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Claude Bébéar [AXA] quitte la présidence du conseil de surveillance d'AXA

Le 29 février 2008 à 10:30

A sa demande, et pour des raisons d’âge, Claude Bébéar s’apprête à quitter AXA, dont il est président du conseil de surveillance depuis mai 2000. Fondateur d’AXA en 1985, celui présenté comme le mentor du capitalisme français laissera derrière lui une compagnie en excellente santé, comme en témoignent ses bons résultats annuels en 2007.

Dévoilés le 28 février, les comptes 2007 d’AXA font ressortir un bénéfice net de 5,7 milliards d’euros, en hausse de 11% sur un an. Le premier assureur français aurait même pu atteindre la barre des 6 milliards de bénéfices s’il n’avait pas été contraint de procéder à des dépréciations d’actifs de 596 millions d’euros. En marge de la présentation des résultats, AXA a publié un communiqué distinct annonçant le départ de Claude Bébéar en avril.

Auto-limitation de l'âge

Père de trois enfants (dont deux adoptés), l’ancien élève de l’école de cavalerie de Saumur a décidé de ne pas renouveler son actuel mandat, qui expire le 22 avril prochain. Il avait commencé à prendre du recul en 2000 en quittant la direction opérationnelle pour assurer la fonction (non exécutive) de président du conseil de surveillance.

« J’ai défendu par le passé le principe selon lequel le mandat des membres du conseil de surveillance ayant dépassé 70 ans ne doit pas être renouvelé », explique celui qui fêtera ses 73 ans en juillet prochain. Il sera nommé président d’honneur d’AXA, une compagnie qu’il a contribuée à développer pendant près de 40 ans.

De la prison à la Légion d’Honneur

En 1975, Claude Bébéar prit la direction des Anciennes Mutuelles, rebaptisées plus tard Mutuelles Unies, qui allaient devenir le premier groupe d’assurance en France grâce à de judicieuses acquisitions (UAP, Nippon Dantaï, etc.) Considéré comme l’un des hommes les plus influents du CAC 40, Claude Bébéar aura également connu des épisodes moins glorieux : le 13 juin 2001, il et mis en examen, avec son compère Henri de Castries (actuel président du directoire d’AXA) pour « blanchiment de capitaux aggravé » dans l’affaire Paneurolife.

Cette mise en examen lui vaudra même de passer une nuit derrière les barreaux. Promu Commandeur de la Légion d'honneur et Officier de l'Ordre national du Mérite, Claude Bébéar pourra consacrer davantage de temps à ses loisirs, au premier rang desquelles la chasse, dont il a partagé le goût avec Valéry Giscard d’Estaing lors de parties en Afrique. Claude Bébéar devrait être remplacé par Jacques de Chateauvieux, 57 ans, actuel président du groupe Bourbon.

Claude Bébéar

Né en Dordogne en 1935, Claude Bébéar a toujours bon pied bon oeil, et occupe une place de choix dans le Gotha du capitalisme financier français. Brillant élève, ce fils d'instituteur entre à l'Ecole polytechnique en 1955 et en sort pour faire son service militaire en Algérie, jusqu'en 1958.

Un ami de son père, André Sahut d'Izarn, préside alors les Ancienne mutuelles, l'une des nombreuses sociétés d'assurance que compte alors la France. C'est là qu'à partir de 1958, Claude Bébéar fera ses premières armes, en France mais aussi au Canada, où il est chargé au milieu des années 60 de « monter » une filiale québécoise.

En 1975, son mentor décède et Claude Bébéar, devenu directeur général, doit faire face à un long mouvement de grève. Sa légende veut que l'importance qu'il attache au côté social de l'entreprise date de cette époque. Le nouveau DG s'attelle rapidement à la tâche et créé la filiale de réassurance des Anciennes mutuelles.

En 1982, passant au travers des nationalisations, il profite des difficultés du secteur pour absorber le premier assureur français, Drouot. D'autres rachats suivront et mèneront, en 1985, à la naissance d'un groupe dont Claude Bébéar prend la direction : AXA. Numéro deux de l'assurance en France, l'assureur est présent sur tous les segments de l'assurance : dommages, santé, prévoyance, retraite et donc gestion d'actifs financiers. En 1996, AXA rachète l'UAP, double sa « masse critique » française et devient le numéro un de l'assurance européenne.

Si la décennie 80 était celle de la consolidation en France, la suivante sera placée sous le signe de l'international. Dans les années 90, AXA opère des rachats par dizaines au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Australie, à Hong Kong... Sans oublier le très fermé mais très riche marché japonais, en 1999, où Bébéar sait profiter de la crise financière de l'époque.

Respectant à la lettre les préconisations du rapport AFEP-Medef sur la gouvernance d'entreprise, il cède la présidence exécutive du groupe à Henri de Castries en 2000. Il restera à la tête du conseil de surveillance jusqu'à cette année. Agé de 72 ans, Claude Bébéar a cédé ce dernier poste à Jacques de Chateauvieux en avril dernier. Fort de ses relations, il reste président d'honneur du groupe qu'il a fondé.

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