La semaine boursière sera terminée ce soir pour la plupart des places occidentales, qui resteront fermées pour le vendredi de Pâques. Cette séance de jeudi sera aussi la dernière du trimestre, ce qui m'autorise à faire un pré-bilan. Les indices se sont globalement bien comportés, en particulier le DAX allemand et le S&P500 américain, à créditer d'un gain de 10%. L'indice large américain devrait même connaître son meilleur démarrage trimestriel depuis 2019, si la séance du jour ne part pas en cacahuète. Hors marchés très volatiles à cause de devises hyperactives (Argentine, Turquie), les extrêmes trimestriels sont à chercher du côté du Japon, où le Nikkei 225 a gagné plus de 21%. Et de la Chine, où Hong Kong et Shanghai affichent un bilan légèrement négatif. Les marchés asiatiques auront droit à une ultime séance demain, puisque les cloches n'apportent pas de chocolat aussi loin. Pour en revenir aux marchés européens, le CAC40 français a gagné 9% depuis le début de l'année, le SMI suisse 5,5% et le Bel20 environ 3%.

Cette fin de semaine antérieure à la coupure pascale est marquée par de nombreuses publications de résultats de valeurs moyennes à Paris. Les plus sérieuses se sont déjà exécutées, celles qui ont quelque chose à cacher ou pas grand-chose à espérer le feront ce soir après la clôture.

Autre fait important de la journée, la glissade du yen sur un plus bas de 34 ans, tout près de 152 JPY pour 1 USD. Et là, vous vous dites : pourquoi c'est important la glissade du yen ? Pour être honnête, je ne sais pas trop, mais les tribulations du yen tiennent régulièrement en haleine les commentateurs parce que la devise japonaise est le cœur de la pratique du carry trade, qui permet à de nombreux fonds de faire de la marge en profitant de l'opportunité offerte par l'emprunt d'une monnaie à faible taux d'intérêt. Toute secousse sur le yen est donc scrutée de près. Et comme les niveaux actuels avaient déjà déclenché une intervention de la Banque du Japon il y a 18 mois, le curseur de vigilance a été relevé.

Enfin, pas de quoi faire monter l'aversion au risque des investisseurs, dont la libido pour les actions est toujours forte. D'ailleurs, la mesure du risque a du plomb dans l'aile, et je vais essayer de vous expliquer pourquoi sans perdre tout le monde en route. En bourse, l'outil préféré des financiers pour mesurer la nervosité s'appelle le VIX, surnommé l'indice de la peur. Or il ne fait plus peur à personne. Parce qu'il est cassé, de l'avis de quelques spécialistes. Mazette, le VIX est cassé ? Mais par qui. C'est là que ça devient intéressant, pour une raison que je vais vous expliquer. Comme cela dépasse mes compétences intellectuelles, je n'ai pas honte de dire que cette démonstration est le fruit de la réflexion de l'excellente équipe de recherche d'AlphaValue, qui s'est appuyée sur la non moins excellente rubrique Alphaville du Financial Times. Nous produisons aussi d'excellents contenus, du moins nous essayons, mais il faut parfois savoir rendre à César ce qui lui appartient, comme disait ma mamie en renvoyant la baballe à son épagneul doté de cet impérial patronyme.

AlphaValue, qui prêche logiquement pour sa paroisse, souligne que le métier d'analyste fondamental a encore de beaux jours devant lui. Pourquoi ? Parce que le marché ne peut plus vraiment compter sur ses marqueurs traditionnels, notamment l'indice VIX, pour mesurer la nervosité du marché, donc son risque. Le VIX repose sur la volatilité. Or elle a disparu depuis quelques mois. Pour être précis, des actions restent volatiles à l'échelle individuelle, mais la grosse patate qui les englobe, non.

