Il n'y a pas beaucoup de temps pour se remettre de la fête du Nouvel An : la publication la plus surveillée de l'économie américaine et les données clés sur l'inflation dans la zone euro sont inscrites au calendrier de la semaine à venir, ce qui laisse présager un début d'année 2024 très chargé.

L'euphorie des marchés financiers pourrait bientôt être mise à l'épreuve, alors que les espoirs de voir les grandes banques centrales commencer à réduire leurs taux d'intérêt sont grands, et que le calendrier d'une hausse des taux de la Banque du Japon reste en ligne de mire.

Voici un aperçu de la première semaine de négociation de la nouvelle année avec Kevin Buckland à Tokyo, Yoruk Bahceli à Amsterdam, Ira Iosebashvili à New York et Dhara Ranasinghe à Londres.

1/ BOUCLES D'OR, RESTEZ DANS LES PARAGES

La santé du marché de l'emploi américain est cruciale pour évaluer si le scénario Boucles d'or se poursuit jusqu'en 2024, ce qui place le rapport de décembre sur les emplois non agricoles sous les feux de la rampe.

La croissance économique s'est ralentie et l'inflation a diminué, ce qui a alimenté une hausse massive des actifs et permis à la Réserve fédérale d'envisager de nouvelles baisses de taux pour 2024. Dans le même temps, l'économie n'a guère montré que les mois de resserrement de la politique monétaire entraînaient une grave récession.

Des signes d'écart par rapport à ce scénario - sous la forme d'une croissance de l'emploi excessivement forte ou d'une chute soudaine de l'emploi - pourraient ébranler la confiance des investisseurs dans un atterrissage en douceur.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que l'économie américaine crée 158 000 emplois en décembre, contre 199 000 en novembre.

2/ LA SURPRISE DE L'INFLATION ?

Malgré la joie des marchés, les données publiées vendredi devraient également montrer que l'inflation dans la zone euro a augmenté en décembre pour la première fois depuis le mois d'avril.

Selon un sondage Reuters, l'inflation devrait passer de 2,4 % en novembre à 3 % en décembre, mettant fin à une chute brutale de l'inflation qui avait été inférieure aux prévisions pendant trois mois consécutifs.

Les économistes estiment que cette hausse est en grande partie due aux mesures de soutien à l'énergie prises il y a un an, en particulier en Allemagne, où le gouvernement a pris en charge les factures de gaz des ménages, ce qui a permis de réduire la "base" à laquelle les prix de décembre 2023 sont comparés.

Les investisseurs devront donc examiner les données pour évaluer l'évolution des pressions actuelles sur les prix. Toute surprise à la hausse découragerait les traders qui s'attendent à plus de six baisses de taux de la BCE d'un quart de point en 2024.

La bonne nouvelle : l'inflation de base, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, devrait continuer à baisser. La mesure la plus étroite devrait tomber à 3,4 %, ce qui serait le taux le plus bas depuis mars 2022.

3/ SIGNE D'ALERTE

Ce qui monte doit redescendre.

L'exubérance des baisses de taux signifie que les marchés commencent la nouvelle année sur les chapeaux de roue - les actions sont à leur plus haut niveau depuis plus d'un an, les rendements des obligations d'État sont à leur plus bas niveau depuis plusieurs mois.

L'autosatisfaction est peut-être trop forte compte tenu des risques géopolitiques élevés, des perspectives d'augmentation des défauts de paiement des entreprises et des élections clés, à commencer par celle de Taïwan le 13 janvier.

L'indice VIX, bien connu pour mesurer la peur des marchés, a atteint en décembre son plus bas niveau en trois ans, et l'indicateur de volatilité des marchés du Trésor MOVE est bien en deçà du pic atteint en mars.

La confiance des investisseurs sera mise à l'épreuve dans les jours à venir. Et si une nouvelle année est l'occasion de réfléchir à l'année écoulée, n'oubliez pas les coups de théâtre (crise bancaire, guerre Hamas-Israël, résultats des élections en Argentine) qui en ont surpris plus d'un.

4/ FAUCON CACHÉ ?

Les paris sur la fin imminente de la politique de taux négatifs de la Banque du Japon ont été repoussés en décembre, lorsque celle-ci a maintenu une position résolument dovish.

Pourtant, le gouverneur Kazuo Ueda, qui a un penchant pour l'inattendu, a offert une bouchée alléchante aux faucons, en déclarant que "de manière générale", la sortie de la politique de relance pourrait inclure un élément de surprise.

Ainsi, alors que le message de surface continue d'être celui de la patience, confirmé par les données montrant que les pressions inflationnistes diminuent, les commentaires de la BOJ avant sa réunion du 23 janvier sont au centre de l'attention.

En fait, dans une interview du 27 décembre, M. Ueda a de nouveau laissé entendre que les résultats des négociations salariales de printemps n'étaient pas essentiels à un changement de cap hawkish, et que "beaucoup d'informations" pourraient être glanées lors de la réunion des directeurs de succursales régionales de la BOJ à la mi-janvier.

5/ MÊME OBJECTIF, PLUS GRAND DÉFI

L'économie chinoise étant en bonne voie pour atteindre l'objectif de croissance de 5 % fixé par Pékin en 2023, les conseillers du gouvernement semblent confiants dans l'idée d'atteindre le même objectif en 2024.

Cependant, le problème est qu'il n'y aura pas de comparaison annuelle aussi flatteuse avec l'effondrement du COVID en 2022.

Cela signifie que les décideurs politiques devront faire des choix difficiles, notamment en ce qui concerne l'endettement, alors que Pékin s'efforce de passer d'un développement axé sur la construction à une croissance alimentée par la consommation.

Les investisseurs, qui s'attendent à de nouvelles mesures de relance, suivront de près l'actualité chinoise dans les prochains jours. La demande intérieure reste timide et le marché de l'immobilier, où 70 % de la richesse des ménages est stockée, est au bord de l'effondrement.

Les objectifs officiels de croissance ne seront pas annoncés avant le mois de mars, mais les mesures qui seront prises d'ici là en diront long sur la stratégie de la Chine - et sur les risques d'une dégradation de sa notation par Moody's.