FDE s’introduit sur le marché parisien en 2016 à 27€ dans un contexte boursier moribond. Les investisseurs n’y croient pas et la société passe proche d’un échec avec une valorisation, en bas de fourchette à 137 M€. Le profil de la société est alors peu rassurant, avec un chiffre d’affaires nul et dont l’introduction permettra la structuration de ses activités via la finalisation de l’acquisition de Gazonor, groupe dédié à l’exploration, l’exploitation et la vente de gaz de mines dans le Nord et l’Est de la France.

De plus, FDE n’est autre que le nouveau nom d’European Gaz SAS, société créée en 2007 et déjà propriétaire de Gazonor, avant de devoir la céder en 2011 suite à des difficultés financières. En somme, un vrai greenwashing boursier, en surfant sur la thématique des énergies bas carbone.

Cerise sur le gâteau, l’introduction sur Euronext Paris sert également à rembourser une dette de 3 M€ d’EGL UK, ancienne société mère enregistrée au Royaume-Uni. On peut dire que ça démarre mal, très mal, d’autant plus que l’on retrouve la même équipe dirigeante d’European Gaz SAS à la tête de FDE afin de poursuivre ses projets de prospection de gaz minier.

Une croissance qui peine à convaincre

Il faut attendre 2017 pour que la société publie un premier chiffre d’affaires, lié aux activités de Gazanor. Entre 2017 et 2021, FDE voit ses revenus passer de 4 M€ à 12 M€, dégageant des bénéfices dès 2019. Malgré cette réussite, le groupe semble prendre du retard sur les projets de puits en Lorraine, mettant à mal les futurs relais de croissance. En effet, depuis 2018, la demande de concession est bloquée par l’administration et le projet semble désormais compromis.

La capitalisation de la société stagne alors sur ses niveaux d’introduction, cinq ans plus tôt.

Un contexte porteur

La société a su profiter de la très forte hausse du prix de l’énergie en France et en Europe faisant suite à l’invasion de l’Ukraine. Ainsi, FDE a vu ses revenus doubler sur l’année 2022 à 26 M€. L’ambition du groupe pour l’exercice 2023 est d’atteindre 45 M€ de CA en maintenant ses marges à hauteur de 55%. La publication du CA sur les 9 premiers mois de l’exercice 2023 (correspondant aux mois de juin 2022 à mars 2023, le groupe clôturant ses comptes au 30/06) ressort à 31,7 M€. Malgré le retour à la normale sur le marché de l’énergie, FDE semble en capacité de remplir ses objectifs grâce à la sécurisation de 75% des volumes et de 60% des prix de vente au sein de ses contrats jusque 2024. Il s’agira de surveiller lors de la prochaine publication, le 20 juillet, les conséquences de la baisse des cours du gaz et de l’électricité depuis mars.

La forte croissance a permis à la société d’accélérer ses investissements dans ses activités de gaz de mines et d’énergie solaire. L’acquisition de Cryo Pur en 2022 permet au groupe de développer la production de bio-GNL. Ainsi, entre 2020 et 2022, les flux d’investissement de la société sont passés de 2,4 M€ à 13,6 M€.

FDE affiche désormais son ambition d’atteindre 100 M€ de CA en 2026, avec un taux de marge sur EBITDA de 50%. Cet objectif demandera un investissement massif avec pour cible 100 MW de production solaire et 100 MW à partir de gaz de mines (contre respectivement 15 et 50 MW en 2023). FDE profite de l’essor de la finance verte dès 2021 afin de financer ces projets et émet 40 M€ d’obligation verte, confortant ainsi son statut d’acteur clef de la transition énergétique en France.

L’année 2022 fut un très bon cru pour les actionnaires de FDE, avec un pic à 61,40 € à l’été, soit un doublement du cours par rapport à 2021. En raison de sa forte corrélation avec les prix du gaz, le cours s’est dégradé en 2023 en raison de la fin des tensions sur l’approvisionnement en Europe.

Evolution du cours de FDE

Mise en évidence de la corrélation du cours de FDE et du gaz

Les annonces mi-mai concernant de potentielles réserves records d’hydrogène dans les sous-sols exploités par FDE ont relancé l’intérêt des investisseurs sur le titre. La spéculation autour de ces annonces a permis au titre de reprendre 25%, à 50€, en dépit de la chute continue des cours du gaz.

Ruée vers l'or blanc

Mi-mai, le groupe annonce en grande pompe la découverte de réserves records d’hydrogène naturel, dit « blanc » dans un de ses puits en Lorraine. En effet, les mesures menées par des chercheurs du CNRS, en partenariat avec FDE ont mis en lumière un potentiel de 8 fois la consommation annuelle française sur le bassin lorrain. Des demandes de permis sur trois autres puits du groupe sont en cours et devraient permettre des mesures plus précises sur l’étendue des réserves exploitables par le groupe.

Si cette découverte se confirme, le bassin houiller lorrain sera alors l’un des premiers gisements d’hydrogène naturel, mais également le plus conséquent. Une véritable aubaine pour FDE, mais également pour l’Etat français, en quête de souveraineté énergétique.

Après être sorti de l’euphorie de l’annonce de la découverte de ressources naturelles sur le sol français, événement très rare, qu’en est-il pour FDE ? Puisqu’en l’état, les techniques conventionnelles d’extraction et production de gaz ne sont pas adaptées, il s‘agira pour FDE et les chercheurs du CNRS de développer de nouveaux outils.

Si l’eldorado existe, il est bien loin et demandera à la société de nombreux investissements au cours des prochaines années. Le dossier reste cependant risqué en raison de la forte dépendance du financement des projets du groupe aux cours de l’énergie très volatiles. En effet, malgré les émissions obligataires, 60% de l’investissement est financé grâce aux marges exceptionnelles des deux dernières années. Ainsi, malgré une sécurisation de ses contrats jusqu’en 2024, le retour à la normale sur le marché de l’énergie pourrait obliger le groupe à revoir ses ambitions à la baisse.

FDE devra également faire ses preuves sur sa capacité à rentabiliser ses investissements dans le solaire et le Bio-GNL. Ces activités ne correspondent qu’à 3% du CA des 9 mois premiers mois de l’exercice 2023, les investisseurs devront attendre les prochaines publications afin de constater l’impact sur les comptes de l’exploitation des 15 MW d’énergie solaire installés en 2023 ainsi que l’intégration de Cryo Pur au sein du groupe.