Les marchés actions sont passés par toutes les émotions hier, avec une seule véritable constante : il règne une belle confusion dans l'esprit des investisseurs. Le CAC40 a clôturé en hausse de 0.80%, ce qui n'est pas si mal au regard des cours d'ouverture et de la nouvelle contraction du moral des investisseurs allemands, qui ont définitivement le moral au fond des chaussettes puisque l'indicateur est tombé à -53 points. Il faut remonter à décembre 2011 pour observer une telle contraction. Pour rappel, cet indicateur mesure le moral des analystes sur la situation de l'économie allemande à six mois, par rapport à l'enquête du mois précédent. Aux Etats-Unis, les indices ont terminé en repli, dans des proportions toutefois modestes. Le Nasdaq et le S&P500 ont perdu environ 0.9%. Une curieuse séance en somme, au point où la principale attraction de la journée a consisté à scruter de près le couple EUR/USD jusqu'à ce que celle-ci atteigne la parité parfaite. Après un petit suspense matinal, l'euro l'a finalement atteint, à 11h46 précisément, une première en 20 ans.

Revenons à nos moutons avec l'évènement de la semaine, à savoir le gros test statistique qui aura lieu cet après-midi avec les prix à la consommation américains de juin et qui seront annoncés à 14h30. Les neuf dernières publications ont soit dépassé les attentes des économistes ou ont été tout juste en ligne avec ces dernières. Quand je vous disais lundi que le marché est complètement dans le flou pour prévoir la trajectoire des prix aux Etats-Unis, je ne pense pas être très loin de la vérité. Les investisseurs seront à l'affut du moindre signe d'apaisement, le fameux point de bascule qui constituerait un signal positif puisque la Fed n'aurait plus trop à forcer sur la pédale de frein pour contenir l'emballement des prix. L'inflation devrait avoir atteint 1.1% entre mai et juin aux Etats-Unis, selon la moyenne des attentes des économistes. En mai, la variation annuelle était de 8,6%. Le cœur de l'inflation, ou "core inflation" (qui ne comprend pas l'énergie et les aliments), devrait se situer à 0,5% sur un mois. Compte tenu de la dynamique économique aux Etats-Unis et de l'amélioration marquée du marché du travail, on peut raisonnablement penser qu'un taux d'inflation plus élevé que prévu conduira la Fed à relever ses taux d'au moins 75 points de base à la fin du mois. Réponse définitive à 14h30.

L'autre évènement "macro" viendra de Bruxelles, puisque la Commission européenne va publier ses prévisions économiques. La Commission, qui avait déjà abaissé ses prévisions en mai, devrait une nouvelle fois dégrader son estimation de la croissance du PIB des 19 pays de la zone euro cette année en raison de la flambée des prix de l'énergie.

La transition est faite pour vous reparler d'énergie et plus particulièrement des marchés pétroliers. L'OPEP a publié ses premières prévisions pour 2023 et elles sont assez alarmantes sur l'état du marché actuellement, que je pourrais qualifier de tendu, serré. Malgré les craintes de récession, le cartel anticipe une croissance de la demande pour l'année prochaine, de l'ordre de 2,7 millions de barils par jour (mbj), alors qu'en parallèle, les marges de manœuvre pour augmenter l'offre mondiale sont faibles voire inexistantes. Ces perspectives suggèrent un marché déficitaire, avec une demande mondiale dépassant l'offre d'un million de barils par jour. L'offre peine à suivre la cadence infernale imposée par la demande. D'abord, les spécialistes du marché estiment que la production russe devrait au mieux se stabiliser sur ses niveaux actuels, alors que celle-ci s'est déjà contractée de près de 10% depuis le début de la guerre en Ukraine. Deuxièmement, il est difficile de compter sur un sursaut de la production de l'OPEP dans la mesure où la plupart des membres du cartel parviennent difficilement à atteindre leurs quotas de production. Enfin, du côté des Etats-Unis, si les prix élevés devraient faire bondir la production nationale, force est de constater que les producteurs américains restent toujours sur la réserve, en témoigne le nombre d'appareils de forage en activité, qui augmente bien moins vite que les prix du baril. Le dernier rapport de l'Agence américaine de l'énergie (EIA) va d'ailleurs dans ce sens puisque l'Agence table sur une production américaine de 12,77 mbj en 2023, contre 11,91 en 2022. En l'absence de producteurs d'appoint (plus communément appelés swing producer), le marché ne peut s'équilibrer que par une destruction de la demande. Autrement dit, les marchés pétroliers ont besoin d'une récession pour s'équilibrer. Cela n'a pas empêché les cours du baril de franchir à la baisse la barre des 100 USD le baril, une violente pression baissière qui me laisse, vous l'aurez compris, assez perplexe.

Les indicateurs avancés sont légèrement baissiers en Europe ce matin tandis que l'Asie évolue en légère hausse à l'heure où ces lignes sont écrites.

Les temps forts économiques du jour

Deux rendez-vous importants avec les chiffres de l'inflation américaine de juin à 14h30 et les stocks de pétrole à 16h30. La Banque du Canada rendra également une décision sur ses taux à 16h00 et tiendra une conférence de presse à 17h00. La Fed publiera aussi le Livre Beige en début de soirée. Tout l'agenda macro ici.

