PORTO, Portugal, 8 mai (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne réunis en sommet informel à Porto ont adopté samedi une déclaration proclamant leur détermination à mettre en oeuvre un socle européen des droits sociaux, dont l'importance a été à leurs yeux renforcée par la crise provoquée par l'épidémie de COVID-19.

Cette déclaration en 14 points contient des engagements généraux et non chiffrés en matière d'emploi, d'éducation, de formation, de réduction de la pauvreté et des écarts de salaires hommes-femmes ou encore de droits des travailleurs, notamment dans le nouveau domaine des plateformes numériques, tout en tenant compte des "différentes situations nationales".

"Plus que jamais, l'Europe doit être le continent de la cohésion sociale et de la prospérité. Nous réaffirmons notre engagement à oeuvrer en faveur d'une Europe sociale", déclarent les dirigeants européens, dont certains n'étaient pas présents physiquement à Porto à l'image de la chancelière allemande Angela Merkel.

Emmanuel Macron a affirmé que cette déclaration n'était pas qu'un chapelet de bonnes intentions en soulignant que ces différents thèmes seraient désormais à l'ordre du jour des "rendez-vous européens chaque semestre".

"Derrière cette déclaration, on rentre vraiment dans les procédures européennes", a déclaré le président français au cours d'une conférence de presse.

"L'avancée sur les salaires minimaux, l'égalité femmes-hommes, le droit individuel de formation, le droit des travailleurs de plateformes sont autant de sujets que nous n'avons pas simplement mis sur la table mais inclus dans le processus de travail économique et social de l'Union européenne", a-t-il ajouté.

"AGENDA DE CONVERGENCE"

Si les traités européens ne permettent pas par exemple de fixer un salaire minimum au niveau du bloc, les discussions ont porté sur la définition de critères communs pour établir dans chaque pays un niveau minimal de rémunération afin d'éviter de trop grandes disparités.

Sur cette question, "il y a beaucoup de réticences, des modèles qui sont divers mais la dynamique avance et on a un texte qui reconnaît cette nécessité de converger", a dit Emmanuel Macron à son arrivée à la réunion de travail organisée dans la matinée.

Le président de la République a affirmé la volonté de la France de porter ces sujets à l'occasion de sa présidence de l'Union européenne au premier semestre 2022, en évoquant aussi "la gouvernance durable des entreprises".

Après l'adoption en juillet 2020 d'un plan de relance européen de 750 milliards d'euros, dont aucune somme n'a jusqu'à présent été débloquée dans l'attente de sa ratification par l'ensemble des pays de l'UE, les Vingt-Sept considèrent cette déclaration de Porto comme un autre volet indispensable, sur le plan social cette fois, à leur réponse à la crise provoquée par le coronavirus.

"Je pense que nous sommes en train véritablement en ce moment de bâtir la réponse européenne à la pandémie", a dit Emmanuel Macron, en comparant la situation actuelle aux politiques d'austérité et peu coordonnées conduites après la crise financière de 2007-2009. "Nous avons tiré les leçons de la crise du début des années 2010."

"On crée un agenda de convergence." (Bertrand Boucey à Paris)