BERLIN, 21 novembre (Reuters) - La version allemande du projet de "Fonds monétaire européen" censé venir en aide à l'avenir aux pays de la zone euro en difficulté prévoit des critères d'éligibilité stricts qui reviendraient à exclure les Etats jugés trop laxistes en matière de réduction de la dette publique, montrent des documents que Reuters a pu consulter.

Une majorité des gouvernements de la zone euro sont favorables à la transformation de l'actuel Mécanisme européen de stabilité (MES) en équivalent régional du Fonds monétaire international (FMI) afin de prévenir de nouvelles crises d'une ampleur comparable à la crise de la dette grecque. Mais ils sont encore loin de s'accorder sur un projet commun.

Selon les propositions du ministère allemand des Finances, le nouveau fonds ne serait accessible qu'aux pays qui auraient subi "un choc économique asymétrique échappant à leur contrôle".

Ces propositions, dont le quotidien Die Zeit s'est le premier fait l'écho mercredi, envisagent certes que le futur fonds puisse venir en aide à un Etat lourdement endetté, une tâche assumée pour l'instant par la Commission européenne; mais pour Berlin, cette aide devrait prendre la forme d'un "programme d'ajustement macroéconomique" assorti de conditions préalables strictes.

Le projet explique que rendre le fonds accessible à des pays dont les finances publiques ne seraient pas saines risquerait de favoriser l'"aléa moral" (une prise de risque excessive encouragée par la garantie d'un soutien financier) et il évoque la possibilité de voir "des prêts à taux d'intérêt bas du MES mal employés pour repousser des ajustements budgétaires et des réformes structurelles nécessaires".

Pour être éligible à une aide financière, estime Berlin, un pays devrait afficher un déficit budgétaire inférieur à 3% du produit intérieur brut (PIB) et une dette publique de moins de 60% du PIB, à moins d'avoir réduit sa dette de 0,5 point de PIB au cours de chacune des trois dernières années avant sa demande d'assistance.

Les ministres des Finances de la zone euro sont censés s'accorder avant la fin de l'année sur la manière de développer le futur fonds de stabilisation régional. (Gernot Heller, avec Thomas Escritt; Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)