Est-ce que tout est à refaire ? Telle est la question que se pose le microcosme financier après la rechute des actions la semaine dernière. Une rechute violente, qui a coûté 4,8% à l'indice large américain S&P500 et 2,9% à son homologue paneuropéen Stoxx Europe 600. On le sait, les investisseurs ont l'humeur versatile quand le plancher a tendance à se dérober sous leurs pieds, ce qui est le cas depuis la fin de l'année 2021. Et puis ils aiment se raconter des histoires. Celle du début de la baisse de l'inflation aux Etats-Unis était leur préférée jusqu'au début de la semaine dernière, lorsqu'il est apparu que les prix ont en fait continué à grimper. Pas énormément, mais suffisamment pour briser le moral des troupes et faire retomber les actions.

Les indices boursiers ne sont pas redescendus à leurs plus bas de l'année, qui avaient été touchés en juin, mais ils ont repris une bonne claque. Les baisses 2022 vont de -2% pour le FTSE britannique à -27% pour le Nasdaq 100 aux Etats-Unis si l'on considère les grandes places financières. Paris perd -15%, Francfort et Hong Kong -20%. Il faut toutefois noter quelques poches de résistance, histoire d'apporter une touche un peu moins sombre. Depuis le début de l'année, les marchés indien et brésilien affichent de légères hausses. Plus près de nous, les indices des bourses de Lisbonne et d'Oslo gagnent aussi du terrain : ils sont lestés en valeurs du secteur de l'énergie, le seul compartiment de la cote à évoluer dans le vert en 2022 en Europe et aux Etats-Unis.

Souvent en pareille situation de rechute des marchés, ma boîte mail professionnelle sonne creux : les financiers sont atrocement bruyants quand les marchés montent, mais ils sont prompts à revêtir leur cape d'invisibilité dès que ça tangue un peu trop. Je n'ai pas ce luxe parce que je dois essayer de vous divertir tous les matins, que ça monte ou que ça baisse. Ça sonne d'autant plus creux aujourd'hui que l'on enterre Elizabeth II à Londres. Contrairement à ce qu'on nous a fait croire avec le Brexit, Londres reste la plaque tournante de la finance européenne, en tout cas pour une bonne partie des activités de banque d'affaires et d'investissement. Et c'est incontestablement le centre du monde monarchique. Quelque 500 chefs d'Etat sont attendus dans la capitale britannique pour un enterrement qui sera diffusé en mondiovision. Cet engouement est en partie lié à la personnalité attachante et bienveillante d'Elizabeth II. Attention, moments guimauve en perspective ce matin, avec cette petite pointe de fascination nostalgique des vieilles démocraties pour l'ancien régime.

Je voulais aussi parler ce matin d'un événement d'une toute autre nature, qui pourrait aussi passer pour un enterrement dans un contexte d'ancien régime, mais on va encore dire que je n'ai aucun tact. TF1 et M6 Métropole Télévision ne se marieront pas. Ce n'est pas l'affaire du siècle, mais cela mérite quelques mots. On ne peut pas vraiment dire que l'Autorité de la concurrence a décoché la flèche du Parthe tant l'issue était attendue. Mais cet échec m'en rappelle d'autres et soulève presque toujours la même question : est-il opportun d'empêcher la création d'un acteur local renforcé à l'heure où ses concurrents sont globaux ? Les arguments des deux parties sont recevables. Le régulateur parle de réduction de la concurrence, d'oligopole sur certaines niches et de pluralité. TF1 et M6 répliquent offre renforcée, financement de la création et meilleure résistance à une concurrence aux moyens colossaux. L'Autorité de la concurrence prouve son indépendance, mais m'est avis que les plateformes internationales de streaming doivent bien rigoler. Elles n'ont même pas besoin de diviser pour mieux régner, quelqu'un le fait à leur place. C'est si mignon d'imaginer qu'on empêche TF1 et M6 de se rapprocher quand Amazon peut mélanger télévision et site marchand à l'envi.

Mais la grosse affaire de la semaine n'est évidemment pas le PAF (et oui jeune lecteur, à une époque on utilisait ce doux acronyme pour "paysage audiovisuel français"). Ou plutôt pas ce PAF mais le paf que la Fed va remettre dans le pif de l'inflation. La banque centrale américaine se prononce mercredi sur son prochain relèvement de taux. Le dernier pronostic donne 80% de chances pour une hausse de taux de 75 points de base et 20% pour une hausse de 100 points de base. Mais au-delà de la décision elle-même, c'est toujours le coup d'après que les investisseurs cherchent à deviner, et la distance qui les sépare de la hausse finale, c’est-à-dire du moment où la Fed sera suffisamment sereine vis-à-vis de l'inflation pour cesser sa politique d'étranglement. D'autres banques centrales sont sur le pont cette semaine, notamment sur la journée de jeudi avec les décisions de la Banque du Japon, de la Banque nationale Suisse et de la Banque d'Angleterre. Mais sans leur faire injure, c'est la banque centrale américaine qui dictera la couleur des indices.

