 qui a incité la Banque du Japon à intervenir le mois dernier pour soutenir le yen pour la première fois depuis 1998.

La Corée du Sud a également vendu des milliards de dollars au cours du dernier trimestre pour soutenir sa monnaie, alors que le won a atteint son plus bas niveau en 13 ans, juste à côté de 1 445 par dollar, le mois dernier. Malgré cela, il ne s'en est pas éloigné, frôlant les 1 440 cette semaine.

La Chine a vraisemblablement déployé des banques d'État pour vendre des dollars et amortir la chute du yuan à son plus bas niveau depuis 14 ans, et les traders s'inquiètent des mesures plus agressives à venir.


Graphique : L'histoire du Japon dans le soutien du yen- https://graphics.reuters.com/GLOBAL-MARKETS/jnpweqoqxpw/tLg3Z-japan-s-history-of-supporting-yen.png