L'euro a atteint la parité avec le dollar américain. L'once d'or perd du terrain à 1724 USD. Le pétrole reprend un peu de hauteur après son violent décrochage de la veille avec un Brent de Mer du Nord à 99,60 USD le baril et un brut léger américain WTI à 96 USD. La dette américaine affiche un rendement à 10 ans à 2,97%. Le bitcoin se négocie sous les 20000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : Crédit Suisse maintient son conseil à surperformance mais abaisse son objectif de 56 à 43 CHF.
  • Advanced Micro Devices : Cowen est toujours acheteur mais abaisse son objectif de cours de 160 à 120 USD.
  • Air Liquide : JP Morgan abaisse son objectif de 185 à 160 EUR.
  • Allianz : Citigroup passe d'achat à neutre avec un objectif de cours de 190,60 EUR.
  • Amundi : Barclays relève sa recommandation à surpondérer mais abaisse son objectif de 77 à 70 EUR.
  • Citigroup : UBS maintient son conseil neutre et abaisse son objectif de cours de 53 à 48 USD.
  • Crédit Suisse : Morgan Stanley abaisse son objectif de cours de 9,50 à 6,60 CHF.
  • D.R. Horton : JP Morgan reste à l'achat mais avec un objectif de cours réduit de 82,50 à 80 USD.
  • Dufry : RBC passe de performance sectorielle à surperformance avec un objectif de cours relevé de 36 à 40 CHF.
  • DWS Group : Barclays réduit sa recommandation de surpondérer à pondération en ligne avec un objectif de cours de 32 EUR.
  • Evonik Industries : Barclays réduit sa recommandation de surpondérer à pondération en ligne avec un objectif de cours de 28 EUR.
  • Fraport : Berenberg passe à l'achat avec un objectif de cours de 56 EUR.
  • Meritage Homes Corporation : JP Morgan reste neutre et abaisse son objectif de cours de 94 à 91 USD.
  • Novartis : Goldman Sachs reste acheteur mais abaisse son objectif de 105 à 103 CHF.
  • Roche : Goldman Sachs reste acheteur avec un objectif de cours réduit de 454 à 445 CHF.
  • SAP SE : BMO Capital maintient son avis neutre mais revoit à la baisse son objectif de cours de 112 à 105 EUR.
  • STMicroelectronics : Berenberg abaisse son objectif de 48 à 35 EUR.
  • The Gap : BofA Securities conserve son avis vendeur et abaisse son objectif de cours de 9,60 à 8 USD.
  • Toll Brothers : JP Morgan reste neutre et revoit à la baisse sa cible de 53,50 à 48 USD.
  • UBS : Morgan Stanley abaisse sa cible de 22 à 20 CHF.
  • Verallia : Jefferies démarre le suivi avec une recommandation à l'achat et un objectif de cours de 37 EUR.
  • Vontobel : Citigroup abaisse son objectif de cours de 87,50 à 62,50 CHF.
  • Wells Fargo : Citigroup reste à l'achat mais avec un objectif de cours réduit de 56 à 47 USD.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les sociétés d'autoroute (Vinci, Eiffage) vont accorder cet été 10% de réduction sur les dépenses de péages payées en chèques-vacances.
  • Renault s'allie à l'allemand Vitesco Technologies dans l'électronique de puissance.
  • Kaufman & Broad dévoile un chiffre d'affaires en recul de 5,2% au cours du deuxième semestre.
  • Séché Environnement et Waga Energy ont conclu une joint-venture pour produire du gaz naturel renouvelable en France.
  • GL Events remporte l'exploitation de 6 sites à Orléans pour 9 ans.
  • Esker confirme ses objectifs 2022 et réalise un chiffre d'affaires de 39,80 millions d'euros au deuxième trimestre.
  • Abeo a finalisé l'acquisition de 70% du capital de la société hollandaise HaTo World B.V.
  • Gaussin et Ateme dévoilent leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Boeing a livré 121 avions au deuxième trimestre.
  • Twitter poursuit Elon Musk en justice pour le contraindre au rachat.
  • Microsoft réduit ses effectifs en juillet selon Bloomberg.
  • Apple et Zoom Video Communications condamnés à une amende en Russie pour avoir refusé de stocker les données des citoyens locaux sur le territoire russe.
  • Victoria's Secret supprime 160 postes de direction dans le cadre d'une réorganisation.
  • Siemens Energy remporte un contrat pour un projet de GNL entièrement électrique au Canada.
  • FlatexDEGIRO réalise un chiffre d'affaires de 209,60 millions d'euros au cours du premier semestre 2022.
  • Glencore finalise la cession de 525 millions de dollars de l'ensemble des redevances de BaseCore Metals à Sandstorm Gold.
  • VAT Group réalise une croissance de 28% au deuxième trimestre 2022.
  • La Finlande et l'Allemagne vont discuter du plan de sauvetage d'Uniper.
  • Exor finalise la vente du réassureur PartnerRe au français Covea.
  • Outokumpu cède la majorité de son unité de produits longs pour 229 millions de dollars.
  • Kongsberg Gruppen se dit sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l'exercice 2022.
  • Konecranes abaisse ses prévisions de résultats 2022.
  • Principales publications du jour : The Progressive Corp, Fastenal Company  Tout l'agenda ici.

Lectures et vidéos