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(Easybourse.com) Mercredi 18 novembre, l'université de Paris Dauphine organisait une conférence inaugurale de son diplôme sur les principes et pratiques de la finance islamique. A l'honneur, de multiples experts nationaux et internationaux sur le sujet, parmi lesquels Olivier Pastré, Professeur d'économie à l'Université de Paris VIII, membre du Cercle des économistes et coauteur du rapport Jouini-Pastré sur la finance islamique remis à Paris Europlace.

Ci-dessous le verbatim de son intervention.

La crise renforce l'intérêt de la finance islamique. Cette finance est basée sur un principe qui est le partage des risques. Or c'est le non partage de risque qui est à l'origine de la crise financière.
La finance islamique est par ailleurs fondamentalement mutualiste. Or la banque mutualiste a montré une meilleure résistance face aux perturbations de ces deux dernières années que la banque capitaliste.
Il y a un boulevard pour la finance islamique.

Aujourd'hui, le marché représente environ 700 milliards de dollars. C'est presque le marché des subprimes. Cela mérite que l'on s'y intéresse. Le marché devrait représenter 1300 milliards à l'horizon 2020.

Un intérêt mutuel

Il est intéressant pour la France d'encourager le développement  de la finance islamique à plusieurs titres. Cela peut contribuer à faciliter le financement à long terme de l'économie, peut permettre de créer des emplois qualifiés, favoriser l'exposition du pays dans la zone du Moyen Orient, ou encore en Asie du Sud est.

La France est intéressante pour la finance islamique. Ce pour trois raisons. Cela permet à la finance islamique massivement opérée à partir de Londres de diversifier ses risques. Le développement en France autorise également la diversification de l'expertise. Nous avons une communauté de recherche en matière de finance de qualité unique dans le monde.
Enfin, l'essor de la finance islamique en France l'amène à un meilleur positionnement par rapport à l'euro, une monnaie qui structurera le système monétaire international à l'avenir.

Paris contre Londres, la bataille fait rage

Je vois au moins cinq arguments en faveur de Paris. Tout d'abord l'existence d'un droit romain plus proche du droit islamique que ne l'est a priori le droit anglo-saxon.
Ensuite, une expérience ancienne et confirmée de partenariat avec des opérateurs travaillant dans les régions où la finance islamique se développe. La population musulmane est trois fois plus nombreuse en France qu'en Grande Bretagne. Nous avons qui plus est, selon la Banque des règlements internationaux, un système bancaire plus solide qu'outre Manche. Enfin, nous disposons d'une plateforme technologique, NYSE Euronext, plus internationalisée que celle de Londres.

Il y a donc un potentiel majeur de développement de la finance islamique en France.

Un article est paru dans le journal La Tribune intitulé «La finance islamique peine en France». Je trouve ce titre véritablement non pertinent.
Les autorités publiques se sont saisies du dossier. Sur les dix réformes proposées, cinq ont soit été faites soit sont très avancées. Le gouvernement a clairement décidé de mettre en place les moyens juridiques de développer la finance islamique sans avoir un désavantage concurrentiel par rapport à d'autres places.

Au demeurant, le droit avance moins rapidement que les salles de marché.

Les banques françaises doivent être plus dynamiques

Il manque selon moi deux éléments importants. En premier lieu, la communication. Il faut expliquer, convaincre que la place de Paris est bien positionnée pour devenir un hub de la finance islamique en Europe. En outre, il faut que les banques françaises soient plus dynamiques. Elles sont très opérationnelles sur la finance islamique mais à l'extérieur de nos frontières.  Il faudrait que les pouvoirs publics les incitent à développer la finance islamique intra muros.

Propos retranscrits par Imen Hazgui

- 19 Novembre 2009 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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