PARIS, 18 octobre (Reuters) - Des rassemblements sont prévus ce dimanche en France, notamment place de la République à Paris, pour rendre hommage à Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité vendredi près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, quelques jours après avoir présenté en classe des caricatures de Mahomet dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression.

Qualifié par Emmanuel Macron d'"attentat terroriste islamiste caractérisé", ce meurtre a suscité une vive émotion à travers le pays et réveillé le souvenir de l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015, dont le procès se déroule en ce moment à Paris.

Un hommage national sera rendu mercredi au professeur.

Son meurtrier présumé, un réfugié russe d'origine tchétchène âgé de 18 ans, a été abattu peu de temps après son attaque par des policiers.

Samuel Paty a été tué après une campagne menée sur les réseaux sociaux par le père d'une élève l'accusant d'avoir "insulté" l'islam et son prophète. Abdelhakim Sefrioui, membre du conseil des imams de France, a alors apporté son soutien au père de l'élève sur Twitter.

Dès samedi, des centaines de personnes, notamment des élèves accompagnés de leurs parents, des enseignants ou de simples habitants, sont venus exprimer leur émotion et leur solidarité devant le collège du Bois de l'Aulne où enseignait Samuel Paty.

Certains arboraient des pancartes avec les inscriptions "Je suis Samuel" ou "Je suis enseignant", à l'image du slogan "Je suis Charlie" qui s'était répandu en France et dans le monde après l'attaque de janvier 2015 contre la rédaction de l'hebdomadaire à la suite de la publication de caricatures de Mahomet.

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, a annoncé qu'un travail serait fait à partir de la rentrée des vacances de la Toussaint auprès des élèves de l'ensemble du pays pour leur rappeler "la chance d'être un enfant de France, la chance d'être à l'école de la République, la chance aussi de pouvoir vivre en démocratie et en République".

Dans une interview au Journal du Dimanche, le Premier ministre, Jean Castex, dit ne pas exclure que le projet de loi sur le séparatisme, qui doit être présenté en décembre au Conseil des ministres, soit complété. Sur le plan de la sécurité, il affirme travailler sur une "stratégie de riposte" et des "actes concrets" pour protéger un enseignant lorsqu'il subit des menaces.

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron présidera un conseil restreint de défense ce dimanche à l'Elysée.

Au niveau de l'enquête, les policiers cherchent à déterminer si le meurtrier a bénéficié d'éventuelles complicités et une 11e personne a été mise en garde à vue, a-t-on appris dimanche de source judiciaire.

Parmi ces personnes interpellées depuis vendredi soir figurent des membres de sa famille ou de son entourage mais aussi le père de l'élève auteur des messages hostiles contre Samuel Paty, a précisé samedi le procureur antiterroriste Jean-François Ricard. (Rédaction de Paris, édité par Bertrand Boucey)