Dans une étude économique consacré à la péninsule, l'organisation internationale estime que le déficit public atteindra 2,5% du produit intérieur brut (PIB) cette année, soit un demi-point de plus que prévu officiellement par Rome.

Le PIB devrait parallèlement se contracter de 0,2%, ajoute-t-elle, confirmant sa prévision du mois dernier, avant de croître de 0,5% en 2020.

Le ministre italien de l'Economie, Giovanni Tria, a réagi à cette étude en déclarant que le gouvernement fixerait un nouvel objectif de déficit inférieur à 2,5%.

"Je pense que le déficit nominal sera en dessous de la prévision de l'OCDE", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec le secrétaire général de l'organisation, Angel Gurria.

Giovanni Tria a ajouté que le gouvernement italien, confronté à un ralentissement marqué de la croissance, n'entendait pas contenir à tout prix le déficit budgétaire dans la limite des 2% du PIB convenue avec Bruxelles l'an dernier mais qu'il maintiendrait néanmoins la maîtrise des finances publiques.

"Nous allons essayer d'améliorer le déficit structurel", c'est à dire ajusté des fluctuations de la croissance du PIB, a-t-il déclaré avant d'expliquer que le gouvernement travaillait à des mesures de relance visant à assurer une évolution positive du PIB cette année.

Pour l'OCDE, l'incertitude politique et la hausse des coûts de financement de l'Etat risquent pourtant d'occulter l'impact des politiques expansionnistes mises en oeuvre par le gouvernement de coalition formé par la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles (M5S).

L'OCDE S'ATTEND À 3% DE DÉFICIT EN 2020

L'étude de l'organisation basée à Paris souligne que le PIB par habitant de l'Italie ajusté de l'inflation est inférieur aujourd'hui à son niveau de 2000, un cas unique parmi les 36 pays membres de l'OCDE.

Le rapport de 153 pages table aussi sur une remontée du taux de chômage à 12,0% cette année après 10,6% en 2018.

"La raréfaction des opportunités d'emploi pousse beaucoup de jeunes à émigrer, amplifiant le vieillissement déjà rapide de la population italienne et privant le pays d'énergie, de talent et d'esprit d'entreprise", ajoute-t-il.

Le déficit budgétaire devrait continuer d'augmenter en 2020 pour atteindre 3% du PIB, l'OCDE, qui prend pour hypothèse que le gouvernement ne remontera pas les taux de TVA.

Dans ces conditions, la dette publique italienne inscrirait un record cette année à 133,8% du PIB et monterait encore en 2020, à 134,8%. Le gouvernement table au contraire sur un réduction du poids de la dette, de 132,1% en 2018 à 130,7% cette année et 129,2% en 2020.

L'OCDE met aussi en garde Rome contre les risques liés à la mise en place du nouveau revenu de citoyenneté (Reddito di Cittadinanza). Si elle admet qu'il vise "à juste titre" à aider les plus démunis, elle estime qu'il pourrait "affaiblir les incitations au travail".

"Le niveau élevé du revenu de citoyenneté, par rapport aux prestations comparables existant dans d'autres pays de l'OCDE, pourrait dissuader les personnes de chercher un emploi dans le secteur formel, en particulier dans les régions où les salaires sont plus bas", explique-t-elle en proposant un système de prestations lié à l'exercice d'un emploi et une révision à la baisse du revenu de citoyenneté.

(Gavin Jones; Marc Angrand pour le service français)