(Rpt)

* L'armée française reste en Irak et Syrie en 2019

* "Toute précipitation à se retirer serait une erreur"

* "Nous ne faiblirons pas" au Sahel

* Macron promet d'en finir avec une logique comptable

BASE DE TOULOUSE-FRANCAZAL, Haute-Garonne, 17 janvier (Reuters) - E mmanuel Macron a annoncé jeudi, lors de ses voeux aux armées, que la France resterait militairement engagée en 2019 en Irak et en Syrie malgré le retrait annoncé des forces américaines du territoire syrien, soulignant que le combat contre l'Etat islamique n'était "pas terminé".

Le chef de l'Etat avait choisi la base des opérations aéroportées de Toulouse-Francazal (Haute-Garonne), devant quelque 1.600 civils et militaires, pour cet exercice traditionnel, le seul maintenu à son agenda dans le contexte de la crise des "Gilets jaunes".

Après des prémices houleuses avec les états-majors, marquées par la démission du général Pierre de Villiers pour un différend budgétaire en juillet 2017, le chef des armées s'emploie à resserrer les liens et a de nouveau marqué jeudi sa volonté d'en finir avec la disette et les ajustements budgétaires.

Il a appelé "à sortir de l'époque des réformes subies pour entrer dans l'époque des transformations choisies" et assuré que la loi de programmation militaire 2019-2015, une manne de 295 milliards d'euros pour combler un lourd déficit d'effectifs et d'équipements, serait intégralement respectée.

Sur le front géostratégique, Emmanuel Macron a jugé que "toute précipitation à se retirer" de Syrie, à la suite des Etats-Unis, serait "une erreur".

"Le combat n'est pas terminé", a-t-il insisté, citant pour preuve la mort de 16 personnes, dont quatre Américains, dans un attentat-suicide à Manbij, en Syrie, près de la frontière turque. "Ceci nous montre combien les prochaines semaines et prochains mois seront déterminants car nous voulons tous terminer cette guerre contre Daech et la gagner vraiment."

"VOIR GRAND, VOIR HAUT"

"Nous aurons à conduire dans la région de nouvelles opérations, c'est pourquoi nous resterons militairement au Levant au sein de la coalition internationale au cours de l'année qui vient", a-t-il annoncé, précisant que le dispositif militaire français serait adapté "en fonction des opérations et de la situation politique".

Quelque 1.100 militaires français sont engagés au Levant dans le cadre de l'opération Chammal.

Sur le front sahélien, où la France intervient depuis août 2014 dans le cadre de l'opération Barkhane (4.500 hommes), le combat, "difficile, intense", se poursuivra aussi, a prévenu Emmanuel Macron. "Nous ne faiblirons pas".

"Je vois aussi combien notre engagement dans la durée est nécessaire car il faudra du temps pour rétablir la paix au Sahel" contre "la gangrène islamiste", a-t-il plaidé.

Sur le plan intérieur, le président s'est porté garant de la sincérité du budget des armées, malgré de nouvelles anicroches fin 2018.

"Il en est fini de cette équation impossible où l'on en demandait toujours plus avec toujours moins", a-t-il lancé, ajoutant que le train de réformes lancées par la ministre des Armées, Florence Parly, n'aurait pas de "finalité budgétaire".

"Ce seront des réformes marquées du sceau de l'ambition : voir grand, voir haut", a-t-il promis.

Le chef de l'Etat a souhaité que ces réformes - notamment pour le développement de l'innovation, le maintien en condition opérationnelle des matériels et l'amélioration de la condition militaire- soient "intensifiées et accélérées".

La "modernisation des processus de conception, de développement et d'acquisition des équipements", la "coopération européenne" et "l'amélioration des conditions d'exercice du métier" en seront les trois axes.

A l'adresse des industriels, Emmanuel Macron a plaidé pour plus de synergie et d'adaptation, afin que la France ait "un temps d'avance. "Parce que nos adversaires ne nous attendent pas". Il a demandé que "les matériels fournis servent véritablement l'efficacité opérationnelle". (Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)