Paris (awp/afp) - Thales a affiché une rentabilité opérationnelle record en 2019, portée notamment par une "solide dynamique commerciale" dans le secteur Défense et Sécurité, malgré une activité dont la faible croissance devrait perdurer en 2020.

Le bénéfice opérationnel courant (Ebit) a "franchi pour la première fois la barre des deux milliards" à 2,008 milliards d'euros, s'est félicité Patrice Caine, PDG du groupe de technologies de défense, lors d'une conférence téléphonique.

Selon les résultats annuels publiés mercredi, la marge opérationnelle atteint 10,9%, soit une progression de 0,3 point par rapport à l'année précédente. Le bénéfice net est en hausse de 14% à 1,122 milliard d'euros.

"La performance opérationnelle s'améliore mais jamais au détriment de la préparation de l'avenir", a plaidé Patrice Caine, mettant en avant des dépenses de recherche et développement de 1,1 milliard d'euros en 2019 (+24,8%).

A 14H10, l'action Thales progressait de 2,6% à 93,5 euros dans un marché orienté à la baisse.

Le groupe a toutefois connu une activité en faible progression. Le chiffre d'affaires, dont la prévision avait été révisée en baisse en octobre, augmente de seulement 0,8% à périmètre et taux de change constants, à 18,4 milliards d'euros. Il progresse de 16,1% en prenant en compte Gemalto, racheté en avril.

Si le secteur Défense et Sécurité, qui représente 45% de l'activité, a crû de 6,4%, les ventes des divisions Aérospatial et Transport ont chuté respectivement de 4,2% et 5,8%, toujours à périmètre et change constants.

"Après trois années de croissance supérieure à 5%, le chiffre d'affaires marque une pause, suite au ralentissement du marché spatial commercial et à une base de comparaison exceptionnellement élevée dans le Transport", explique Patrice Caine dans un communiqué.

Le spatial enregistre notamment une contraction de 13% de son chiffre d'affaires en raison du "ralentissement du marché des satellites de télécommunications commerciaux combiné à la fin de certains projets militaires", indique Thales.

La signature de contrats au quatrième trimestre pour la fourniture de trois satellites géostationnaires de télécoms pourrait toutefois présager d'une reprise du marché, sur lequel Thales revendique 30% de parts (40% en valeur).

L'incertitude coronavirus

Thales a finalisé le 2 avril l'acquisition du fabricant de cartes à puce Gemalto pour 4,6 milliards d'euros, et entend constituer un géant mondial de l'identification et de la protection des données.

Le chiffre d'affaires de la division "Identité et Sécurité numériques" qui en résulte s'est élevé à 2,55 milliards d'euros, "en ligne avec les attentes".

Sur l'année, les prises de commandes du groupe se sont élevées à 19,1 milliards d'euros, en hausse de 19% (2% en organique), portées par "un quatrième trimestre commercialement très dynamique".

Elles permettent d'afficher un ratio "book-to-bill" (prises de commandes sur chiffre d'affaires, qui mesure le renouvellement du carnet de commandes) de 1,04 après 1,01 en 2018.

"C'est un bon indicateur de la croissance future du groupe", a estimé M. Caine.

"Notre feuille de route d'ici 2023 reste inchangée, focalisée sur la génération de croissance rentable dans la durée", affirme-t-il, en dépit de "plusieurs facteurs d'incertitude" en 2020.

L'impact du coronavirus sur les marchés et les fournisseurs de Thales est "limité à ce stade, a-t-il dit, évoquant également comme facteurs d'incertitudes les "guerres commerciales entre blocs" ou l'impact de la crise du Boeing 737 MAX, "minimal pour Thales mais qui concerne le secteur aéronautique", client du groupe.

Pour ces raisons, Thales table sur une progression limitée de son chiffre d'affaires pour 2020, compris dans une "fourchette plus large que les autres années", de 19,0 à 19,5 milliards d'euros, soit moins de 2% de croissance à périmètre constant. Patrice Caine dit compter sur une "reprise de la croissance à partir de 2021".

Thales prévoit une marge opérationnelle en 2020 comprise entre 10,8% et 11,0%. Celle-ci se serait élevée à 10,6% l'an dernier si Gemalto avait été intégré dans les comptes dès le premier trimestre 2019.

Thales, qui compte 80.000 salariés, en a recruté 6.500 dans le monde en 2019, dont 2.500 en France. Avec les recrutements prévus en 2020, "on aura embauché en 5 ans 25.000 à 30.000 personnes, ce qui est représentatif du développement du groupe", s'est félicité Patrice Caine.

afp/rp