La guerre pour la suprématie économique mondiale est en train de singulièrement se durcir, entre un Donald Trump qui dézingue tous azimuts et des dirigeants chinois qui ont décidé de se défendre. Pékin a procédé à un certain nombre d'annonces en ce sens. Parmi elles, la constitution d'une liste d'entreprises (américaines) qui ne pourront plus commercer avec des sociétés chinoises et la publication d'un livre blanc dans lequel le gouvernement accuse Washington d'avoir fait échouer les négociations commerciales.
 
Les économistes sont préoccupés par cette escalade. "La série d'actions annoncées durant le week-end signifie que la longue marche chinoise a débuté. Je prends ça au sérieux. Cela signifie que la guerre commerciale n'est pas seulement devenue une guerre technologique, mais aussi une guerre économique plus large", explique Iris Pang, d'ING. Chez Morgan Stanley, Chetan Ahya prévient qu'une récession pourrait intervenir sous 9 mois si la Maison Blanche met à exécution sa menace de porter ses surtaxes à 25%. Jan Hatzius, pour Goldman Sachs, a abaissé ses projections de croissance pour le second semestre aux Etats-Unis, et relevé la probabilité d'une baisse de taux. Tous jugent que les investisseurs sous-estiment la portée d'une guerre commerciale, d'autant qu'en parallèle les Etats-Unis ont rouvert le front mexicain et qu'ils vont cesser d'accorder à l'économie indienne des exemptions à l'importation.
 
En mai, cette nouvelle donne s'est traduite par une sévère contraction des indices, comme nous l'avons vu. Sur le marché parisien, cinq valeurs seulement ont progressé en mai, comme l'illustre le tableau qui suit :
 

Sell in may and go away ? (Source Bloomberg - Cliquer pour agrandir)
 
Dossier défensif, Pernod Ricard est parvenu à gagner 1,58% sur le mois écoulé, derrière Veolia et Danone qui profitent de leurs coupons. Les baisses sont en revanche bien plus conséquentes, à l'image des cycliques comme ArcelorMittal, Valeo et STMicroelectronics ou des bancaires comme Crédit Agricole et Société Générale malgré leurs gros dividendes.
 
Le CAC40 perdait 0,6% peu après l'ouverture, à 5176 points.
 
Les temps forts économiques du jour
 
L'indice PMI manufacturier chinois Caixin est ressorti (légèrement) plus solide que prévu à 50,2 points ce matin. Il sera suivi d'autres PMI en Europe ce matin (France, Allemagne, zone euro…) puis aux Etats-Unis à 15h45. Outre-Atlantique, l'ISM manufacturier (16h00) et les dépenses de construction (16h00) complèteront le calendrier. Donald Trump est en visite en Europe, au Royaume-Uni pour commencer. En Allemagne, la coalition Merkel a été affaiblie par la démission de la patronne du parti social-démocrate.
 
L'euro reprend un peu de terrain à 1,1185 USD. L'or a retrouvé quelques couleurs, valeur refuge oblige, à 1311 USD. Le pétrole grappille quelques cents à 53,14 USD pour le WTI et à 61,28 USD pour le Brent. Il y a quelques jours, les deux bruts de référence évoluaient respectivement à 60 et 70 USD. Le T-Bond 10 ans affiche un rendement de 2,123%. Le Bitcoin est en léger repli à 8669 USD.
 
Les principaux changements de recommandations
 
  • Elior : AlphaValue passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours réduit de 14,10 à 11,90 EUR.
  • Ocado : Jefferies passe de conserver à sousperformance avec un objectif de cours ajusté de 460 à 600 GBp.
  • Pirelli : Berenberg passe de vendre à conserver avec un objectif de cours ajusté de 6,50 à 5,40 EUR.
  • Royal Mail : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 220 à 170 GBp
  • Tate and Lyle : Jefferies passe de conserver à sousperformance avec un objectif de cours abaissé de 720 à 620 GBp.
  • Wacker Chemie : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 70 EUR.
 
L’actualité des sociétés
 
Renault et Fiat Chrysler discuteraient d'un dividende spécial pour les actionnaires du Français et sur de meilleures garanties sur l'emploi, pour peaufiner les termes de leur projet de fusion. Le conseil de Renault se réunit mardi dans l'après-midi pour en discuter. L'IATA a fortement abaissé ses prévisions de bénéfice pour le secteur aérien cette année, à cause des tensions commerciales et des cours pétroliers. Société Générale a bouclé la cession de sa filiale de banque polonaise à Bank Millennium. Airbus serait proche de placer des A330neo chez Virgin Atlantic, croit savoir Reuters. Total va reprendre les activités GNL de Toshiba aux Etats-Unis, avec un chèque de 800 millions de dollars du Japonais. Sanofi a fait état d'avancées "statistiquement significatives" en phase III avec isatuximab en association dans le myélome multiple. Bonduelle rachète une usine de surgelés russe. Olivier Piou et John Yearwood entrent au conseil d'administration de TechnipFMC. Moody's a réduit à "B1" à note de solidité financière de Casino, assortie d'une perspective négative. Euronext a déclaré l'offre sur Oslo Bors inconditionnelle, tandis que S&P a réduit d'un cran, à "A-", la notation crédit de l'opérateur boursier. Le Maroc va vendre jusqu'à 8% du capital de Maroc Telecom. La division allemande de Recylex a obtenu un nouveau décalage au 30 juin prochain de l'exigibilité de ses dettes, le temps de négocier avec ses créanciers. DBV Technologies présente des données sur l'immunothérapie épicutanée au congrès de l'EAACI 2019, en cours.
 
La rumeur propagée par Bloomberg se vérifie : Infineon va racheter Cypress Semiconductor pour 23,85 USD par action, soit une facture totale de 9 milliards d'euros. Les deux managements se sont mis d'accord sur les termes du rapprochement, qui conférera à l'Allemand le leadership européen et une position de numéro 8 mondial du secteur. Le département américain de la justice serait en train de préparer une enquête antitrust sur les pratiques de Google, selon Reuters. Selon le Wall Street Journal, une division de Goldman Sachs rachèterait Capital Vision Service pour 2,7 milliards de dollars. Blackstone va s'offrir des actifs logistiques logés dans des fonds appartenant à GLP pour 18,7 milliards de dollars. Le directeur général du site de General Electric de Belfort assure que l'usine restera une implantation majeure du groupe. La FAA trouve des pièces de voilure défectueuses sur plusieurs B737MAX. Reuters a appris de ses sources que les Etats-Unis seraient proches d'autoriser un projet de coentreprise entre Qantas et American Airlines.