par Richard Cowan

WASHINGTON, 7 novembre (Reuters) - Vingt-quatre heures après les allégations inédites de Donald Trump sur la fiabilité et l'intégrité du processus électoral aux Etats-Unis, la stratégie du président sortant divise les républicains dont une partie estime vendredi qu'il devrait modérer ses attaques.

S'exprimant devant des journalistes, le sénateur Roy Blunt, membre de la direction du Parti républicain, a ainsi prévenu qu'"à un moment ou un autre" il faudrait bien que la Maison blanche soit en mesure de porter en justice ces allégations et de les étayer par des preuves.

Le sénateur Mitt Romney, battu en 2012 par Barack Obama, a jugé que Donald Trump était allé trop loin.

"Le président est dans son droit lorsqu'il demande un nouveau décompte, lorsqu'il réclame une investigation sur des irrégularités électorales alléguées là où des preuves existent (...) Mais il a tort de dire que cette élection a été truquée, corrompue et volée", a-t-il tweeté vendredi.

"Dire cela porte atteinte à la cause de la liberté ici et dans le monde entier, affaiblit les institutions au fondement de notre république et attise de manière irresponsable des passions destructrices et dangereuses", a-t-il poursuivi.

Alors que Joe Biden est désormais au seuil de la Maison blanche, Donald Trump s'est livré jeudi soir, en plein dépouillement dans les Etats encore indécis, à une attaque jamais vue, dénonçant une fraude électorale massive dans les Etats où la progression des résultats rapproche son rival démocrate d'une victoire.

Le président a également dénoncé une collusion entre le Parti démocrate et les puissances financières, médiatiques et du secteur des nouvelles technologies qui auraient comploté contre lui.

"Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement", a-t-il affirmé sans apporter d'éléments tangibles sur de prétendus votes "illégaux" qui seraient pris en compte.

"Ils essaient de voler une élection. Ils essaient de truquer une élection, et nous ne pouvons pas laisser faire cela", a poursuivi le président républicain au cours de sa première apparition publique depuis la nuit de mardi à mercredi, au coeur de la première nuit post-électorale, quand il avait revendiqué contre toute évidence sa victoire.

Au terme d'une tirade de 17 minutes, Donald Trump a quitté la salle de presse de la Maison blanche sans prendre de questions des journalistes.

Signe du caractère inédit de ses attaques, plusieurs grands réseaux ont interrompu leur retransmission, comme MSNBC dont le présentateur, de retour en plateau, a déclaré que sa chaîne devait "encore une fois interrompre mais aussi corriger" les propos tenus par le président.

A en croire un nouveau sondage Reuters/Ipsos, quelque 30% des sondés se revendiquant comme républicains partagent l'avis de Trump et estiment que leur candidat a gagné l'élection.

Au Congrès, des élus de haut rang ont également exprimé leur soutien aux revendications de leur président.

C'est le cas de Kevin McCarthy, chef du groupe républicain dans la Chambre sortante des représentants. "Le président Trump a remporté cette élection", a-t-il assuré vendredi sur l'antenne de Fox. "Donc, à tous ceux qui nous écoutent, ne vous ménagez pas", a-t-il ajouté.

Sur la même antenne, le sénateur Lindsey Graham, président de la commission des Affaires judiciaires réélu mardi en Caroline du Sud, s'est dit prêt à contribuer à hauteur de 500.000 dollars au financement des recours que l'équipe de campagne de Trump prépare dans de multiples Etats.

Le Comité national du Parti républicain a l'intention de lever 60 millions de dollars pour les financer, ont déclaré deux sources à Reuters.

VOIR AUSSI

PROJECTIONS Biden crédité de 253 grands électeurs contre 214 pour Trump par l'institut Edison Research

Biden au seuil de la Maison blanche, Trump promet de se battre en justice

Les manifestations se multiplient alors que le dépouillement se poursuit

Trump dénonce un "vol" alors que Biden approche de la victoire

(version française Henri-Pierre André)