L'explication, avancée par Alphaville, semble être à chercher du côté des ETF sur options et plus précisément d'une stratégie qui les utilise, baptisée "call overwriting". Pour la faire simple, un fonds détient un actif sous-jacent et vend une option d'achat sur cet actif. Le fonds perçoit ainsi une prime. Le mécanisme entraîne une baisse de la volatilité implicite (via l'offre d'options) et de la volatilité réalisée (les courtiers couvrent les positions gamma longues). Le détail de l'explication est disponible sur Alphaville, je ne métends pas là-dessus. Le truc, c'est que le marché des ETF basés sur les options n'est pas marginal : il pèse quelque 100 milliards de dollars (son volume a été multiplié par huit en trois ans), dont environ 70% spécialisés sur la survente d'options d'achat. Du coup la volatilité est sévèrement rabotée : le VIX et compagnie ne reflètent plus principalement l'appétence pour la couverture contre une baisse éventuelle du marché, mais sont gangrenés par ces stratégies de couverture complexes et déconnectées de la perception du risque.

Donc n'oubliez pas : la prochaine fois que je vous fais le coup du VIX qui ne rebondit pas malgré la hausse des tensions dans une chronique, répondez juste "quelle truffe, il a rien compris aux call overwriting".

Pour en revenir à des choses plus terre à terre, le rendement des bons du trésor US a progressé hier après les propos du très écouté gouverneur de la Fed Christopher Waller, qui est souvent un faiseur de tendance. Fidèle à sa ligne directrice, il a conseillé aux marchés de ne pas trop s'emballer sur les baisses de taux pour le moment. Le marché action, lui, s'en fout et pense à son weekend de Pâques. De toute façon, il sait que les deux événements censés être les plus importants de la semaine, la publication de l'inflation PCE et un discours du patron de la Fed Jerome Powell auront lieu demain, pendant que Wall Street sera fermé.  

En Asie Pacifique, les rumeurs d'intervention pour soutenir le yen font reculer le Nikkei 225 de 1,5%. Il en faudra plus pour que la Bourse de Tokyo perde son statut de placement chéri des investisseurs internationaux. La Chine rebondit de plus de 1% pendant que la Corée du Sud et Taiwan reculent. L'Australie et l'Inde, qui progressent de 1%, sont à leur avantage. Les indicateurs avancés européens sont haussiers. Le CAC40 gagne 0,3% à 8227 points. Le SMI et le Bel20 s'adjugent 0,2%.

Les temps forts économiques du jour

La journée débutera avec le PIB du Royaume-Uni (08h00), suivi de l'indicateur avancé KOF de la Suisse (09h00) et de la variation du chômage en Allemagne (09h55). Plus tard, nous aurons la masse monétaire M3 de la zone euro (10h00). L'après-midi sera consacrée aux Etats-Unis avec le PIB annualisé (13h30), les nouvelles demandes d'allocations chômage (13h30), le Chicago PMI (14h45), les reventes de logements en cours (15h00) et le sentiment de l'Université du Michigan (15h00). Tout l'agenda ici.

