Je m'avance un peu : il est sans doute un peu tôt pour siffler la fin de la purge, mais certains événements récents forcent les financiers à arrêter de se voiler la face. Qu'on l'estime légitime ou pas, la politique économique des Etats-Unis provoque un ralentissement de la croissance mondiale et devrait continuer à le faire. Or les analystes ont tardé à ajuster leurs prévisions de résultats pour les entreprises, sans doute grisés par la phase d'expansion inédite qui a débuté après la crise des subprimes et trompés par des sociétés qui ont tardé à présenter des perspectives plus raisonnables. Ces ajustements ne sont d'ailleurs pas encore achevés. Il faudra (probablement) patienter jusqu'à la fin des publications annuelles 2018, soit fin février ou début mars, pour que les anticipations soient en phase avec la réalité. A défaut, les marchés risquent de rester dans un scénario "à la Kevin Kallaugher" :
 
  
"Buy Sell !" par Kal (http://www.kaltoons.com/)
 
Des projections raisonnables permettraient de ramener un peu de sérénité dans le débat, même si l'exercice est complexe dans un monde financier qui retient son souffle en attendant de savoir si le dirigeant de la première économie mondiale est bien ou mal luné au réveil. La correction qui a frappé les marchés actions américains au 4ème trimestre 2018 paraît méritée : elle est venue sanctionner le déni d'une partie des institutions financières, qui n'ont pas ajusté en temps et en heure leurs anticipations à l'évolution des conditions économiques mondiales. A leur décharge, comme nous l'indiquions ci-dessus, les entreprises ont aussi péché par optimisme. Apple en offre une excellente illustration. Les ajustements ont commencé puisque les projections de croissance des bénéfices 2018 des entreprises (ceux qui seront publiés à partir de la mi-janvier) sont inférieures de 40% aux estimations qui avaient été formulées en début d'année dernière. Mais celles de 2019 doivent encore être réécrites car elles sont encore excessives. Le cycle d'ajustement baissier n'est donc pas terminé. Mais il arrivera bien un moment où le marché considèrera que ces perspectives moins favorables (mais non négatives) seront intégrées.
 
La vérité, c'est que personne n'est capable de prévoir le niveau des indices dans les mois à venir. Mais une chose est sûre : il sera plus aisé de bâtir des scénarios une fois que la nouvelle donne macroéconomique sera réellement intégrée dans les objectifs. Le CAC40 perdait 1% peu après l'ouverture, à 4 643 points.
 
Les temps forts économiques du jour
 
Les statistiques européennes du jour n'intéresseront guère les investisseurs, qui se concentreront sur un triptyque concernant le marché du travail américain : étude Challenger (13h30), rapport d'ADP (14h15, consensus 179 000) et inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30, consensus 220 000). L'indice ISM manufacturier suivra à 16h00 (consensus 57,7). Post-clôture, l'industrie automobile américaine publiera le bilan de ses ventes 2018.
 
L'euro se négocie 1,1369 USD (+0,5%). L'or tient bon à 1 288 USD (+0,2%). Le WTI recule de -0,1% à 45,71 USD et le Brent de -0,6% à 54,485 USD. Le rendement de l'obligation d'Etat américaine à 10 ans recule à 2,62%. Le Bitcoin, qui s'est finalement repris hier, baisse à nouveau ce matin à 3 869 USD.
 
Les principaux changements de recommandations
  • Ascential : Berenberg passe de conserver à acheter avec un objectif relevé de 400 à 470 GBp.
  • Ceconomy : Baader Helvea reste à conserver mais avec un objectif réduit de 6 à 3,30 EUR.
  • Nestlé : UBS passe de neutre à achat en visant 90 CHF contre 84 CHF précédemment.
  • SFS : Berenberg débute le suivi à la vente en visant 65 CHF.
  • Siemens : AlphaValue reste à "accumuler" avec un objectif relevé de 106 à 108 EUR.
L’actualité des sociétés
 
Quand Apple éternue, tout le secteur des semiconducteurs s'enrhume : la séance du jour devrait une nouvelle fois permettre de le vérifier. L'enseigne Leclerc a signé un accord tarifaire 2019 avec Danone Produits Frais, "intégrant les coûts de production des élevages laitiers dans le prix du lait". Vinci a confié à un intermédiaire le soin de racheter jusqu'à 200 millions d'euros de ses propres actions d'ici fin mars. Bourbon a renouvelé le "waiver" signé avec ses créanciers, le temps de trouver une issue à ses soucis. Prodways renforce ses activités médicales avec l’acquisition de Surdifuse-L’Embout Français. Drone Volt obtient un contrat auprès d'une agence gouvernementale belge. Argan a essuyé les plâtres des publications annuelles à Paris.
 
Difficile de passer sous silence l'avertissement d'Apple sur ses objectifs 2018. Hier après la clôture, le groupe a précisé que ses revenus pour le trimestre clos le 31 décembre avoisineraient 84 milliards de dollars très loin des 89 à 93 milliards de dollars visés. En cause, notamment, une vive contreperformance sur les marchés émergents, en particulier en Chine. Conséquence ? -7% dans les échanges post-clôture. Tesla a terminé en baisse de près de 7% hier après des trimestriels décevants. Assicurazioni Generali serait à l'affût d'une acquisition allemande, selon le 'Handelsblatt'. La cotation de Banca Carige va reprendre à Milan aujourd'hui après la nomination d'administrateurs par la BCE. Ryanair et Wizz Air publient leurs trafics de décembre.