Londres (awp/afp) - Le groupe minier britannique Anglo American a annoncé mardi un projet de véritable big bang avec la scission de plusieurs activités dont le platine et les diamants en Afrique du Sud, après le rejet d'une nouvelle offre de rachat de BHP.

Anglo American dit vouloir "mettre en place certains changements structurels" comprenant notamment une "simplification de son portefeuille" d'activités qui sera désormais centré sur le cuivre, le minerai de fer haut de gamme, et les engrais.

Les cours du cuivre, métal clé dans le passage à une économie à bas carbone car permettant de nombreuses utilisations industrielles comme la composition de batteries de véhicules électriques, a vu ses cours s'envoler depuis un an et ils devraient continuer à grimper fortement vu la demande qui explose et les ressources limitées.

L'offensive de BHP mise largement sur le fait de mettre la main sur les mines de métal rouge d'Anglo American et donnerait naissance au principal producteur au monde de cuivre, mais le britannique compte bien capitaliser ces actifs pour son propre compte.

Il veut également profiter de la transition énergétique pour valoriser ses mines de minerai de fer, "idéalement placé pour soutenir la décarbonation de la métallurgie" alors qu'à l'inverse BHP lui demanderait de s'en séparer.

Anglo prévoit d'ailleurs de se délester de ses activités de charbon pour la métallurgie et de ses filiales sud-africaines de platine, et de diamants - avec la célèbre société De Beers.

Le secteur des diamants a été bousculé ces dernières années par la montée en force des diamants de synthèse, d'autant que les mines traditionnelles sont de plus en plus chères à exploiter.

L'entreprise étudie aussi une possible cession d'activités de nickel, en raison de "fortes pressions de marché" - l'exploitation du nickel connaît une grave crise malgré un boom de la demande mondiale.

"Ces mesures représentent les changements les plus radicaux pour Anglo American depuis des décennies", souligne le directeur général Duncan Wanblad, cité dans le communiqué.

L'action a terminé en queue de l'indice FTSE 100 à la Bourse de Londres (-3,23% à 2.619,50 pence), après avoir flambé ces dernières semaines après les approches de BHP et les spéculations de possibles autre prétendants miniers.

Sous-évaluation ___

Lundi, BHP avait dit mettre sur la table 34 milliards de livres (près de 40 milliards d'euros) soit trois milliards de livres de plus que son offre initiale pour racheter Anglo American.

La nouvelle offre "continue de sous-évaluer considérablement Anglo American et ses perspectives d'avenir", a aussitôt répliqué l'entreprise ciblée.

L'offre de rachat de BHP est notamment conditionnée à une scission préalable de la filiale sud-africaine de platine, et de celle de minerai de fer, ce qui va partiellement à l'encontre de la stratégie du britannique.

Des termes "très peu attrayants pour les actionnaires d'Anglo American" vu notamment leurs "risques d'exécution importants".

Anglo American veut mener cette simplification seul. "En mettant en place ces changements nous-mêmes, nous serons en mesure de le faire d'une manière respectueuse pour nos employés et pour les communautés et pays où nous exerçons, y compris l'Afrique du sud où Anglo American continue à jouer son rôle d'entreprise de premier plan responsable", assure le groupe dans son communiqué.

Le groupe britannique avait annoncé en début d'année son intention de supprimer des milliers d'emplois dans son activité platine en Afrique du Sud.

Les projets de scissions d'activités en Afrique du Sud, agités par BHP comme Anglo American, ne cessent de créer l'émotion dans le pays concerné.

Le principal syndicat sud-africain, Cosatu, a salué l'engagement "professé" d'Anglo American envers son pays d'origine, où le groupe minier reste une entreprise phare.

Cosatu espère qu'Anglo entend y augmenter les investissements, notamment dans des "communautés touchées par les mines et leur pollution", et faire preuve de "loyauté envers ses employés".

Dan Costworth, analyste de AJ Bell, constate que "offre d'achat ou pas, on va avoir un démantèlement d'Anglo American" avec des "conséquences majeures".

Il remarque que le risque pour Anglo American de devenir moins gros est d'attiser encore plus l'appétit des groupes miniers qui veulent l'avaler. Outre BHP, les marchés bruissent de rumeurs de contre-offres en gestation par Glencore ou Rio Tinto.

afp/rp