Hum ! Il semble que l'on est à peu près au moment où le monde financier est en train de passer du mode "on va tous mourir" à une sorte d'euphorie à la cote mal taillée, qui repose pêle-mêle sur les incantations de la Maison Blanche, des informations médicales qui mixent données avérées et rumeurs et la promesse de lendemains moins sombres que prévu. Comme je ne suis pas beaucoup plus avancé que vous sur la nature de la reprise de l'activité qui se dessine, je partage la réflexion qui suit, qui me paraît assez bien illustrer le sens des priorités économiques.

Il y a quelques mois, je déjeunais avec le président d'une grande banque cantonale suisse (précision : ça ne m'arrive pas tous les quatre matins). "Voyez-vous", m'a-t-il alors confié, "le monde de la finance se focalise toujours sur les grandes entreprises. Mais ce ne sont que des vitrines. Le plus important pour une économie, c'est de s'assurer que toutes les conditions sont réunies pour permettre le développement des PME. Ce sont elles qui font tourner le pays et qui contribuent à créer de la richesse en permanence". Et mon interlocuteur d'ajouter "Elle est là, la grande force de l'économie suisse", avant que l'un de ses directeurs ne complète "en France, vous avez aussi un très beau tissu de PME, mais vos politiques les maltraitent constamment".

Cette analyse n'a rien de candide. Elle fait même écho à l'actualité. "La crise du Covid a montré clairement que les petites entreprises et les emplois mal rémunérés sont des rouages essentiels de la société", écrivait cette semaine le bureau de recherche AlphaValue. Même sans sombrer dans le pathos ambiant, il faut reconnaître la nécessité de revoir nos conceptions des relations de travail et des orientations économiques. Comme je l'ai écrit plusieurs fois, nous sommes face à une incertitude économique inédite, ou plutôt face à un champ des possibles inédit avec grosso modo aux deux extrémités ceux qui pensent que la vie reprendra son cours normal d'ici la fin mai et ceux qui parlent de 1929. Clive Crook, dans un édito pour Bloomberg, dépeint très bien la façon dont nous sommes noyés sous les chiffres contradictoires (en langue anglaise).

Ce matin, les places financières sont portées par les directives annoncées par Donald Trump pour permettre aux Etats américains de sortir du confinement, en trois phases. Washington demande aux Etats fédérés d'afficher une trajectoire descendante des cas de coronavirus pendant 14 jours avant de débuter le processus. Selon l'évolution des cas, les activités peuvent ou non reprendre, comme le détaille ce résumé. Cette nouvelle, probablement combinée aux rumeurs entourant le remdesivir de Gilead, contribuent à soutenir la tendance, malgré la nette contraction du PIB chinois au 1er trimestre. Dans l'actualité, je noterai enfin l'entretien accordé par Emmanuel Macron au Financial Times, qui en fait sa "une" (là encore pour les anglophones).

Le CAC40 gagnait près de 3% à 4479 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Le chiffre final de l'inflation européenne de mars sera annoncé à 11h00. Aux Etats-Unis, l'indice des indicateurs avancés du Conference Board est prévu à 16h00. Ce matin, la Chine a annoncé une contraction de -6,8% de son PIB du 1er trimestre, durement éprouvé par le coronavirus.

L'euro s'échange à 1,0873 USD. L'once d'or perd un peu de terrain à 1709 USD. Le pétrole poursuit sa décrue, à 19,79 USD pour le WTI et à 28,27 USD pour le Brent. Le rendement de l'obligation d'État américaine s'inscrit à 0,67% sur 10 ans Le Bitcoin se négocie 7079 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne avec un objectif de cours de 21 EUR.
  • Adyen : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1015 à 1000 EUR.
  • Ahold Delhaize : Société Générale passe de conserver à acheter.
  • Barry Callebaut : Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 2300 à 1960 GBp.
  • Basilea : Cantor démarre le suivi à surpondérer en visant 73 CHF.
  • Berkeley Group : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 4169 GBp.
  • BioMérieux : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 82 à 95 EUR.
  • BNP Paribas : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 40 EUR.
  • BMW : HSBC passe de conserver à acheter en visant 62,50 EUR.
  • Coface : J.P. Morgan ramène son objectif de cours de 12,70 à 7,20 EUR.
  • Eutelsat : Credit Suisse réduit son objectif de cours de 16 à 13,40 EUR.
  • Informa : AlphaValue passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours réduit de 575 à 505 GBp.
  • InterContinental Hotels : Barclays passe de souspondérer à surpondérer en visant 3800 GBp.
  • J Sainsbury : Société Générale passe de conserver à acheter.
  • Kuehne + Nagel : Deutsche Bank passe de conserver à vendre en visant 120 CHF.
  • LafargeHolcim : UBS passe de neutre à achat avec un objectif de cours réduit de 51 à 44 CHF.
  • Proximus : Berenberg passe de vendre à conserver avec un objectif de cours relevé de 17,50 à 19,40 EUR.
  • Recticel : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 7 à 9 EUR.
  • Saipem : MainFirst passe d'acheter à conserver en visant 2,60 EUR.
  • Société Générale : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 25 EUR.
  • Sonova : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 163,60 CHF.
  • ThyssenKrupp : Citigroup démarre le suivi à l'achat en visant 8,50 EUR.
  • Wacker Chemie : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 46 à 57 EUR.
  • Wirecard : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 130 EUR.
  • WM Morrison : Société Générale passe de vendre à conserver.
  • Zalando : Baader Helvea reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 36 à 50 EUR.

