Le contexte : déconfinement et plans de relance redonnent espoir aux investisseurs

Les marchés d’actions ont poursuivi leur tendance haussière en juin. La moitié de la baisse de 40% enregistrée lors du krach Covid, d’une durée d’un mois, a été effacée en l’espace de 3 mois. Les mesures de soutien prises par les gouvernements et la BCE, les indicateurs économiques (activité, emploi, publications des sociétés…) plutôt rassurants et quelques espoirs de vaccins compensent largement les risques sanitaires liés au Covid.

Le rattrapage des valeurs cycliques début juin (financières, aéronautique en tête) ont favorisé une surperformance du CAC 40 par rapport aux small & midcaps mais globalement les indices évoluent au diapason depuis le début de l’année, en retrait d’une quinzaine de pourcents à la mi-juillet après un passage par -37% en clôture le 18 mars.

Evolution des indices petites(rouge), moyennes(noir) et grandes (vert) valeurs françaises depuis le 1er janvier 2020

Le graphique suivant montre que sur les 5 dernières années, horizon classique pour juger de la performance des entreprises cotées, les performances sont stables, toutes capitalisations confondues.

Enfin, sur les 10 dernières années, les petites et moyennes valeurs restent en territoire positif avec une nette surperformance des valeurs moyennes (indice CAC Mid & Small en noir ci-dessous, CAC en vert).

Dans ce contexte de rebond, les fonds de petites et moyennes valeurs voient leurs encours progresser au rythme de leur performance, la collecte étant presque nulle en juin.

Source : Portzamparc

Revue des meilleurs fonds Small Caps à la fin du mois dernier   

(Source : Quantalys, reporting mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedette à travers notre tableau synthétique.

De façon générale, nous remarquons :

  • Une nette surperformance de la sélection depuis le début de l’année avec une performance moyenne de -7% contre des indices de références français ou européens autour de -17%. La baisse maximum est de -13% et certains fonds sont même dans le vert à fin juin. Le stock-picking, le biais croissance, l’allocation sectorielle et géographique, ainsi que la capacité la gestion du taux d’investissement expliquent la différence.
  • La plupart des fonds de la sélection est en effet surpondérée en valeurs IT/Santé qui pèsent pour plus de 50%, et en valeurs de croissance en général.
  • Si certains gérants ont opéré de nombreuses opérations dans leur portefeuille avant l’été les taux d’investissement sont restés à des niveaux très élevés, à part chez les deux premiers fonds de la sélection qui gardent une quinzaine de % de disponibilités comme à leur habitude.

De façon plus particulière, nous notons que :

  • Chez Ostrum, le gérant d’Euro PME expose sa vision de la crise. "Cette profonde crise économique devrait avoir une durée anormalement courte (4 mois), pour trois raisons : elle n’est pas causée par des déséquilibres financiers ; les politiques budgétaires sont très généreuses (au prix d’un fort endettement public) ; les politiques monétaires le sont aussi et sont coordonnées. Les ménages (malgré une hausse du chômage) et les entreprises devraient donc sortir relativement protégées de cette crise."

C’est pourquoi il reste optimiste sur les actions "et notamment sur les petites capitalisations qui surperforment lors des reprises économiques" tout en restant "prudent sur le secteur aérien et tourisme qui seront les plus lents à repartir". Il table durablement sur "l’essor de l’économie en ligne : commerce, services, paiements, télémédecine, crédit et assurance en ligne" et pense que "les vainqueurs de la crise seront les sociétés avec de bons bilans, pouvant supporter quelques mois sans cash-flow et éventuellement acheter pour rien des concurrents en difficulté". Ce qui pourrait être le cas dans le secteur des moyens de paiement avec le démantèlement de Wirecard "qui a menti sur ses comptes". Une position de longue date du fonds que le gérant a dû céder. Consolation pour Daniel Dourmap ce mois-ci : l’offre publique sur Mediawan, occasion de sortir du dossier.

  • Chez Amundi Europe Microcaps, Patrice Piadé a vu son investissement dans la société de recherche biopharmaceutique Inventiva gagner près de 220% après avoir annoncé que son traitement Lanifibranor contre la Nash avait montré son efficacité lors des résultats de son étude clinique II b. Le gérant en a profité pour s’alléger. D’autre valeurs du secteur de la santé tirent la performance, à l’image de Pharmagest Interactive et LNA Santé, très présentes dans les fonds de notre sélection. Parmi les déceptions, Bigben Interactive a pesé sur la performance "suite à l’annonce de la perte de la licence WRC, une des grosses franchises de Nacon. Le groupe annoncera toutefois son line up en juillet pour les prochains trimestres". A noter que le gérant d’Amundi, qui rentre rarement de nouvelles valeurs, a initié une nouvelle position en Pierre & Vacances "suite à la forte chute du titre et aux perspectives encourageantes en termes de reprise des activités touristiques".
  • Alors qu’il a profité de deux OPA (sur Envea et Mediawan), Pluvalca Initiatives PME a initié de nouvelles lignes : "Fnac-Darty suite à de bons chiffres sur la consommation dans la phase de déconfinement, Solutions 30 qui devrait profiter d’un rattrapage sur le second semestre et bénéficier de la poursuite des investissements dans les infrastructures de télécommunications et des bornes de recharge des véhicules électriques, LDLC qui après quelques années difficiles retrouve la bonne trajectoire et devrait profiter du confinement sur le début de son exercice et Generix dont la crise fait ressortir les besoins en digitalisation de la logistique. En contrepartie, Virbac,Kaufman&Broad et Cogelec ont été cédés". Le fonds profite également de l’envolée phénoménale de McPhy qui a gagné un gros contrat et profite de l’IPO de Nikola au Nasdaq. Les gérants, qui ont reçu des messages "prudemment optimistes" de la part des dirigeants des sociétés rencontrées, sont 100% investis.
  • Amplegest PME, dont le gérant nous fera peut-être un jour l’honneur d’une interview, nous partage son analyse sur deux valeurs du fonds. Nous aurions tort de vous en priver, alors les voici dans leur intégralité :

