Alors que la deuxième vague du Covid-19 frappe le marché de l'immobilier, Frédéric Puzin, président de CORUM L'Épargne, une société de gestion qui occupe le haut du palmarès des SCPI depuis sa création, a accepté de livrer son analyse, sans fard, comme à son habitude.

Première question de circonstance : comment se porte votre activité ?

Les épargnants sortent progressivement de l'expectative dans laquelle ils ont été plongés au mois de mars. Le retour à une vie normale pointe même son nez avec l'espoir d'un vaccin. J'observe ainsi une reprise significative de notre activité depuis le mois de juin qui devrait nous permettre d'atteindre cette année une collecte de 500 à 600 millions d'euros, contre 750 millions en 2019. La baisse est réelle, mais finalement pas si importante au vu de la conjoncture. L'appétence des ménages pour l'épargne de long terme demeure. Notre SCPI historique, CORUM Origin continue de collecter régulièrement tout comme CORUM XL. Notre troisième SCPI, EURION, lancée en janvier, connaît un réel succès. Elle affiche le meilleur démarrage de notre histoire. A date, elle fait tout mieux que ses grandes sœurs tant en termes de collecte que de performance. EURION pourrait donc être l'une des belles surprises de 2020. Ainsi, nous dépasserons nos objectifs de rendement cette année pour nos 3 SCPI diversifiées (6% pour CORUM Origin, 5% pour CORUM XL et 4,5% pour EURION).

Pourtant, vous ne pouvez pas nier que l'immobilier affronte des vents contraires ?

Bien sûr, l'immobilier n'est pas déconnecté de l'économie réelle. Les commerces, les hôtels et certains bureaux traversent une période difficile. Pour autant, même si la performance globale des SCPI tombe à 4 %, cela restera une belle performance par rapport aux autres actifs. Juste avant la crise sanitaire, la mode était aux bureaux de co-working, un thème devenu l'alpha & l'oméga des investisseurs. Aujourd'hui, cette niche s'est effondrée. D'une part parce qu'une partie des locataires, souvent des start-ups, sont passées au télétravail. D'autre part parce que ces bureaux étaient une variable d'ajustement des plus grandes entreprises. Plus globalement, il faut faire attention aux tendances et à la spécialisation de certaines SCPI dans des domaines précis comme la santé ou la logistique. Aujourd'hui, par exemple, je préfère acquérir un commerce ou un bureau au centre de Paris plutôt que de surpayer de l'immobilier logistique, devenu le secteur tendance en raison du Covid. Ce n'est pas un hasard si le premier conseil donné à un épargnant est de diversifier ses investissements. Le conseil est le même pour les SCPI : il faut privilégier celles qui sont diversifiées géographiquement comme sectoriellement.

La pierre-papier reste donc un placement à envisager ?

Cette crise confirme la résistance des SCPI les plus diversifiées et qui ont fait l'effort de sélectionner les locataires les plus solides avec des baux de long terme. Donc oui, les SCPI, à condition qu'elles soient diversifiées, restent des placements très rentables pour qui souhaite préparer sa retraite ou les études de ses enfants. Je profite de l'occasion pour dire que les craintes concernant une baisse du prix des parts des SCPI sont largement exagérées. Nous ne sommes pas face à une crise financière. Les grands investisseurs institutionnels n'ont pas besoin de vendre comme pendant la crise des subprimes. Ils ont même tout intérêt à conserver leurs actifs.

Propos recueillis par Pierre-Jean Lepagnot