La fin du rapprochement marque le dernier chapitre pour cette institution vieille de 167 ans, après des années de scandales et de faux pas qui ont érodé la confiance des clients et mis le créancier au bord du gouffre.

Voici quelques événements clés qui ont précédé la plus grande opération bancaire depuis la crise financière mondiale.

FÉVRIER

28 février - Les autorités de régulation suisses réprimandent le Credit Suisse pour des manquements "graves" dans sa gestion d'une affaire de plusieurs milliards avec le financier Greensill, aujourd'hui disparu, la troisième censure publique de ce type en deux ans.

MARS

9 mars - Le Credit Suisse retarde la publication de son rapport annuel après qu'un appel de dernière minute des autorités de régulation américaines a soulevé des questions sur ses états financiers antérieurs.

13 mars - L'action du Credit Suisse atteint son plus bas niveau historique après que l'ensemble du secteur bancaire s'est effondré à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank.

14 mars - Dans son rapport annuel 2022, qui a été retardé, le Credit Suisse indique qu'il a identifié des "faiblesses matérielles" dans les contrôles internes des rapports financiers et qu'il n'a pas encore endigué les sorties de fonds de ses clients.

15 mars - La Banque nationale suisse s'engage à fournir des liquidités au Credit Suisse "si nécessaire". Il s'agit de la première mesure de ce type prise par une grande banque depuis la crise financière mondiale. Auparavant, le principal actionnaire du Credit Suisse - la Saudi National Bank - avait déclaré qu'il n'augmenterait pas sa participation, ce qui avait fait chuter les actions du créancier d'un cinquième.

16 mars : le Credit Suisse annonce son intention d'emprunter jusqu'à 50 milliards de francs suisses (55,40 milliards de dollars) auprès de la banque centrale.

19 mars : un sauvetage d'urgence du Credit Suisse, négocié par le gouvernement suisse, la banque centrale et l'autorité de régulation financière, est annoncé. Dans le cadre de cet accord, UBS accepte de racheter le Credit Suisse pour un prix dérisoire de 3 milliards de francs suisses en actions et d'assumer jusqu'à 5 milliards de francs suisses de pertes. Détaillant les événements plus tard dans un document réglementaire, UBS a déclaré qu'elle avait été précipitée dans un accord qu'elle ne souhaitait pas.

20 mars - Le sauvetage déclenche une réaction politique brutale, les partis suisses de droite et de gauche mettant en garde contre les risques énormes et la taille de l'entité combinée.

21 mars - Les autorités suisses imposent des restrictions sur le versement de primes aux employés du Credit Suisse.

23 mars : L'autorité suisse de régulation des marchés financiers, la FINMA, défend sa décision d'imposer de lourdes pertes aux détenteurs d'obligations du Credit Suisse, la qualifiant d'inattaquable sur le plan juridique.

29 mars : UBS réengage l'ancien CEO et spécialiste du redressement Sergio Ermotti pour diriger le rachat.

AVRIL

3 avril - Le procureur fédéral suisse ouvre une enquête sur la fusion. Par ailleurs, certains détenteurs d'obligations AT1 du Credit Suisse, éliminées par la fusion, chargent des avocats de les représenter en vue d'une éventuelle action en justice pour récupérer les pertes subies.

4 avril - Axel Lehmann, président du Credit Suisse, présente ses excuses aux investisseurs pour avoir conduit la banque au bord de la faillite lors de la dernière assemblée générale des actionnaires.

5 avril - Le gouvernement suisse ordonne au Credit Suisse d'annuler ou de réduire tous les bonus en cours versés à ses cadres supérieurs.

- Séparément, les dirigeants d'UBS qualifient le rachat de "tâche herculéenne", mais affirment aux actionnaires qu'il sera couronné de succès.

11 avril - L'Association suisse des employés de banque demande le gel des suppressions d'emplois dans les deux banques jusqu'à la fin de 2023. Les médias suisses avaient précédemment annoncé que jusqu'à 11 000 emplois pourraient être supprimés en Suisse.

12 avril - Le Parlement suisse rejette l'aide du gouvernement à la fusion lors d'un vote largement symbolique.

15 avril - La Réserve fédérale approuve l'acquisition par UBS des filiales américaines du Crédit suisse.

24 avril - Le Credit Suisse déclare que 61 milliards de francs suisses d'actifs ont quitté la banque au cours du premier trimestre, à l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels, probablement les derniers de son histoire.

26 avril - Le Tribunal administratif fédéral suisse déclare avoir reçu "plusieurs centaines" de plaintes contre le régulateur financier du pays après qu'il a annulé la valeur des obligations AT1 du Crédit Suisse.

- Un document réglementaire montre qu'UBS a envisagé en décembre les effets d'un rachat du Credit Suisse, mais a conclu qu'une telle opération n'était pas souhaitable.

MAI

9 mai - Sergio Ermotti, CEO d'UBS, dévoile sa nouvelle équipe de direction, composée en grande partie de cadres expérimentés d'UBS et ne conservant que le CEO de Credit Suisse, Ulrich Koerner, de la banque en difficulté.

12 mai - Sergio Ermotti déclare que la situation au Credit Suisse s'est stabilisée.

16 mai : UBS signale dans un document réglementaire des dizaines de milliards de dollars de coûts - et de bénéfices - potentiels liés à son rachat du Credit Suisse, soulignant ainsi l'importance des enjeux.

17 mai - Le bureau de la Chambre haute du Parlement suisse décide que le sauvetage du Credit Suisse fera l'objet d'une enquête par une commission spéciale.

23 mai - Le ministère suisse des finances émet une ordonnance annulant ou réduisant les primes en cours des dirigeants du Credit Suisse, appliquant ainsi une décision annoncée en avril.

30 mai - Le Parti social-démocrate suisse déclare avoir élaboré une proposition visant à réduire les actifs d'UBS après le rachat, estimant que la nouvelle banque présentait des risques énormes pour le pays en raison de sa taille et d'une garantie implicite de l'État.

JUIN

2 juin - Sergio Ermotti, directeur général d'UBS, met en garde contre des décisions douloureuses en matière de suppressions d'emplois à la suite du rachat du Crédit Suisse, qui devrait être finalisé dans quelques jours, et rejette les craintes que la nouvelle banque soit trop grande pour la Suisse.

8 juin - Le Parlement suisse approuve officiellement la création d'une commission spéciale chargée d'enquêter sur l'effondrement et le sauvetage du Credit Suisse.

9 juin - UBS et le gouvernement suisse s'accordent sur les conditions d'une garantie de 9 milliards de francs suisses pour les pertes potentielles résultant de la vente de certains actifs du Credit Suisse, levant ainsi le dernier obstacle avant la conclusion de l'accord.

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