KAMPALA, 28 septembre (Reuters) - L'examen et l'adoption par le gouvernement ougandais d'une loi anti-homosexualité parmi les plus sévères au monde a déclenché un torrent de violences contre les personnes LGBTQ, commis pour la plupart par des individus isolés, ont déclaré jeudi des groupes de défense des droits de l'homme.

La loi, promulguée en mai, prévoit la peine de mort pour certains actes commis par des personnes de même sexe. Au moins six personnes ont été inculpées en vertu de cette loi, dont deux accusées d'avoir commis l'infraction d'"homosexualité aggravée" passible de la peine capitale.

Selon un rapport de la coalition Convening for Equality(CFE), ce sont des individus isolés qui sont à l'origine de la plupart des attaques commises à l'encontre de personnes LGBTQ cette année - y compris la torture, le viol, l'arrestation et l'expulsion.

Cela montre que la loi, ainsi que la rhétorique homophobe qui a précédé son adoption, ont radicalisé l'opinion publique, estime CFE.

Le rapport indique en outre que les arrestations à l'instigation de la foule sont devenues de plus en plus courantes "parce que la loi a mis les personnes LGBTIQ+ sur la sellette en tant que personnes d'intérêt, et que le public semble être le gardien de son application et de la chasse aux sorcières".

Entre le 1er janvier et le 31 août, les chercheurs ont recensé 306 violations des droits, dont seulement 25 étaient commises par l'Etat: une inversion des constats établis par les rapports de 2020 et 2021, selon lesquels les acteurs étatiques étaient responsables de près de 70% de toutes atteintes recensées.

Les auteurs du rapport ont indiqué avoir recensé 18 cas où la police a procédé à des examens anaux forcés sur des personnes placées en garde à vue, afin de recueillir des "preuves" de leur homosexualité.

"Survivre à un examen anal forcé par la police est quelque chose qui vous habite pour toujours", a déclaré l'un des survivants, cité dans le rapport.

Le ministre ougandais de l'Information, Chris Baryomunsi, n'a pas fait de commentaire.

Le porte-parole de la police, Fred Enanga, a déclaré qu'il n'avait pas encore lu le rapport et qu'il n'était pas en mesure de le commenter.

Le rapport précise en outre que ses statistiques ne peuvent être considérées comme exhaustives, compte tenu des difficultés rencontrées par les personnes LGBTQ à signaler ces violations. (Version française Mariana Abreu, édité par Blandine Hénault)