Le FMI prévoit de désigner d'ici à la fin juin le successeur de Dominique Strauss-Kahn, démissionnaire après son inculpation aux Etats-Unis pour agression sexuelle présumée. Les candidatures peuvent être déposées depuis lundi et jusqu'au 10 juin.

L'Europe semble décidée à présenter la candidature de Christine Lagarde, qui a déjà reçu le soutien explicite de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne et de l'Italie.

Mais plusieurs pays émergents souhaitent rompre avec la tradition, en vigueur depuis la création de l'institution, qui veut que le poste échoie au Vieux Continent. Le Mexique prévoit ainsi de présenter la candidature du gouverneur de sa banque centrale, Agustin Carstens.

La France veut pourtant croire à ses chances, a laissé entendre François Baroin.

"Ce qui est en train de se dessiner, c'est un consensus", a-t-il dit sur Europe 1. "L'Europe traverse une crise, l'euro nécessite notre attention: nous devons avoir des Européens" à la direction du FMI.

"Les Chinois sont favorables à la candidature de Christine Lagarde", a assuré le porte-parole du gouvernement, également ministre du Budget et considéré comme le successeur probable de la ministre de l'Economie si elle devait partir pour Washington.

"PRUDENCE ET HUMILITÉ"

A Pékin, le ministère chinois des Affaires étrangères a dit n'être pas compétent pour commenter l'information. Un conseiller de la banque centrale chinoise avait auparavant déclaré à Reuters que le FMI devait donner plus de poids aux pays émergents.

De son côté, le Premier ministre, François Fillon, s'est montré plus circonspect lors d'une réunion du groupe UMP de l'Assemblée nationale.

"Rien n'est encore acquis, il faut évoquer cette candidature avec prudence et humilité", a-t-il dit selon des propos rapportés par plusieurs participants.

"Mais c'est un sujet de fierté pour nous qu'Angela Merkel, David Cameron et Barack Obama réclament la candidature de Christine Lagarde", a-t-il ajouté.

Angela Merkel a qualifié samedi la ministre française de "personnalité d'excellence" tout en soulignant la nécessité de discuter avec les pays émergents. Côté britannique, le ministre des Finances, George Osborne, a jugé que son homologue française serait la "meilleure" candidate. Mais les Etats-Unis n'ont pour l'instant pas clairement exprimé leur position publiquement.

Pour François Baroin, "si un Français peut sur son nom, ou une Française, définir un consensus européen soutenu par les Chinois et éventuellement soutenu par les Américains, on ne pourra que s'en féliciter".

"Mais nous ne voulons adresser aucun geste qui pourrait être interprété comme une forme de mépris vis-à-vis des pays émergents et aucun geste signe d'arrogance, compte tenu des circonstances actuelles", a-t-il ajouté.

Prié de dire si Christine Lagarde serait bien candidate, il a répondu: "C'est encore trop tôt pour le dire".

Lundi, l'intéressée avait déclaré qu'il était "prématuré" d'évoquer la question, tout en la jugeant "intéressante".

Marc Angrand et Emile Picy, édité par Patrick Vignal