L’actualité des sociétés

Les ventes de LVMH ont reculé de 17% au premier trimestre 2020 (10,6 Mds€), tandis que le groupe réduit de 30% à 4,80 EUR (dont un acompte de 2,20 EUR déjà versé) sa proposition de dividende. L'Oréal enregistre une contraction de -4,8% de son chiffre d'affaires au premier trimestre (7,22 Mds€), mais signale une reprise en Chine et une forte croissance du commerce en ligne. Compte tenu des incertitudes actuelles, le conseil d'administration d'Orange a décidé de ramener son coupon versé au titre de l'année 2019 de 0,70 à 0,50 EUR par action, si bien que le solde restant à payer n'atteindra que 0,20 EUR, au lieu de 0,40 EUR précédemment communiqués, tandis que les objectifs sont inchangés.Le gouvernement français pourrait demander aux banques d'apporter leur soutien au plan de renflouement des caisses d'Air France-KLM. Lagardère a fini en forte hausse la séance de la veille, sur des rumeurs (dans Les Echos) selon lesquelles Marc Ladreit de Lacharrière et Vincent Bolloré pourraient aider Arnaud Lagardère à repousser les assauts du fond Amber. Le gouvernement a demandé aux grandes foncières d'annuler 3 mois de loyers pour certaines TPE. Ils communiquent sur les conséquences du Covid-19 : Rémy Cointreau (dividende), Covivio (assemblée générale), Savencia (assemblée générale), Séché Environnement (assemblée générale), Evolis (dividende). Gecina finalise la cession d'un immeuble à Boulogne-Billancourt pour 36,6 M€ hors droits. Kerlink et DEPS signent un accord de distribution du portefeuille de solutions LoRaWAN en Ukraine. David Horn Solomon nommé directeur général de Pharnext. Syngenta et Amoeba lancent une phase de recherche ciblée dans les produits de biocontrôle. Adeunis équipe le Port de Tourisme de Rome en capteurs IoT pour maîtriser sa consommation énergétique. Plant Advanced Technologies lances des tests préliminaires contre le Covid-19 pour deux de ses principes actifs en développement. Geodis et Delta Drone lancent une solution d'inventaire en entrepôts. Atari boucle les préventes réservées de sa cryptomonnaie, l'Atari Token. Maisons du Monde, Vetoquinol, NicoxCoheris, Christian Dior, Groupe Open, Eurofins-Cerep, Damartex, HF Company, Pixium Vision, Spineway, ont publié leurs comptes.

Pas de miracle en mars sur le marché automobile européen, pris en étau entre les mesures de confinement et la baisse de confiance des acteurs économiques, conséquences du coronavirus. Les immatriculations de l'UE sont inférieures de 55,1% à celles du mois de mars 2019, soit 567 308 immatriculations contre 1 264 569 un an avant. L'action Gilead flambait hors séance, après la publication de données partielles laissant penser que le remdesivir a un effet positif sur les patients gravement malades après une infection au Covid-19, même si le laboratoire a indiqué qu'il fallait attendre davantage de données pour que l'essai soit fiable. Boeing va reprendre la semaine prochaine la production de ses appareils commerciaux dans l'Etat de Washington, ce qui concerne 27 000 salariés. NVIDIA a reçu l'autorisation des autorités chinoises pour racheter Mellanox, une opération à 6,9 Mds$. T-Mobile US reçoit l'autorisation finale pour fusionner avec Sprint. Moderna a reçu des fonds publics aux Etats-Unis pour renforcer le développement d'un vaccin expérimental contre le coronavirus. Deux groupes d'investisseurs auraient approché la seconde compagnie aérienne australienne, Virgin Australia Holdings, selon la presse locale, pour évaluer un rachat. Uber va prendre autour de 2 Mds$ de dépréciation sur ses investissements minoritaires et retire ses prévisions. KBC Groupe prévient que ses trimestriels seront fortement dégradés.Roche va proposer un nouveau test sérologique Covid-19. Compte tenu de la situation liée au coronavirus, le conseil d'administration de The Swatch Group a décidé de proposer lors de la réunion un dividende inférieur d'environ 30% à celui qui avait été initialement prévu. 

Ça publie. Rio Tinto, Schlumberger, State Street, Flutter, Lonza, Mediclinic, Man Group, Kinnevik, GTT et Orkla.