Les investisseurs font leurs emplettes sur le marché en début d'année, en profitant d'un effet d'aubaine lié à la baisse des indices en 2022 et d'un contexte inflationniste moins pénalisant pour la conduite de la politique monétaire future. En Europe, le Stoxx Europe 600 a affiché une performance hebdomadaire de 1,8%, après avoir repris 4,6% lors de la première semaine de l'année. Les gains 2023 se chiffrent déjà à 6,5%. Côté Wall Street, le S&P500 s'est adjugé 2,7% en semaine deux après un gain de 1,5% en semaine un. Soit 4,2% en 2023. Parmi les grands indices, c'est le MSCI China qui se distingue le plus en s'adjugeant 12,1% depuis le 1er janvier. Car l'autre thème de prédilection des investisseurs au début de l'année, c'est le réveil chinois. Objectivement, cela fait plusieurs années que la Chine est censée redevenir un eldorado pour investisseur et que les espoirs sont douchés. Pékin souffle un peu plus le chaud que le froid ces derniers temps, ce qui explique le retour en grâce de Hong Kong, Shanghai et Shenzhen chez les financiers. Le retour du goût pour le risque est aussi visible dans les actifs infréquentables. Les cryptomonnaies ont fini par emboîter le pas des actions en passant de moins de 17 000 USD au début de l'année à plus de 21 000 quinze jours plus tard en ce qui concerne le Bitcoin.

Les marchés surfent aussi sur ce que j'appelle la narration des extrêmes. Le monde est ainsi fait que les prévisions les plus audibles sont aussi les plus tranchées. Si je vous dis "L'année 2023 sera un peu incertaine, les entreprises auront accès à moins de financement, l'immobilier va un peu se contracter, mais finalement ça va tenir, les choses vont rentrer dans l'ordre progressivement et les marchés vont un peu monter", je serais peut-être proche de la réalité, mais est-ce que ça intéresse quelqu'un ? Alors que si je dis "Les prix de l'énergie vont exploser, le conflit russo-ukrainien va se propager, l'inflation va s'insinuer partout et plusieurs marchés, comme l'immobilier, le crédit à haut rendement et les cryptomonnaies, vont s'effondrer", ça a déjà plus la gueule d'un bon film catastrophe. On a aussi l'extrême inverse. "L'inflation baisse plus vite que prévu. La récession dont tous les économistes parlent, c'est de la connerie. Les banques centrales vont tranquillement pouvoir recommencer à baisser leurs taux en fin d'année. Etc., etc.".

Or en ce début d'année, plusieurs prévisions négatives et spectaculaires ont été balayées :

  • Le chaos énergétique européen promis n'a pas eu lieu, et peu importe si c'est seulement grâce à la météo (laquelle préfigure des tourments bien plus grands à l'avenir, mais c'est un autre problème).
  • Le maintien d'une inflation élevée n'est plus d'actualité, en tout cas pour le moment.
  • Les bénéfices des sociétés n'ont toujours pas l'air de s'effondrer.
  • Et la récession pronostiquée par les économistes a bien du mal à se concrétiser.

Ce décalage entre la narration et la réalité a créé une brèche dans laquelle les investisseurs se sont rués au début de l'année. C'est plutôt légitime, mais c'est fait avec excès évidemment, puisque les excès marchent dans les deux sens.

Cette troisième semaine de l'année hébergera quelques publications de résultats annuels, même si le rythme n'est pas encore très soutenu (il accélèrera singulièrement la semaine suivante). Parmi les résultats de la semaine, côté grosses capitalisations, Rio Tinto, Morgan Stanley, Goldman Sachs, BHP Group, Procter & Gamble et Netflix sont sur les tablettes. Mais aussi EQT, Lindt, Repsol, Sandvik et Ericsson. Et à l'étage du dessous en Europe, Esker, Virbac, Vétoquinol, Belimo, Argan, Huber+Suhner et Zehnder. La semaine débute par un jour férié lundi aux Etats-Unis (journée dédiée à Martin Luther King). Les temps forts macroéconomiques comprennent la première estimation du PIB chinois du 4e trimestre 2022 (mardi) et une double statistique américaine mercredi : les ventes de détail et les prix à la production de décembre. Côté banques centrales, la date de mercredi est aussi cerclée de rouge avec une décision de politique monétaire de la Banque du Japon et un discours de Christine Lagarde. C'est aussi la semaine du forum économique mondial de Davos (du 16 au 20 janvier), qui a un peu de mal à retrouver la place qui était la sienne il y a encore quelques années.

