par Howard Schneider et Ann Saphir

BIRMINGHAM, Alabama,/SAN FRANCISCO, 16 février (Reuters) - Q uand la Réserve fédérale a adopté le mois dernier une approche "patiente" en matière de politique monétaire, elle n'a pas précisé combien de temps durerait une éventuelle pause dans le resserrement, ni combien de fois elle entendait relever encore ses taux cette année.

Cette semaine, après des chiffres décevants des ventes au détail et de la production manufacturière qui suggèrent que la croissance des Etats-Unis ralentira davantage qu'attendu, les choses ont commencé à se clarifier.

Deux décideurs de la banque centrale, Raphael Bostic et Patrick Harker, qui président respectivement la Fed d'Atlanta et celle de Philadelphie, ont dit tous deux prévoir une hausse de taux cette année tandis que Mary Daly, présidente de l'antenne de San Francisco, disait qu'il n'y en aurait peut-être aucune.

D'autres responsables qui se sont exprimés dans la semaine ont été plus prudents et il faudra attendre la réunion monétaire des 19 et 20 mars pour savoir à quel point ces vues sont partagées par l'ensemble des 17 décideurs de la Fed.

Dans ce contexte, les interventions du président de la Fed Jerome Powell devant les deux chambres du Congrès, les 26 et 27 février, seront suivies avec une grande attention sur les marchés.

En décembre dernier, lorsque la Fed avait relevé les taux pour la quatrième fois en 2018, la plupart des décideurs de la banque centrale prévoyaient deux hausses de taux en 2019, mais la situation paraît avoir changé.

DES INDICATEURS INQUIÉTANTS

"Si l'économie évolue comme je le prévois, avec une croissance à 2%, une inflation à 1,9% et pas d'indication d'une accélération de la pression sur les prix, je pense que les conditions pour une hausse de taux (en 2019) ne seront pas réunies", a ainsi déclaré Mary Daly dans une interview au Wall Street Journal.

Une hausse de taux serait toutefois appropriée si la croissance ou l'inflation repartaient à la hausse de manière inattendue, a-t-elle ajouté.

Raphael Bostic a répété pour sa part vendredi qu'il n'y avait aucune urgence à relever les taux. Il a ajouté prévoir cette année une croissance de 2,3% à 2,5%, soit plus faible que l'an dernier mais supérieure selon lui au potentiel de l'économie réelle, ce qui pourrait laisser la place à une hausse de taux.

Les responsables de la Fed disent depuis un moment qu'ils voient la croissance ralentir cette année avec la dissipation des effets des dépenses budgétaires et des réductions d'impôts.

Ces prévisions ont été cependant compliquées ces derniers mois par des signes d'un ralentissement de la croissance globale et des turbulences sur les marchés financiers américains.

Les annonces, jeudi, d'un net recul des ventes au détail et d'une augmentation inattendue des inscriptions hebdomadaires au chômage sont venues assombrir un peu plus le tableau, justifiant davantage le discours prudent de la Réserve fédérale.

(Patrick Vignal pour le service français)