Paris (awp/afp) - Safran, qui a enregistré "d'excellentes performances" en 2019, s'attend à voir son chiffre d'affaires et son bénéfice souffrir en 2020 des répercussions de la crise du Boeing 737 MAX dont le groupe français fournit la totalité des moteurs.

Le motoriste et équipementier aéronautique a dégagé un bénéfice opérationnel courant de 3,8 milliards d'euros, en hausse de 26,4% (24,6% hors effets de change et de périmètre) et a publié jeudi un résultat net de 2,5 milliards d'euros.

Son chiffre d'affaires a grimpé de 17,1% à 24,6 milliards d'euros en 2019 (+9,3% en organique).

"C'est une très bonne année pour Safran en termes de croissance, de rentabilité et de génération de trésorerie", a affirmé le directeur général Philippe Petitcolin, cité dans un communiqué, en saluant "d'excellentes performances" malgré un "contexte difficile".

Safran affiche toutefois des ambitions bien moindres pour 2020 "afin de tenir compte de la décision de Boeing d'un arrêt de la production du 737 MAX à compter de janvier 2020 et d'une reprise des livraisons estimées à mi-2020".

L'évolution du chiffre d'affaires devrait donc se situer entre "0 et -5%" par rapport à 2019 et le bénéfice opérationnel ajusté croître "d'environ 5%", prévoit Safran, qui mise sur un flux de trésorerie disponible "supérieur" à celui de 2019, où il s'est élevé à 1,98 milliard d'euros.

En 2019, la crise du 737 MAX a eu un impact sur la trésorerie de Safran, qui produisait mais ne pouvait livrer ses moteurs à Boeing et donc être payé intégralement.

Ce "décalage de trésorerie" était estimé en octobre par M. Petitcolin à 600 millions d'euros pour le second semestre 2019.

"Plan d'adaptation"

Selon les dernières estimations de Boeing, le MAX pourrait revoler à la mi-2020. La flotte mondiale de 737 MAX est clouée au sol depuis mars après deux accidents rapprochés ayant fait 346 morts.

Les moteurs Leap de Safran équipent la totalité des Boeing 737 MAX (Leap-1B) et plus de la moitié des Airbus A320 (Leap-1A).

Le groupe, qui a livré 1.736 moteurs Leap en 2019 (+55% par rapport à 2018), ne table plus que sur "l'hypothèse d'une production annuelle d'environ 1.400 Leap" en 2020.

A la suite de la réduction de la cadence de fabrication du 737 MAX à 42 appareils par mois, Safran avait déjà indiqué ne produire que "20 à 25" Leap-1B" par semaine.

Les files d'assemblage de Boeing étant désormais à l'arrêt, Safran table sur une production de "10 moteurs Leap-1B en moyenne par semaine sur l'année" 2020. Une fois la fabrication du MAX relancée, Boeing mettra de longs mois avant de retrouver sa cadence d'avant crise qui était de 52 appareils par mois.

Outre l'impact du 737 MAX, Safran s'attend à une croissance de ses activités de services pour les moteurs civils ralentie par rapport à 2019: elle pourrait croître de 7 à 9%, si "l'impact du coronavirus sur le trafic aérien ne se prolonge pas au-delà du premier trimestre". En 2019, ces activités avaient progressé de 14,9%.

Le secteur "Equipements aéronautiques" (nacelles de moteurs, freins...) devrait connaître une "légère croissance" tandis que l'aménagement de cabines et de sièges devrait décroître.

Face à cette situation, Safran assure avoir mis en oeuvre un "plan d'adaptation", comprenant "des économies sur les coûts directs, les frais généraux, un gel des embauches et une réduction des dépenses de R&D et d'investissements pour 2020".

Les dépenses totales de recherche et développement se sont élevées à 1,725 milliard d'euros en 2019. Pour 2020, la baisse sera "de l'ordre de 50 à 100 millions d'euros", selon le communiqué du groupe.

afp/al