* Le séisme survenu vendredi soir a fait plus de 2.000 morts

* Des villages de montagne ont été dévastés

* De nombreuses personnes sous les décombres, selon des habitants

* La France prête à aider, dit Macron

(Actualisé avec autres témoignages, aide)

par Jihed Abidellaoui et Alexander Cornwell

MOULAY BRAHIM, Maroc, 10 septembre (Reuters) - Les rescapés du puissant séisme survenu vendredi soir au Maroc peinaient dimanche à trouver de l'eau et de la nourriture alors que les secouristes poursuivaient leurs recherches d'éventuels survivants dans des villages reculés des montagnes de l'Atlas.

De nombreux habitants ont été contraints ou ont préféré passer une deuxième nuit dehors à la suite de cette secousse de magnitude 6,8, qui a fait plus de 2.000 morts et provoqué d'importants dégâts à Marrakech, située à quelques dizaines de kilomètres de l'épicentre.

L'un des premiers défis pour les secouristes est d'atteindre les villages les plus affectés dans le Haut Atlas, une région montagneuse parfois difficile d'accès où de nombreuses habitations ont été rasées par le tremblement de terre.

A Moulay Brahim, village proche de l'épicentre à une quarantaine de kilomètres au sud de Marrakech, les habitants racontent avoir fouillé les décombres des maisons à mains nues pour tenter de trouver des survivants.

"Nous avons perdu nos maisons et nous avons aussi perdu des gens, et nous dormons dehors depuis deux jours", a dit l'un d'eux, Yacine Noumghar.

"Pas de nourriture. Pas d'eau. Nous avons aussi perdu l'électricité", a poursuivi cet homme de 36 ans, disant n'avoir guère reçu d'aide des autorités jusqu'à présent.

"Nous voulons seulement que notre gouvernement nous aide", a-t-il dit, relayant une frustration exprimée par d'autres.

Des habitants de ce village disent avoir obtenu de la nourriture auprès de parents ou d'amis vivant ailleurs.

Du pain, du fromage et des boissons chaudes ont été distribuées dimanche matin à la mosquée.

Des tentes ont été érigées sur un terrain de football poussiéreux tandis que des habitants étaient enveloppés dans des couvertures après avoir passé une nouvelle nuit dehors.

Un homme, qui tentait de récupérer des matelas et des vêtements dans sa maison dévastée, a dit penser que ses voisins se trouvaient encore sous les ruines de leur propre logement.

Le gouvernement a déclaré samedi prendre des mesures d'urgence pour faire face à la situation afin d'intensifier les opérations de recherche et de secours et de distribuer nourriture, eau potable, couvertures et tentes.

LA FRANCE PRÊTE À AIDER, ATTEND LA DEMANDE DU MAROC

Le Maroc a adressé une demande d'aide à l'Espagne, qui va envoyer des secouristes, a annoncé le ministre espagnol des Affaires étrangères.

Emmanuel Macron a

réitéré

la proposition d'aide de la France, soulignant qu'il revenait désormais aux autorités marocaines d'en faire la demande.

"Nous sommes à disposition et on a fait tout ce qu'on pouvait faire. A la seconde où cette aide sera demandée, elle sera déployée", a dit le président français à l'issue du sommet du G20 en Inde.

Le ministère marocain de l'Intérieur a fait état de 2.012 morts et 2.059 blessés, dont 1.404 dans un état grave.

Le Maroc a décrété un deuil national de trois jours et le roi Mohammed VI a réclamé des prières pour les morts ce dimanche dans toutes les mosquées du pays.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que plus de 300.000 personnes ont été affectées par le séisme.

"Les prochaines 24 à 48 heures seront décisives pour sauver des vies", a dit Caroline Holt, directrice mondiale des opérations pour la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dans un communiqué.

Des éboulements près de Moulay Brahim ont en partie bloqué la route sinueuse reliant Marrakech aux montagnes de l'Atlas.

"Il y a encore beaucoup de gens sous les décombres. Les gens continuent de chercher leurs proches", a dit à Reuters Adini Moustafa, un habitant des environs d'Asni, en bordure d'une route jonchée de rochers.

Le village de Tansghart dans cette même région d'Asni, sur les flancs d'une vallée où la route en provenance de Marrakech s'élève vers l'Atlas, est le plus touché des diverses localités où se sont rendus des journalistes de Reuters.

De nombreuses maisons, accrochées à la pente, ont été éventrées. Celles qui tiennent encore debout exhibent souvent des trous béants dans les murs. Deux minarets se sont effondrés.

Prostré par terre, Abdellatif Aït Bella, un agriculteur, peut à peine parler et bouger. Sa tête est bandée après avoir été heurtée par des débris.

"Nous n'avons aucune maison où l'emmener et nous n'avons plus à manger depuis hier", dit sa femme Saïda Bodchich, qui craint pour l'avenir de sa famille de six maintenant que son mari, seule source de revenus, est grièvement blessé. "Nous ne pouvons nous appuyer sur personne d'autre que Dieu."

Marrakech a aussi subi d'importants dégâts, notamment la médina, vieille ville très fréquentée par les touristes étrangers.

Il s'agit du tremblement de terre le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui a frappé Agadir en 1960, faisant au moins 12.000 morts.

(Avec Ahmed Eljechtimi et Abdulhak Balhaki dans la région de Marrakech, Jose Joseph à Bangalore, Adam Makary et Omar Abdel-Razek au Caire, Angus McDowall à Londres, Graham Keeley à Madrid, rédigé par Tom Perry, version française Bertrand Boucey)