par Gabriela Baczynska
BRUXELLES, 20 janvier (Reuters) - La Commission européenne a
adressé à la Pologne une demande de paiement d'environ 70
millions d'euros d'amendes pour avoir refusé de supprimer une
chambre disciplinaire de la Cour suprême créée dans le cadre
d'une réforme de la justice, a déclaré jeudi un porte-parole du
bloc.
Bruxelles accuse de longue date le gouvernement nationaliste
du parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir depuis 2015, de
piétiner les normes démocratiques, dont l'indépendance de la
justice, une allégation rejetée par Varsovie.
La Cour de justice de l'UE a condamné en octobre dernier la
Pologne à une astreinte d'un million d'euros par jour pour ne
pas avoir supprimé cette chambre, une décision que Varsovie
refuse de reconnaître, citant la primauté selon lui du droit
national sur le droit européen.
Le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller, a
déclaré jeudi à l'agence de presse publique PAP que l'exécutif
européen s'immisçait dans des affaires intérieures des États
membres sans aucune base juridique.
"La Pologne prendra des mesures juridiques pour empêcher les
violations des traités de l'UE", a-t-il dit.
Selon l'exécutif européen, cette chambre disciplinaire
permet au pouvoir exécutif polonais d'interférer dans le travail
des tribunaux, au mépris de l'indépendance de la justice.
Les amendes imposées à Varsovie, qui aura 45 jours pour les
régler, s'élèvent à environ 70 millions d'euros, ont confirmé à
Reuters des sources au fait du dossier.
Le litige entre Varsovie et Bruxelles représente déjà un
manque à gagner pour la Pologne, l'UE ayant bloqué son accès aux
fonds du plan de relance européen destinés à soutenir la reprise
économique après la pandémie de COVID-19.
D'autres sommes provenant du budget communautaire
pluriannuel pour la période 2021-2027 sont en jeu, car Bruxelles
conditionne de plus en plus souvent l'octroi des fonds au
respect de l'état de droit dans les Etats membres.
Le gouvernement polonais décrit pour sa part sa réforme de
la justice comme nécessaire pour rendre les tribunaux plus
efficaces et affirme qu'il ne cédera pas au "chantage" de
Bruxelles.
(Reportage Gabriela Baczynska, version française Diana Mandiá,
édité par Jean-Stéphane Brosse et Jean-Michel Bélot)