WASHINGTON, 17 novembre (Reuters) - Donald Trump va réduire drastiquement la présence militaire des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan d'ici le terme de son mandat sans ordonner cependant un retrait total des forces américaines, a annoncé mardi le Pentagone.

Le nombre de soldats américains déployés en Afghanistan va être ramené de 4.500 à 2.500. En Irak, un demi-millier de soldats américains vont être rapatriés, laissant environ 2.500 militaires sur le terrain.

Donald Trump, même s'il a été déclaré battu par Joe Biden lors de l'élection du 3 novembre, conserve l'intégralité de ses prérogatives présidentielles d'ici à la prestation de serment de son successeur, fixée au 20 janvier de l'année prochaine.

Par tradition, les présidents sortants s'abstiennent de prendre des décisions majeures durant cette transition, mais Trump refuse de reconnaître sa défaite. Sa personnalité et son rapport aux règles et aux codes sont un autre élément de nature à l'écarter de la norme.

"Nous craignons l'imprévisible", confiait récemment un responsable d'un gouvernement allié de Washington.

Donald Trump, qui demeure commandant en chef des forces armées tant qu'il est président, avait menacé dans un tweet https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1313984510749544450?s=20 publié début octobre d'ordonner un retrait total des troupes américaines déployées en Irak et en Afghanistan d'ici Noël.

Il n'est pas allé jusque là. Pour autant, ce retrait partiel pourrait fragiliser les pourparlers de paix engagés sur le théâtre afghan avec les insurgés taliban et amoindrir la capacité à répondre aux menaces en Irak.

La France, où le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo se trouvait ces derniers jours, avait fait savoir la semaine passée via son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qu'elle n'était pas favorable à un retrait unilatéral des forces américaines présentes dans ces deux pays.

DES ÉLUS RÉPUBLICAINS DE POIDS DÉNONCENT UNE "ERREUR"

"D'ici au 15 janvier 2021, nos forces, leur taille en Afghanistan, sera de 2.500 soldats. La taille de nos forces en Irak sera de 2.500 à la même date", a déclaré Christopher Miller, secrétaire provisoire à la Défense que Trump a installé la semaine dernière après avoir limogé Mark Esper.

"Cela est cohérent avec nos plans établis et nos objectifs stratégiques, soutenus par le peuple américain, et ne correspond pas à un changement de la politique américaine ou de ses objectifs", a-t-il ajouté.

S'exprimant pratiquement au même moment, Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, a mis en garde contre les risques associés à tout changement majeur de la politique étrangère et de défense des Etats-Unis dans les prochains mois.

"Il est extrêmement important qu'ici, dans les mois à venir, il n'y ait pas de bouleversements en ce qui concerne la défense ou la politique étrangère", a-t-il dit, ajoutant qu'"une diminution précipitée (du nombre de soldats américains) en Afghanistan ou en Irak serait une erreur."

A la Chambre des représentants, Mac Thornberry, principal membre républicain de la commission des Services armés, a jugé pareillement que cette réduction des effectifs militaires était une "erreur" qui allait, dans le cas de l'Afghanistan, nuire aux négociations en cours entre Kaboul et les taliban.

Même analyse pour Ronald Neumann, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Kaboul, qui met en garde: "Si nous nous retirons plus vite que le calendrier de retrait, il n'y aura côté taliban aucune incitation à négocier."

Les Etats-Unis et les taliban ont signé en février dernier à Doha au Qatar un accord prévoyant le retrait des troupes américaines d'Afghanistan d'ici mai 2021 en échange de garanties sécuritaires de la part des insurgés.

Mais le niveau de violences s'est accru en Afghanistan, où des attaques menées par des taliban contre des capitales provinciales ont conduit dans certains cas à des frappes de l'aviation américaine.

En Irak, quatre roquettes se sont abattues mardi soir dans la Zone verte, centre fortifié de Bagdad qui abrite bâtiments gouvernementaux et missions diplomatiques étrangères. (Phil Stewart et Idrees Ali avec Richard Cowan version française Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André)