Le taux d'inflation a atteint 2,2% en rythme annuel en octobre après 2,1% en septembre, selon l'estimation rapide publiée mercredi par Eurostat, l'office de la statistique de l'Union européenne.

L'inflation évolue depuis cinq mois maintenant au-dessus de l'objectif de la BCE, qui vise un niveau juste sous les 2%, un objectif sur l'ensemble de l'année qu'elle n'a plus atteint depuis cinq ans.

Après quatre années d'une stimulation monétaire sans précédent pour relancer l'inflation et l'activité, la BCE a justifié l'arrêt de ses rachats d'obligations en fin d'année par l'accélération de l'inflation, même si ce mouvement est dû en grande partie à la hausse des prix du pétrole.

Même l'inflation hors éléments volatils a accéléré, de quoi rassurer la banque centrale qui depuis des mois assure que la hausse des salaires et un taux d'emploi record finiront par avoir un effet sur les prix.

De fait, l'inflation de base, c'est-à-dire hors énergie et produits alimentaires non-transformés, a accéléré à 1,3% en rythme annuel ce mois-ci après 1,1% en septembre et le taux d'inflation hors énergie, alimentation, alcool et tabac a atteint 1,1% contre 0,9%.

Les velléités de la BCE de relever ses taux d'intérêt au deuxième semestre 2019 pourraient toutefois être contrecarrées par l'atonie de la croissance, qui exerce une pression baissière sur les prix.

Selon les données préliminaires publiées mercredi, le produit intérieur brut de la zone euro n'a augmenté que de 0,2% au deuxième trimestre, moitié moins que la projection de la BCE.

Le président de la banque centrale, Mario Draghi, préfère pour le moment parler de ralentissement de la croissance plutôt que d'un retournement de tendance et souligne que même après la fin du programme d'assouplissement quantitatif (QE), la politique monétaire restera très accommodante dans la zone euro compte tenu du niveau historiquement bas des taux d'intérêt.

Les économistes pensent que la performance du quatrième trimestre sera capitale après un troisième trimestre inférieur au potentiel de la zone euro.

Une croissance durablement sous le potentiel suggérerait un ralentissement des pressions inflationnistes, au risque de saper la crédibilité de la banque centrale en la matière.

(Véronique Tison pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Jan Strupczewski et Balazs Koranyi