Solutions 30 (-8,04% à 9,84 euros) figure de nouveau parmi les plus fortes baisses de l’indice SBF 120. Il s’agit de tout sauf d’un hasard si le fonds activiste Muddy Waters est reparti à l’attaque au lendemain de l’annonce par le groupe d’une forte croissance organique au quatrième trimestre. Elle a atteint 17% pour 238,3 millions d'euros de revenus, portant la croissance interne de Solutions 30 sur l’année à 14% pour 814,7 millions d'euros de ventes.

Dans une nouvelle lettre rendue publique, Muddy Waters évoque des soupçons de blanchiment d'argent impliquant un associé du spécialiste des services multi-techniques de proximité, Federico Salmoiraghi, présenté comme l'un de ses principaux partenaires commerciaux en Italie et en Europe de l'Est.

Lors d'une conférence téléphonique avec les analystes, la direction de Solutions 30 a précisé qu'il s'agissait simplement d'un sous-traitant opérant un centre d'assistance, qui n'apportait aucune contribution aux revenus du groupe.

Selon Muddy Waters, le spécialiste des services multi-techniques de proximité détenait une participation minoritaire dans la société de Federico Salmoiraghi, Remote 30 Eastern Europe. Si Solutions 30 a possédé par le passé une part de cette société, a reconnu le management lors de ce call, ce n'était plus le cas actuellement.

S'agissant de la fermeture des comptes bancaires en 2020 en Roumanie en raison de soupçons de blanchiment d'argent, Solutions 30 a déclaré ne pas avoir été au courant de cette information. La direction a ajouté que cette information serait examinée par l'audit extérieur actuellement en cours.

" Deloitte qui dirige cette mission et s'appuie sur Didier Kling Expertises et Conseil pour la partie comptabilité, audite l'ensemble des allégations soulevées et mène toutes les investigations nécessaires " avait rappelé Solutions dans sa communication de lundi. Son résultat sera connu au premier trimestre, a répondu la direction à un analyste cet après-midi.

Solutions 30 a rapidement réagi à la nouvelle lettre de Muddy Waters, réfutant " catégoriquement les allégations visant la société, contenues dans ces lettres et, devant leur gravité, a décidé de porter plainte pour diffamation ".

Si Muddy Waters parie sur la baisse de Solutions 30, il est loin d'être le seul. Selon des données IHS Markit, Solutions 30 est le titre le plus emprunté parmi les valeurs françaises. Au dernier pointage, les emprunts représentent 12,65% des actions en circulation.

Lundi, le fonds activiste avait accusé la société de manipuler ses comptes, entraînant une nouvelle chute de l'action. Un rapport anonyme dévoilé début décembre cherchant "à démontrer des liens troubles entre l'entreprise et le crime organisé en Italie" avait entrainé un décrochage de plus de 60% du titre en quelques jours. Les dernières interventions de Muddy Waters ont provoqué un nouvel affaissement du titre.

" Nous pensons que S30 manipule ses comptes pour gonfler de manière trompeuse la croissance organique et la rentabilité publiées " expliquait lundi Muddy Waters. A la différence de ses communications de fin d'année dernière, il précise dans cette lettre publique, quels sont les éléments l'ayant poussant à adopter une position vendeuse sur Solutions 30.

Le fonds activiste demandait à Gianbeppi Fortis de répondre de " manière directe " à ses interrogations concernant ses acquisitions fréquentes de " coquilles vides ", mais également de clarifier ses méthodes pour calculer sa croissance organique et pour déterminer son niveau de trésorerie et d'endettement.