Zurich (awp) - Sabic veut imposer une durée de mandats maximale de 12 ans pour l'ensemble des administrateurs de Clariant. Cette requête vise directement le président Hariolf Kottmann, qui siège au conseil d'administration depuis 2008 et qui entretient des relations difficiles avec le principal actionnaire du groupe bâlois.

Le géant saoudien de la chimie a déposé deux requêtes en prévision de l'assemblée générale du 7 avril, indique lundi Clariant. Saudi Basic Industries (Sabic) souhaite qu'une limitation des mandats des administrateurs soit soumise aux actionnaires, tout comme le versement d'un dividende spécial de 2 francs suisses par action.

En mai dernier, Clariant avait annoncé la suspension du dividende ordinaire de 0,50 franc par nominative au titre de 2019 en raison de l'environnement économique incertain lié au coronavirus. En juillet, il avait néanmoins versé une rémunération extraordinaire de 3 francs suisses par titre après la cession de la division de Mélanges-maîtres (Masterbatches).

Le chimiste rhénan affirme dans son communiqué que le conseil d'administration va traiter et prendre position sur ces demandes lors de la préparation de l'assemblée générale au printemps.

Au-delà de la question du dividende, Sabic semble déterminé à évincer Hariolf Kottmann, qui a dirigé le chimiste de spécialités entre 2008 et 2018 - une fonction cumulée avec celle d'administrateur - avant d'être élu à la présidence du groupe. M. Kottmann est actuellement le seul membre du conseil qui serait affecté par une limitation des mandats à 12 ans.

Les relations entre l'homme fort de Clariant et l'actionnaire principal du groupe ont connu quelques hauts et passablement de bas depuis l'arrivée de Sabic. Plusieurs médias ont rapporté dernièrement que celles-ci étaient "définitivement rompues".

Divergences stratégiques

Avec une participation de 31,5%, Sabic est l'actionnaire le plus important de Clariant. Début 2018, il avait racheté au fonds activiste américain White Tale un quart du capital-actions, puis avait renforcé sa position.

Les tensions avaient éclaté au grand jour à l'été 2019. Nommé directeur général de Clariant en octobre 2018, Ernesto Occhiello, un ex-responsable de Sabic, avait jeté l'éponge neuf mois plus tard. Le président Hariolf Kottmann a dirigé le chimiste rhénan à titre intérimaire jusqu'à la nomination début décembre de Conrad Keijzer comme nouveau patron de l'entreprise.

En toile de fond de ces événements se trouvaient des divergences "d'ordre professionnel" entre Clariant et Sabic. Après le départ de M. Occhiello, les deux groupes avaient renoncé au regroupement de certaines de leurs activités au sein d'une unité conjointe "High Performance Materials" (matériaux de haute performance).

Début décembre, Hariolf Kottmann a assuré que Sabic entendait rester actionnaire principal de Clariant. Un désengagement du groupe saoudien pourrait faire du chimiste de spécialités bâlois une cible d'acquisition.

Dans un commentaire, Vontobel se concentre principalement sur la question du dividende. La requête de Sabic pourrait faire doublon avec les réflexions menées par le groupe bâlois autour d'une rémunération spéciale destinée à compenser l'absence de dividende ordinaire au titre de 2019.

La banque de gestion zurichoise s'attend à un versement ordinaire de 0,60 franc par titre pour l'exercice 2020, mais ne table pas sur une rémunération extraordinaire.

Les annonces du chimiste de spécialités bâlois ont ravis les investisseurs. Le titre Clariant a ainsi achevé la séance sur un bond de 5,11% à 19,13 francs suisses, l'indice SLI des trente plus grosses cotations du marché helvétique terminant lui en net progrès de 1,62%.

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