(Actualisé avec déclarations de Rousseau et Gaillot)

AGEN, Lot-et-Garonne/PARIS, 25 janvier (Reuters) - Le Premier ministre, Gabriel Attal, annoncera vendredi "des mesures de simplification" en faveur des agriculteurs dont le mouvement de revendication s'étend en France avec "un niveau d'attente vraiment très très fort".

"Les décisions sont très attendues (...) et doivent être très au niveau", a réagi le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, présent à un barrage d'agriculteurs sur l'A6 à Nitry (Yonne).

Le chef du gouvernement a réuni jeudi matin le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, et le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, pour discuter des réponses à apporter aux doléances des agriculteurs français.

"L'objectif est de porter demain lors d'un déplacement des propositions concrètes de mesures de simplification qui seront annoncées par le Premier ministre avec le ministre de l'Agriculture", rapporte le ministère de l'Agriculture dans une déclaration à la presse, sans plus de précisions.

A moins de cinq mois des élections européennes, le gouvernement, sous pression, s'emploie à contenir la fronde agricole, potentiellement déstabilisatrice. La FNSEA a affirmé mercredi que le mouvement gagnerait "près de 85 départements" d'ici vendredi.

Les agriculteurs, qui dénoncent notamment la précarisation de leur métier, la flambée des charges et une inflation de normes environnementales communautaires, multiplient les opérations en France, où plusieurs axes routiers sont bloqués.

Une agricultrice et sa fille ont été tuées mardi sur un barrage en Ariège, fauchées par une voiture.

Vinci Autoroutes fait état de nombreuses perturbations jeudi matin dans un communiqué, prévenant de l'extension des blocages "à de nouveaux secteurs". Des coupures sont signalées sur l'A7, l'A9, l'A61, l'A62, l'A20, l'A63, notamment.

A Agen (Lot-et-Garonne), des membres des Jeunes Agriculteurs (JA) ont déversé du lisier sur la façade et le plafond d'un supermarché Leclerc, qui a cédé, selon un photographe de Reuters sur place.

La FNSEA, premier syndicat agricole a adressé mercredi à Gabriel Attal une série de demandes, au premier rang desquelles des aides "immédiates" qu'elle chiffre à "plusieurs centaines de millions d'euros".

"La détermination est vraiment totale, le niveau d'attente est vraiment très très fort", a souligné Arnaud Rousseau lors d'un point de presse sur le barrage de Nitry.

"La balle est dans le camp du gouvernement", a ajouté à ses côtés Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs, précisant qu'"il n'y a rien de négociable".

Prié de dire quand les agriculteurs suspendraient leur mouvement, ce dernier a répliqué : "Demandez à Gabriel Attal quand les blocages seront levés, c'est lui qui a les clefs."

Dans un communiqué, la FNSEA et le syndicat des Jeunes agriculteurs jugent nécessaires une aide d'urgence pour les "secteurs les plus en crise" (viticulture et agriculture biologique) et le lancement d'un "chantier de réduction des normes".

Ils réclament en outre un moratoire sur l'interdiction des pesticides, le paiement des aides PAC ("Politique agricole commune") immédiatement, l'accélération des projets de stockage d'eau et le retrait de l'arrêté "Plan eau" de 2021 qui encadre les prélèvements d'eau par les agriculteurs en cas de sécheresse.

"La difficulté majeure pour les paysans, (...) c'est celle du revenu, de la rémunération de notre travail et de pouvoir vendre nos produits à des prix qui couvrent nos coûts de production", a souligné jeudi matin sur TF1 Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne qui a rejoint le mouvement.

La menace d'une "montée" des manifestants sur Paris, brandie par des organisations agricoles départementales, inquiète les autorités.

Le président de la FDSEA de l'Oise, Régis Desrumaux, a déclaré jeudi sur BFM TV que des agriculteurs du département seraient "certainement aux portes de Paris demain ou samedi" au volant de leurs tracteurs.

"Personne n'a intérêt à l'escalade", a déclaré mercredi le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.

Il a précisé sur France 2 que des actions à Paris n'étaient pas une option à "ce stade", tout en soulignant ne rien exclure.

"Si les choses ne devaient pas être entendues, si finalement il y avait une forme de mépris ou une forme d'incapacité à répondre à nos questions, les choses pourraient évoluer", a-t-il dit.

"Toutes les possibilités sont sur la table", a renchéri jeudi Arnaud Gaillot. (Rédigé par Sophie Louet, avec la contribution de Nacho Doce à Agen, Tassilo Hummel à Paris, édité par Jean-Stéphane Brosse)