L'euro revient autour de 1,084 USD. L'once d'or se négocie 2171 USD. Le pétrole se stabilise, avec un Brent de Mer du Nord à 86,11 USD le baril et un brut léger américain WTI à 81,85 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans ressort à 4,21%. Le bitcoin se négocie 70 600 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Acciona : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 137 EUR à 125 EUR.
  • Air Liquide : Goldman Sachs reprend le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 222 EUR.
  • Akzo Nobel : Goldman Sachs reprend le suivi à vendre avec un objectif de cours de 63 EUR.
  • Arkema : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre avec un objectif de cours de 98 EUR.
  • Aviva : BNP Paribas Exane passe de neutre à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 445 GBX à 420 GBX.
  • Axa : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 36,10 à 38,50 EUR.
  • Basf : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre avec un objectif de cours de 53 EUR.
  • Brunello Cucinelli : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 112 à 135 EUR.
  • Clariant : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre avec un objectif de cours de 13 CHF.
  • Coface : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de sousperformance avec un objectif de cours relevé de 12,20 à 12,30 EUR.
  • Croda International : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre avec un objectif de cours de 5100 GBX.
  • Danube : Goldman Sachs reprend le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 121 EUR.
  • DHL Group : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 49,50 EUR à 43 EUR.
  • Diploma : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 3750 GBX à 3950 GBX.
  • Edenred : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation accumuler avec un objectif de cours relevé de 52,60 à 55,50 EUR.
  • Elia Group : Barclays démarre le suivi à surpondérer avec un objectif de cours de 120 EUR.
  • Elis : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 25,50 à 30 EUR.
  • Evonik Industries : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre avec un objectif de cours de 18,20 EUR.
  • Generali : BNP Paribas Exane passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours relevé de 23 à 24 EUR.
  • Givaudan : Goldman Sachs reprend la couverture avec une recommandation d'achat et un objectif de cours de 4600 CHF.
  • Holcim : Oddo BHF passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 73 CHF à 95 CHF.
  • Julius Bär : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 50 à 54 CHF.
  • Lanxess : Goldman Sachs reprend le suivi à achat avec un objectif de cours de 29 EUR.
  • Legal & General Plc : BNP Paribas Exane passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 280 GBX à 270 GBX.
  • Legrand : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 110 EUR.
  • Neoen : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 41 à 32 EUR.
  • Nibe INDUSTRIER : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 75 SEK à 52 SEK.
  • Rheinmetall : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 420 à 590 EUR.
  • Safran : Citigroup reste à neutre avec un objectif de cours relevé de 161 à 211 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : Barclays maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 220 à 250 EUR.
  • Schneider Electric : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 184 à 218 EUR.
  • Symrise : Goldman Sachs reprend le suivi à vendre avec un objectif de cours de 100 EUR.
  • Teleperformance : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 210 à 125 EUR.
  • UBS Group : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 28,50 à 31 CHF.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Cegedim, en perte en 2023, anticipe une décélération de la croissance cette année.
  • Esker maintient ses objectifs pour 2024.
  • Soitec prévoit un chiffre d'affaires stable à périmètre et taux de change constants pour 2024-2025.
  • Trigano prévoit une bonne progression de sa rentabilité au premier semestre.
  • Vusiongroup propose un dividende de 0,30 EUR par action et vise une hausse de sa rentabilité.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Renault a cédé à Nissan 2,5% du capital de l'industriel japonais pour 358 M€.
  • Vinci et Aena en lice pour l'aéroport d'Edimbourg, valorisé 3 Mds£. Vinci lance par ailleurs un programme de rachat d'actions de 600 M€.
  • De nouveaux licenciements chez Stellantis : plus de 3000 emplois vont disparaître en Italie.
  • Orange a émis pour 700 M€ d'obligations hybrides.
  • Moody's a relevé la perspective de la notation crédit de Sanofi de stable à positive tout en maintenant sa note A1. Par ailleurs, DR. Reddy's a signé un partenariat de distribution exclusif pour distribuer les marques de vaccins de Sanofi en Inde.
  • BioMérieux reçoit l'agrément de la FDA pour un test PCR multiplex.
  • Valeo utilisera davantage d'outils d'IA de Google Cloud.
  • Casino mène les opérations de levées de fonds pour finaliser sa restructuration financière.
  • Spie se renforce sur le marché allemand du photovoltaïque en rachetant MBG energy.
  • Eutelsat va émettre 600 M€ d'obligations senior 2029 à 9,75%.
  • Wallix s'engage auprès de Docaposte pour une offre complète de cybersécurité à destination des PME, collectivités et établissements de santé.
  • Argan loue à DSV un entrepôt net de carbone zéro en France.
  • Mauna Kea s'associe à V7 pour le développement d'applications innovantes d'IA avec le Cellvizio.
  • Archos lance une levée de fonds après avoir fait le ménage dans son financement.
  • Seven et Hydrogen Refueling Solutions signent un accord pour installer jusqu'à 5 stations hydrogène d'ici 2025.
  • Vergnet va vendre sa filiale brésilienne.
  • Les principales publications du jour : Roche Bobois, LNA Santé, Vranken, Compagnie Lebon, Netgem, Advicenne, Guillemot, Memscap, Arverne, Baikowski, Enogia, Invibes, Inventiva, Les Constructeurs du Bois, Sidetrade, Transgène, Don't Nod, Nextedia, HighCo, Le Permis Libre, OSE Immuno, Theraclion, Latécoère, Lhyfe

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

Lectures