"Fountaine Pajot (4,8% du fonds ndlr) a livré d’excellents résultats. Avec une croissance de l’activité de +20% (période de septembre 2019 à février 2020), le résultat opérationnel à triplé à 8M€ relevant la qualité de l’exécution industrielle de la société. Au regard de cette nouvelle performance, la division par trois du cours de bourse depuis deux ans est difficilement explicable, d’autant que la valorisation est très raisonnable (4,5x ROC 2021). Grâce à sa situation bilancielle saine et à une certaine agilité au niveau de sa structure de coûts, la société a largement les moyens d’affronter deux années difficiles. Cela dit, si la crise sanitaire rend les perspectives de cette année plus difficiles (nous attendons une baisse d’activité de l’ordre de -20%), nous ne pensons pas qu’elle remette en question les perspectives de l’année prochaine. Au contraire, elle pourrait favoriser les formes de voyages isolés et privés."

"Focus Home (3,4% du fonds ndlr) a également publié des résultats de grande qualité. Le résultat opérationnel est ressorti en croissance de +36% porté par la très forte progression du back catalogue (l’industrie du jeux vidéo est bien devenue récurrente grâce à la digitalisation). Sur des aspects plus qualitatifs, l’éditeur a annoncé la fin de son partenariat avec Giants (studio en charge du développement du jeu Farming Simulator) sans que cela remette en question les guidances à moyen terme. Nous pensons que c’est une bonne nouvelle car cela confirme que la société dispose d’un pipeline très fourni pour les trois prochaines années et cela écarte une trop grosse dépendance à un seul jeu (Farming Simulator a représenté jusqu’à 50% du CA). Enfin, l’éditeur annonce l’acquisition du studio allemand Deck 13 lui permettant de détenir plus d’IP en propre".

A noter que le fonds bénéficiera en juillet de l’OPA sur une de ses grosses positions (5,6%) depuis longtemps : Devoteam (prime de 29,5%).

Pour terminer, voici quelques informations complémentaires sur la dizaine de fonds de petites valeurs sélectionnés.

Vous pouvez également lire l’interview de la gérante du mois, Emilie da Silva. Elle gère le fonds Nova Europe.

Les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions) et leur forte pondération en valeurs françaises capitalisant moins d’un milliard d’euros (minimum 20% du fonds).

On y remarque que le style de gestion "croissance" ou "growth" domine largement la sélection et que le nombre de titres en portefeuille varie facilement du simple (40 valeurs) au double (80 valeurs).

GLOSSAIRE : LES STYLES DE GESTION

Le style de Gestion "Croissance" ou "Growth" privilégie les valeurs de croissance. Ces valeurs sont choisies pour leur fort potentiel de développement, en mettant au second plan leur valorisation boursière au regard du chiffre d’affaires et des résultats actuellement réalisés. Ces sociétés sont en effet souvent populaires et chères car leurs perspectives sont élevées et leur valorisation anticipe une poursuite de la croissance des bénéfices. Les plus belles valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre régulièrement des parts de marché par croissance organique ou externe.

Secteurs surreprésentés : la technologie, la santé. Ex. de valeur de croissance : Eurofins, Orpéa, Interparfums …Typiquement, leur PER dépasse les 20x.

Le style de Gestion "Valeur" ou "Value" privilégie les valeurs décotées, mal valorisées, et souvent mal-aimées. Les gérants se focalisent alors sur les chiffres publiés, plus rassurants que des prévisionnels incertains par nature. Les valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre des parts de marché par croissance organique ou externe.

Secteurs surreprésentés : les valeurs cycliques, l’automobile, les bancaires, la construction. Ex. de valeur : Quadient, Hexaôm, Plastiques du Val-de-Loire, ALD, Ipsos … Typiquement, leur PER est inférieur à 10x.

Le style de Gestion "GARP" ou Growth At Reasonable Price ou Croissance à prix raisonnable, cherche à trouver un juste milieu entre les deux, à dénicher des valeurs de croissance certes, mais pas à n’importe quel prix.

Ex. de valeur : Figeac Aéro, SII, Vétoquinol … Typiquement, leur PER se situe entre 10x et 20x.

Finissons par une citation de Warren Buffet : "Mieux vaut acheter une entreprise extraordinaire à un prix ordinaire qu’une entreprise ordinaire à un prix extraordinaire."