En Asie-Pacifique ce matin, le Japon souffre de la vigueur récente du yen, avec un Nikkei 225 qui abandonne 1,1%. C'est mieux en Australie, où l'ASX200 gagne 0,8% au terme de la première séance de la semaine. La Chine est mitigée, avec de beaux gains sur le continent mais une baisse de 0,4% à Hong Kong. Les indicateurs avancés européens sont encore haussiers quoique proches de l'équilibre. Le CAC40 gagne finalement 0,24% à l'ouverture, à 7040 points.

Les temps forts économiques du jour

Il n'y aura pas d'indicateur macroéconomique majeur aujourd'hui. Tout l'agenda ici.

L'euro se renforce encore à 1,0858 USD. L'once d'or atteint 1921 USD. Le pétrole remonte de quelques cents, avec un Brent de Mer du Nord à 84,54 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79,27 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 3,50%. Le bitcoin se réveille à 21 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Abrdn : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 215 GBp.
  • Airbus : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 120 EUR.
  • Atlas Copco : RBC passe de performance sectorielle à sousperformance.
  • Autostore : DNB démarre le suivi à vendre en visant 18 NOK.
  • Burckhardt : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 470 à 568 CHF.
  • DWS : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 40 EUR.
  • Essity : Handelsbanken passe de conserver à acheter.
  • Getlink : Barclays abaisse son objectif de cours de 18 à 16 EUR.
  • MAN Group : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 285 GBp.
  • Novo Nordisk : Handelsbanken passe de vendre à conserver.
  • Orange : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 10 EUR.
  • Rational AG : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 670 EUR.
  • Sartorius AG : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 512 à 493 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 464 446 EUR.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 271 à 292 CHF. Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 305 à 295 CHF.
  • SKF : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 123 à 145 SEK.
  • Tate & Lyle : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 780 à 800 GBp.
  • Ypsomed : Credit Suisse passe de neutre à surperformance en visant 235 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus se retire du panel américain chargé d'examiner la culture de sécurité chez Boeing.
  • TotalEnergies approuve la décision finale d'investissement pour un projet au Brésil.
  • La réponse des pouvoirs publics aux atteintes aux droits des résidents des Ehpad en France "n'est pas à la hauteur", estime la défenseure des droits, après le scandale Orpea.
  • Innate Pharma fait état de données sur les cellules NK publiées dans Nature Biotechnology.
  • Crypto-Blockchain Industries émet de ABSA pour se financer.
  • Biosynex distribuera le système de détection du Covid de Credo Diagnostic au Royaume-Uni.
  • Theradiag a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Ineos va racheter 750 M$ d'actifs d'adjuvants à Sika dans le cadre du rachat de MBCC.
  • Le Credit Suisse va supprimer 10% de ses banquiers d'affaires européens, selon le FT.
  • UBS met l'accent sur les Etats-Unis et l'Asie.
  • Marks and Spencer va ouvrir de nouveaux magasins et créer 3 400 emplois au Royaume-Uni.
  • Covestro publie une perte inattendue en 2022.
  • Bayer se plaint de son mauvais traitement en Europe et se tourne vers les Etats-Unis.
  • J Sainsbury et Just Eat Takeaway collaborent dans la livraison au Royaume-Uni.
  • ITM Power a averti que ses revenus seront inférieurs aux prévisions, avec une perte EBITDA plus élevée.
  • Le CEO de Temenos démissionne après un trimestre décevant.
  • Décès de l'ancien PDG de Volkswagen Carl Hahn, à 96 ans.
  • Webuild remporte une commande de 218 M$ en Floride.
  • QinetiQ remporte un contrat de 80 M£ auprès du ministère britannique de la défense.
  • Eni et Chevron font une nouvelle découverte de gazz dans une concession au large de l'Égypte.
  • Novo Nordisk obtient le feu vert de la FDA pour l'utilisation en première ligne de la pilule contre le diabète chez les adultes.
  • Neste boucle l'achat d'une unité de collecte et d'agrégation d'huiles de cuisson usagées aux États-Unis.
  • Moody's relève la perspective de la notation crédit Aa3 de Zurich Insurance.
  • Les chars allemands Leopard pour l'Ukraine ne seront pas prêts avant 2024, selon Rheinmetall.
  • Principales publications du jour : Rio Tinto, RepsolTout l'agenda ici.

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