Bruxelles (awp/afp) - La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l'UE, a accordé lundi son feu vert au rachat par Hitachi des activités de systèmes ferroviaires de Thales, mais à condition que le japonais cède ses plateformes de signalisation sur les grandes lignes en France et en Allemagne.

Le groupe français avait annoncé en août 2021 avoir conclu un accord avec le conglomérat industriel nippon Hitachi pour lui vendre son activité "systèmes de transport terrestre" pour un montant de 1,66 milliard d'euros.

Cette branche qui inclut la signalisation ferroviaire, mais aussi le contrôle des trains, les systèmes de télécommunications et de supervision ferroviaire et les solutions de billettique, représente près de 10% de l'activité de Thales. Implantée dans 42 pays, avec trois sièges en Allemagne, en France et au Canada, elle employait 9.000 salariés fin 2022.

"L'opération, telle qu'initialement notifiée, aurait réduit la concurrence et entraîné une hausse des prix ainsi qu'une diminution de l'innovation sur les marchés des projets de signalisation pour les grandes lignes ferroviaires en France et en Allemagne (...) en réunissant deux concurrents proches", dont l'entité combinée aurait "acquis des parts de marché très élevées", souligne la Commission dans un communiqué.

Pour y remédier, Hitachi Rail --filiale à 100% de Hitachi-- a proposé de "céder ses plateformes de signalisation pour les grandes lignes en France et en Allemagne en ce qui concerne les projets d'enclenchement, de superposition et de resignalisation", poursuit l'exécutif européen.

"Ces engagements permettront à un acquéreur de gérer durablement l'activité cédée (par Hitachi) en tant que force concurrentielle viable sur le marché", souligne la Commission, qui devra cependant approuver l'acquéreur choisi par Hitachi et suivra attentivement le processus de cession.

De son côté, le régulateur britannique s'était alarmé que la vente des activités de signalisation ferroviaire de Thales à Hitachi ne fasse monter les prix des billets de train au Royaume-Uni, ces groupes constituant deux des principaux fournisseurs de systèmes de signalisation pour les réseaux du pays aux côtés de Siemens et Alstom.

L'autorité britannique de la concurrence (CMA) avait finalement donné son feu vert le 4 octobre à l'opération, après la proposition de Hitachi de céder ses propres activités existantes de signalisation sur les grandes lignes au Royaume-Uni, ainsi qu'en France et en Allemagne.

Numéro trois du secteur ferroviaire derrière l'allemand Siemens et son compatriote Alstom, Thales a pour particularité de ne pas produire de matériel roulant, ce qui l'a conduit à vendre cette activité de signalisation de plus en plus intégrée à l'intérieur des trains et des métros et non plus sur les voies.

De son côté, Hitachi est l'une des entreprises à l'origine du "Shinkansen", le train à grande vitesse japonais. Hitachi Rail employait fin août quelque 14.000 personnes dans 38 pays. En Europe, il avait déjà racheté en 2015 en Italie le constructeur ferroviaire AnsaldoBreda et le spécialiste de la signalisation Ansaldo STS.

afp/rp