Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a fini en forte baisse jeudi (-2,13%), plombée par des résultats d'entreprises en deça des attentes puis des indicateurs économiques mauvais, rappelant la dureté de la crise économique.

L'indice CAC 40 a perdu 105 points à 4.852,94 points, dans un volume d'échanges nourri de 4,6 milliards d'euros, bien supérieur aux derniers jours. La veille, il avait fini en hausse de 0,60%.

La cote Parisienne a toujours évolué en baisse, perdant jusqu'à 3% dans l'après-midi.

Les marchés ont subi "une prise de conscience" de la situation économique, un "retour à la réalité" selon Lara Nguyen, experte en investissements financiers au sein de Milleis Banque.

Au delà des anticipations, "qui restent des chiffres abstraits", les données du jour "assoient la prise de position sur le fait que la pandémie a de réelles conséquences sur la situation économique", développe-t-elle.

Le PIB américain a chuté de 32,9% au deuxième trimestre en rythme annualisé, une baisse historique bien que légèrement inférieure aux prévisions des analystes. Par rapport au deuxième trimestre 2019, la baisse est de 9,5%.

Autre donnée négative venant des Etats-Unis, les nouvelles demandes hebdomadaires d'allocations chômage ont une nouvelle fois augmenté à 1,43 million la semaine dernière, un nombre supérieur aux attentes des analystes.

En Europe, l'Allemagne a annoncé une chute historique de 10,1% de son produit intérieur brut au second trimestre, sa pire récession de l'après-guerre.

En France, certaines grandes entreprises cotées sur l'indice CAC 40, telles que Renault, Danone, Eramet, Casino ont publié jeudi matin des résultats préoccupants, et accusent de lourdes pertes.

"Il est clair que les investisseurs pensent qu'une reprise économique soutenue et généralisée ne sera pas possible tant qu'une solution sanitaire à la pandémie de Covid-19 ne se profilera pas à l'horizon", écrit l'équipe de recherche et de stratégie de SPDR.

Ces éléments ont "fait oublier" les conclusions de la réunion de la fédérale réserve américaine, pourtant "accueillies favorablement" par les marchés à leur annonce mercredi, relève Mme Nguyen.

La Fed a assuré qu'elle maintenait ses taux dans une fourchette de 0 à 0,25%, et ce "jusqu'en décembre 2020", relate l'experte.

A ces chiffres mauvais, s'est ajouté un tweet du président américain Donald Trump, évoquant pour la première fois l'hypothèse d'un report de l'élection, mettant en avant, sans la moindre preuve, des risques de fraude liés à l'épidémie de Covid-19.

Renault perd plus de 9%

Plusieurs valeurs ont affiché des pertes impressionnantes après la publication de leur résultat.

Renault s'est effondré de 9,26% à 21,77 euros. Le constructeur automobile a subi au premier semestre la perte nette la plus lourde de son histoire, à 7,3 milliards d'euros, plombé par son partenaire japonais Nissan et la crise sanitaire. Il a en outre renoncé à une prévision de résultat pour 2020.

Dans son sillage, Peugeot a perdu 4,80% à 14,09 euros.

Unibail-Rodamco-Westfield a chuté de 8,78% à 44,06 euros, marqué par une chute de 14,2% de ses revenus semestriels après avoir dû fermer de nombreux centres pendant le pic de la crise sanitaire.

Danone a été fortement pénalisé (-5,38% à 57,02 euros) par un chiffre d'affaires en recul de 8,3%.

Le secteur bancaire a également souffert : Société générale a cédé 5,07% à 13,17 euros, Crédit Agricole 4,69% à 8,24 euros et BNP Paribas 3,97% à 34,38 euros. Côté assurances, Axa a reculé de 3,65% à 17,21 euros.

Le luxe a aussi été fortement touché, dans le sillage des résultats d'Hermès, qui a perdu 3,40% à 711 euros. LVMH a reculé de 3,44% à 373,85 euros et L'Oréal de 1,63% à 282,50 euros.

Sur le SBF 120, Eramet (-17,06% à 23,10 euros) et Casino (-13,12% à 22,64 euros), ont été plombés par leur résultat.

En revanche, Téléperformance s'est extirpé de la mauvaise tendance grâce à une croissance organique plus forte que prévu et des perspectives commerciales favorables. Le titre a progressé de 5,52% à 250,30 euros.

Safran a aussi fini largement dans le vert après ses résultats, avec une hausse de 3,90% à 94,24 euros. Le titre a emmené Airbus (+1,87% à 63,34 euros) dans son sillage.

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