PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le ton monte encore entre Suez et Veolia. Le président-directeur général de Veolia, Antoine Frérot, a accusé mercredi Suez d'avoir organisé son propre "dépeçage", tandis que Suez a indiqué avoir saisi l'Autorité des marchés financiers (AMF) afin de contrer l'offre d'achat de son concurrent.

Veolia a dévoilé fin août une proposition visant à racheter 29,9% du capital de son concurrent détenus par Engie. Cette proposition court jusqu'au 30 septembre. Le groupe de services aux collectivités compte ensuite lancer une offre publique d'achat sur l'ensemble des actions Suez en circulation, au même prix de 15,50 euros par titre.

Auditionné mercredi matin par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, le président de Suez, Philippe Varin, a dénoncé l'"ultimatum" fixé par Veolia, précisant que son groupe avait besoin de "quelques semaines" pour présenter des offres alternatives de rachat de la participation d'Engie.

"Je ne vois pas pourquoi Engie accepterait un ultimatum de quatre semaines sur un sujet aussi fondamental", a-t-il déclaré.

Veolia maintient son calendrier

Philippe Varin a par ailleurs indiqué que Suez avait saisi l'Autorité des marchés financiers (AMF) en début de semaine au motif que l'offre de Veolia ne respecte pas l'égalité de traitement des actionnaires. "A notre connaissance un collège va se tenir très prochainement sur ce sujet", a précisé Philippe Varin. Selon lui, la structuration de l'offre en deux étapes, avec l'acquisition d'un premier bloc de 29,9% suivie d'une OPA soumise à l'approbation des autorités de la concurrence, crée une incertitude qui pourrait peser sur la valeur de l'entreprise.

Contactée par l'agence Agefi-Dow Jones, une porte-parole de l'AMF s'est refusée à tout commentaire.

Auditionné dans la foulée par la commission des Affaires économiques, le PDG de Veolia, Antoine Frérot, a exclu de repousser la date butoir de son offre à Engie et mené une charge contre le plan de cessions d'actifs de Suez présenté cette année.

"Chaque jour qui passe, Suez vend une nouvelle activité [...] Sur les 90.000 salariés de Suez, 13.000 ont été vendus depuis un mois et demi. Combien en restera-t-il à Noël ?", a-t-il demandé.

"De plus Suez a annoncé qu'avec l'argent de ces ventes, ils allaient verser des dividendes exceptionnels à leurs actionnaires, en plein Covid, au moment où les entreprises se serrent les coudes. Il y a donc urgence à arrêter cette hémorragie et cette politique de la terre brûlée", a-t-il ajouté.

Suez a dévoilé mardi une mise à jour de son plan stratégique à l'horizon 2030, qui prévoit 3 à 4 milliards d'euros de cessions d'actifs, des économies annuelles de 1,2 milliard d'euros à compter de 2023 et la redistribution d'au moins 2 milliards d'euros aux actionnaires d'ici à la fin 2022.

L'emploi toujours en question

Les actionnaires salariés de Suez et d'Engie ont appelé mercredi l'Etat et le conseil d'administration d'Engie à surseoir à toute décision sur la proposition de Veolia. "L'intérêt social du projet pour nos entreprises respectives nous semble loin d'être avéré", ont déclaré les actionnaires salariés dans un communiqué. "Il s'agit ici d'une opération financière mal préparée, préjudiciable pour les actionnaires comme pour les salariés qui, une fois de plus, subiront, sans être consultés, la double peine du marché", ont-ils déploré.

Reconnaissant que le projet d'acquisition de Suez "inquiète" et "questionne", en raison notamment des cessions d'actifs qu'il implique en France, Antoine Frérot a néanmoins défendu un projet "100% français" offrant les meilleures garanties sur l'emploi.

Un porte-parole d'Engie s'est refusé mercredi à tout commentaire sur la demandes des actionnaires salariés.

-François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: LBO

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