Dans le reste de l'actualité, les tensions géopolitiques sont toujours élevées. Joe Biden a réaffirmé que l'armée américaine défendrait Taïwan en cas d'invasion chinoise. Pendant ce temps, le Kirghizistan et Tadjikistan se frictionnent, comme l'Arménie et l'Azerbaïdjan l'ont fait avant eux. C'est dans cette ambiance que l'Assemblée générale des Nations Unies se tiendra à New York du 19 au 23 septembre et que se profilent les élections générales italiennes, dimanche prochain.

La semaine démarre plutôt en baisse en Asie Pacifique, où la bourse japonaise est fermée pour un jour férié. Seule la Bourse de Bombay se distingue à la hausse. En Europe, les indicateurs avancés laissaient entrevoir un rebond dans les premiers échanges, mais ils se sont retournés après 8h00. Le CAC a finalement démarré en baisse de 0,5% à 6046 points.

Les temps forts économiques du jour

L'indice des prix immobiliers américains de la NAHB pour septembre sera annoncé à 14h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro et le dollar sont à nouveau proches de la parité. L'once d'or s'échange autour de 1670 USD. Le pétrole n'est pas très éloigné de son niveau de vendredi, avec un Brent de Mer du Nord à 91,88 USD le baril et un brut léger américain WTI à 85,51 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans reste élevé à 3,45%. Le bitcoin a décroché sous 19 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • About You : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 5 EUR.
  • Bavarian Nordic : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 280 à 310 DKK.
  • Cofinimmo : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 120 EUR.
  • Hoffmann Green Cement : Portzamparc passe d'acheter à renforcer en visant 17 EUR.
  • ITM Power : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de320 à 207 GBp.
  • PNE AG : Bankhaus Metzler démarre le suivi à l'achat en visant 24,50 EUR.
  • Theradiag : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif réduit de 2,40 à 2,30 EUR.
  • Tryg : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 185 DKK.
  • Virbac : Portzamparc passe de renforcer à acheter en visant 387,20 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies lance le projet gazier Offshore de Fenix en Argentine.
  • Un train à hydrogène Alstom parcourt 1175 km avec un seul plein. Par ailleurs, le groupe vend 17 Coradia à la Roumanie.
  • Valeo présent son nouveau plan stratégique.
  • TF1 et M6 Métropole Télévision annulent leur rapprochement à cause des contraintes antitrust. Déception aussi pour leurs maisons-mères respectives, Bouygues et RTL.
  • Laurent Mignon va prendre la présidence du directoire de Wendel.
  • Bureau Veritas acquiert Galbraith Laboratories aux Etats-Unis.
  • Valneva et IDT Biologika mettent fin à leur collaboration sur COVID-19 d'un commun accord.
  • Pierre & Vacances est désormais présidé par Georges Sampeur, secondé par Franck Gervais dont le mandat de directeur général a été renouvelé.
  • Technicolor finalise son processus de refinancement avant la scission de ses actifs.
  • Pixium Vision a atteint les objectifs de recrutement de son étude pivot européenne PRIMAvera.
  • Nicox a réalisé la visite finale des derniers patients de l'étude de phase III Mont Blanc sur le NCX 470 dans le glaucome.
  • Genfit va racheter la biotech suisse Versantis.
  • Le directeur général Laurent Roudil quitte Econocom.
  • Quantum Genomics présente les résultats de la phase III FRESH dans l’HTA difficile à traiter/résistante lors de du congrès annuel de l’American Heart Association.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Volkswagen vise une valorisation comprise entre 72,3 et 78 Mds€ pour Porsche, pour un prix d'IPO compris entre 76,50 et 82,50 EUR.
  • Le Crédit Suisse pourrait resusciter First Boston pour nommer sa banque d'investissement.
  • Fedex a décroché de 22% vendredi, après son avertissement.
  • Daimler Truck dévoile son premier camion électrique d'une capacité de 40 tonnes.
  • Link Administration repousse une offre révisée en baisse à 3,81 AUD par action de Dye & Durham.
  • Uber a perdu 4% vendredi après une cyberattaque dont les conséquences sont encore floues.
  • Principales publications du jour : Autozone, Craneware, Groupe Gorgé… Tout l'agenda ici.

Lectures