* Christophe Castaner appelle à la responsabilité

* Une manifestante est morte samedi

* Le mouvement a fait 409 blessés, dont 14 graves

* L'exécutif n'entend pas dévier de son cap

PARIS, 18 novembre (Reuters) - La fronde des "Gilets jaunes", qui a mobilisé samedi 287.710 personnes en 2.034 lieux, se poursuivait dimanche sur plusieurs sites en France où l'exécutif a d'ores et déjà prévenu qu'il ne dévierait pas de sa politique fiscale.

Le ministre de l'Intérieur - qui est intervenu sur Europe 1 et RTL au lendemain du premier acte de ce mouvement inédit, marqué par la mort d'une manifestante en Savoie - a fait état de 409 blessés dont 14 graves.

Le nombre de blessés parmi les forces de l'ordre et les services de secours est de 28. Christophe Castaner a annoncé 282 arrestations, dont 73 durant la nuit, et 157 gardes à vue.

Quelque 3.500 manifestants sont restés mobilisés dans la nuit de samedi à dimanche en 87 points.

"La majorité des Français ont fait le choix de ne pas porter les gilets jaunes", a souligné sur Europe 1 Christophe Castaner, s'attachant à circonscrire le mouvement.

Il a déploré "une désorganisation totale". "On a tenté d'accéder à des préfectures, il y a eu des actes de grande violence hier, les nombres de blessés et de policiers sont encore plus grands ce matin".

"Cette nuit a été agitée", a-t-il précisé.

"Il y a eu des agressions, des bagarres, des coups de couteau", a poursuivi le ministre, évoquant des "bagarres entre 'gilets jaunes'." "Il y a eu beaucoup d'alcool dans certains endroits, et ça a provoqué ces comportements idiots qui peuvent pousser à la violence, et là ça devient inacceptable".

"NOUS POURSUIVRONS", DIT DE RUGY

Le ministre a lancé un appel à "la responsabilité de tout le monde, y compris des usagers de la route", au lendemain de la mort d'une manifestante renversée à un barrage à Pont-de-Beauvoisin par une automobiliste semble-t-il prise de panique. "Nous ne sommes pas dans un pays où l'on contraint", a-t-il dit.

"Ce n'est évidemment pas la faute de l'Etat", a poursuivi Christophe Castaner dont les services ont été mis en cause par les initiateurs du mouvement et des responsables politiques.

Christophe Castaner a décrit "une manifestation qui n’a pas été déclarée (...), une manifestation où une maman qui veut emmener son enfant chez le médecin se trouve bousculée. Elle panique, elle tue une personne".

Le mouvement de protestation, voué dans un premier temps à marquer un "ras-le-bol fiscal" face à la hausse des prix des carburants et des taxes sur les produits pétroliers, s'est élargi à d'autres griefs, notamment à l'égard d'Emmanuel Macron, cible de la colère dans de nombreux rassemblements samedi.

Le gouvernement exclut toutefois de dévier de son cap.

"En matière de fiscalité écologique, nous poursuivrons la trajectoire prévue. Ne pas le faire serait de l’inconscience", déclare le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, dans une interview au Parisien.

"NOUS ENTENDONS LES INQUIÉTUDES"

Pour Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, il faut approfondir le "travail d’explication et de promotion" des mesures compensatoires annoncées mercredi pour accompagner la transition écologique.

"Nous entendons les inquiétudes des Français", assure-t-il, citant le "sentiment d'abandon" des territoires ruraux.

Il a mis en garde contre la récupération politique du mouvement des "Gilets jaunes" par ceux qui "sont parfois les responsables des erreurs du passé". Les manifestants ont reçu le soutien des Républicains et du Parti socialiste, mais aussi de La France insoumise et du Rassemblement national.

Selon Vinci, "une quarantaine" d'actions et de manifestations étaient en cours dimanche matin sur le réseau autoroutier.

La préfecture de la Meuse signalait une dizaine de barrages. Le mouvement se poursuivait dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse : des barrages ont été dressés sur les accès de la zone commerciale de Plan-de-Campagne, près de Marseille, la plus importante d'Europe.

Des barrages filtrants étaient en place sur plusieurs péages autoroutiers de la région, de même qu'à Avignon, Cavaillon et Carpentras.

En Gironde, l'A63 était toujours bloquée à hauteur de Canéjan, près de Bordeaux, dans le sens Sud-Nord par plusieurs dizaines de gilets jaunes qui ont passé la nuit sur place. Le barrage de la nuit est devenu filtrant au lever du jour.

Le péage autoroutier de Virsac sur l'A10 au nord de Bordeaux était de nouveau occupé depuis 06h00. Des opérations étaient en cours depuis 07h00 près de Langon sur l'A62 et sur l'A89 à Arveyres à une trentaine de kilomètres à l'est de Bordeaux.

Un barrage filtrant perturbe la circulation depuis samedi sur le Pont d'Aquitaine. Des blocages sont également signalés à Langon, Saintes (Charente-Maritime), et plusieurs centres commerciaux sont bloqués dans l'agglomération de Pau (Pyrénées-Atlantiques). (Sophie Louet avec Jean-François Rosnoblet à Marseille, Claude Canellas à Bordeaux, Gilbert Reilhac à Strasbourg)