Zurich (awp) - Le spécialiste des rayons-X Comet a émis vendredi un nouvel avertissement sur ses résultats annuels, après celui annoncé en été. Dans un communiqué, le groupe fribourgeois évoque une érosion de la demande plus forte qu'anticipé dans un environnement marqué par les incertitudes économiques et géopolitiques. La sanction des investisseurs ne s'est pas faite attendre.

Le recul des commandes et partant, celui des ventes, "différents transferts" dans la palette de produits, ainsi que des coûts uniques liés à la mise en oeuvre d'un programme d'efficience dans les activités de rayons-X plus élevés que prévu, vont plomber la rentabilité pour l'exercice en cours.

La direction de Comet a raboté ses prévisions 2018 à 430-440 millions de francs suisses pour le chiffre d'affaires, contre 440-460 millions jusqu'ici, et à 7-9% pour la marge brute d'exploitation (Ebitda), après 10-12%. Début juillet, la barre était encore fixée à 460-490 millions et 14-16%.

L'Ebitda ne devrait ainsi pas dépasser les 40 millions de francs suisses - son niveau de 2014 - alors qu'il avait atteint une valeur record de 63,4 millions en 2017. Toujours l'année dernière, le groupe avait réalisé un chiffre d'affaires frôlant les 440 millions.

Pas de suppressions de postes en vue

Le directeur général (CEO) René Lenggenhager explique cet ajustement par le repli plus fort que prévu des commandes dans le secteur des semi-conducteurs. A cela s'ajoute un essoufflement dans plusieurs autres secteurs susceptibles de compenser cette baisse, comme par exemple l'industrie automobile.

"Le climat des affaires s'est plus fortement détérioré que ce que nous avions anticipé en août", a déclaré le patron de Comet lors d'une téléconférence.

La direction a d'ores et déjà pris des mesures supplémentaires afin d'endiguer le déficit, comme par exemple la réduction du nombre de travailleurs temporaires sur le site de Flamatt. En revanche, pas de chômage partiel ou de suppression de postes en vue, a assuré le dirigeant.

Dans la division des traitements de surface (Ebeam), le groupe a actionné le frein d'urgence et annoncé en juillet la fermeture du site de Davenport aux Etats-Unis.

Toutefois, les coûts uniques et le manque à gagner devraient déboucher sur un Ebitda négatif à hauteur de 20 millions de francs suisses pour ladite unité en 2018, qui devrait pouvoir être ramenée autour de 5 millions en 2019.

Selon M. Lenggenhager, le situation devrait s'améliorer dès l'année prochaine, avec notamment la non récurrence des 17 millions liés à la restructuration qui vont plomber l'exercice 2018. La communauté financière est de son côté restée sceptique.

Un nouvel avertissement sur bénéfices et l'abaissement de la barre en termes de rentabilité pour l'exercice en cours, deux mois et demi à peine après le dernier coup de rabot, est un nouveau coup dur pour la crédibilité de Comet, estime Reto Amstalden, de Baader Helvea.

Fantasmes envolés

Les fantasmes de croissance se sont envolés, image dans son commentaire la Banque cantonale de Zurich (ZKB) déplore l'essoufflement de la demande d'autres secteurs susceptibles de compenser la dynamique déjà souffreteuse des semi-conducteurs.

Plus téméraire, Vontobel recommande l'achat du titre mais place sous révision négative son objectif de cours à 128 francs suisses, dans l'attente d'une baisse substantielle des estimations des analystes pour l'exercice en cours.

Ce dont Comet a cruellement besoin pour apaiser le marché est une orientation claire à l'horizon 2020/21, qui fait encore actuellement défaut, selon la banque privée zurichoise.

A la Bourse, l'action Comet a chuté de 7,7% à 95,50 francs suisses, avec un plus bas à 88,25 et dans un SPI en recul de 0,22%.

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