par Ellis Mnyandu

La Fed sera le principal sujet de préoccupation des investisseurs alors que se multiplient les signes d'accélération de la reprise, qui pourraient conduire les autorités monétaires à relever les taux d'intérêt plus tôt qu'anticipé jusqu'à présent, ou du moins à mettre un terme à certains dispositifs exceptionnels de soutien.

Wall Street devrait donc rester prudente jusqu'à la publication du communiqué du Federal Open Market Committee (FOMC) mercredi à 19h15 GMT, estiment les analystes.

"Je pense que les gens vont guetter la moindre petite nuance pour tenter d'y voir un soutien soit à la hausse, soit à la baisse, quel que soit le camp dans lequel ils se trouvent", résume Rick Bensignor, responsable de la stratégie d'Execution, un courtier new-yorkais.

"Je ne m'attends pas à de grands changements dans le discours de la Fed et je pense, au final, que les taux devraient rester à leur niveau actuel."

De fait le président de la Fed, Ben Bernanke, a encore réaffirmé ces derniers jours que les taux resteraient bas pendant "une période prolongée". Mais certains investisseurs sont devenus plus prudents récemment et ont préféré se couvrir en réaction à la remontée du dollar et à une série d'indicateurs économiques meilleurs qu'attendu.

Lors de sa réunion, le FOMC devra prendre en compte l'amélioration de la conjoncture économique sans pour autant donner l'impression à des marchés financiers encore fragiles qu'un relèvement des taux se rapproche.

Car c'est en grande partie la politique de taux quasi-nuls pratiquée par la Fed qui a permis aux investisseurs de se financer facilement ces derniers mois, et donc à l'indice Standard & Poor's 500 de progresser de 63,5% depuis son plus bas de douze ans touché le 9 mars.

LE FACTEUR DOLLAR

Même si l'appétit pour le risque ne se dément pas, la corrélation inversée entre les actions et le dollar observée depuis mars a montré ces derniers temps des signes d'atténuation.

Le rebond récent du billet vert a en effet conduit certains à reconsidérer la stratégie fondée sur le "carry trade", qui consiste à financer par emprunt en dollar, donc à bas coût, des investissements dans des actifs plus rémunérateurs.

Le dollar a notamment profité depuis une dizaine de jours de la bonne surprise des chiffres mensuels de l'emploi et de plusieurs autres indicateurs jugés rassurants, comme les ventes au détail ou l'indice Reuters-Université du Michigan sur le moral des consommateurs.

Malgré ces lueurs d'espoir, la Bourse maintient une attitude prudente: depuis la publication des chiffres de l'emploi le 4 décembre, le S&P 500 n'a gagné que 0,6%. Sur la semaine écoulée, il est resté pratiquement inchangé tandis que le Dow Jones progressait de 0,8% et que le Nasdaq abandonnait 0,2%.

Les analystes espèrent que les indicateurs attendus au cours des prochains jours, avec entre autres la production industrielle de novembre (mardi) et les mises en chantier (mercredi) écarteront un peu plus l'hypothèse d'une rechute de l'activité économique.

"Nous allons probablement constater que les statistiques montrent que l'économie croît plus rapidement que prévu par le marché. Je pense que les nouvelles seront bonnes", a dit Peter Cardillo, chef économiste d'Avalon Partners.

Malgré tout, "le dollar empêche le marché de monter beaucoup plus haut", ajoute-t-il.

Pour les "bulls", les tenants de la hausse des actions, de bons indicateurs et un engagement réaffirmé de la Fed à maintenir des taux bas pourraient suffire à propulser Wall Street vers de nouveaux plus hauts de 15 mois.

Le risque d'une consolidation demeure toutefois, certains investisseurs étant tentés de prendre une partie de leurs profits avant la clôture des comptes 2009.

A l'agenda des sociétés cotées pour la semaine à venir figurent entre autres les résultats de Best Buy, la première chaîne de magasins d'électronique grand public des Etats-Unis (mardi), ainsi que ceux de FedEx, Nike et Oracle jeudi.

Version française Marc Angrand