Nous sommes en 2022 après Jésus-Christ. Toute la planète finance s'enfonce... Toute ? Non ! Une place peuplée d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Cette place, c'est la Bourse de Paris, qui a terminé sur un gain de 0,12% hier alors que les autres viraient au rouge. Pas toutes en réalité, puisqu'un indice très défensif comme le SMI suisse a fait un peu mieux en grappillant 0,17%, à grands renforts de Roche et de Novartis (et de financières). Après tout, Astérix a aussi visité les Helvètes. A Paris, la résistance s'est organisée sans les stars habituelles, c'est assez rare pour être souligné. Pire, les LVMH, Hermès, Kering et autres Dassault Systèmes se sont retrouvées dans le rouge vif. Il a fallu compter sur la finance, notamment Société Générale et Axa. La hausse des rendements obligataires et la perspective de hausses de taux profite au secteur. La banque rouge et noire a eu droit à un petit coup d'accélérateur personnel avec l'annonce de la cession de sa filiale russe, Rosbank. On a aussi vu Total et Sanofi aux avant-postes : deux des trois plus grosses pondérations de l'indice parisien en progression marquée, ça aide. Le CAC40 a aussi eu droit à son petit coup de pouce personnel : les résultats du premier tour de l'élection présidentielle française ont rassuré les financiers, qui ont pu écarter leur scénario le plus cauchemardesque. Pour paraphraser une célèbre citation, les investisseurs ont le cœur un peu partout, mais le portefeuille chez Emmanuel Macron. Plus Jupiter que Toutatis, dit-on.

Mais trêve de plaisanterie, l'exception boursière française de la veille est un peu anecdotique. Le reste du marché a flanché, en particulier aux Etats-Unis où le Nasdaq a reperdu 2,4%. En cinq séances, l'indice technologique a cédé 7,7% et emporte avec lui le S&P500 (-3,7% en 5 séances). Les craintes se focalisent toujours sur l'effet de la hausse des taux enclenchée par la Fed sur la dynamique économique. Comment ça, je l'ai déjà écrit 100 fois en six mois ? Le fait est que le contexte ne change pas tellement, surtout si j'ajoute que les gisements d'inflation continuent à alimenter la hausse des prix globale. C'est un peu comme la fonte des neiges : tous les torrents alimentent la rivière, qui gonfle avant de se jeter dans le fleuve, qui gonfle à son tour. La guerre en Ukraine a apporté son lot de désordres additionnels et la lutte chinoise contre le coronavirus est en train de remettre en cause le retour à la normale des chaînes logistiques. L'économiste Christophe Barraud, qui nous fait régulièrement l'amitié d'intervenir sur la chaîne Zonebourse, insiste ce matin sur le capharnaüm qui règne autour des ports chinois, en mer avec des porte-containers en galère (romaine ?) à la queue leu-leu et des déchargements au compte-goutte faute de camionneurs.

C'est dans ce contexte qu'arrivent les premières publications de résultats du 1er trimestre 2022. Ça démarre ce matin en Europe avec deux premiers de la classe, les suisses Sika et Givaudan. Sur le marché des matériaux de construction, Sika a réalisé un trimestre record avec une croissance de chiffre d'affaires de 22%. Le groupe a expliqué que la demande est forte en dépit du contexte, et qu'il a pu passer des hausses de prix "cohérentes" avec la hausse de ses coûts. "Cohérentes" est un synonyme de "conséquentes", en ce moment. De son côté, le spécialiste des arômes et des saveurs Givaudan a aussi connu un bon début d'année. Le Genevois n'a pas utilisé le mot "cohérent" mais explique qu'il a relevé ses prix "en collaboration avec ses clients" afin de "compenser intégralement la hausse des coûts des matières premières". Ces hausses de prix qui soutiennent la croissance et les marges seront légion (romaine ?) pendant cette saison des résultats. Mais ce qui compte vraiment, c'est la façon dont les consommateurs vont réussir à les encaisser sur la durée. On suppute que ça finira par devenir compliqué et que certaines dépenses finiront par être remises à plus tard. Ce qui explique, aussi, les difficultés actuelles de la consommation cyclique face à la consommation de base. Ou façon plus triviale, pourquoi Carrefour a gagné 20% en deux mois quand LVMH perdait 11%.

LVMH qui rejoindra ce soir l'arène (romaine ?) des publications avec ses ventes du 1er trimestre. L'occasion de voir si le groupe de Bernard Arnault a conservé sa capacité à émerveiller les investisseurs. Puis on retrouvera demain plusieurs financières américaines, dont JPMorgan Chase et BlackRock, qui n'ont pas dû trop souffrir de l'environnement actuel.

Les indicateurs avancés sont encore baissiers ce matin sur les marchés. En Asie, tout le monde recule. Assez fort au Japon (-1,9% pour le Nikkei 225) et un peu moins à Sydney (-0,59% pour l'ASX). Les investisseurs attendent l'indice ZEW de confiance des financiers allemands à 11h00 mais surtout les chiffres de l'inflation américaine de mars à 14h30. Le CAC40 perdait 1,5% à 6456 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Deux rendez-vous importants aujourd'hui avec l'indice ZEW de confiance des financiers allemands pour avril à 11h00 et les chiffres de l'inflation américaine de mars à 14h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro, après une tentative de rebond hier, repasse sous la barre de 1,09 USD. L'once d'or remonte à 1958 USD. Le pétrole reste ferme avec un Brent de Mer du Nord à 100,25 USD le baril et un brut léger américain WTI à 96,18 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans monte à 2,81%. Le bitcoin est passé sous la barre des 40 000 USD pièce.

Les principaux changements de recommandations

  • AstraZeneca : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 100 à 120 GBp.
  • ASM International : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 425 EUR.
  • Atlantia : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 22 EUR.
  • Atos : Citigroup abaisse son objectif de cours de 35 à 25 EUR.
  • Bossard : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 460 à 466 CHF.
  • Compagnie Plastic Omnium : Citigroup abaisse son objectif de cours de 24 à 22 EUR.
  • Dassault Aviation : Deutsche Bank relève son objectif de cours de 160 à 198 EUR.
  • Dassault Systèmes : Citigroup abaisse son objectif de cours de 51 à 47 EUR.
  • Deutz : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 6,80 à 5,50 EUR.
  • Elior : AlphaValue passe d'acheter à accumuler en visant 2,91 EUR.
  • Eurazeo : Goldman Sachs démarre le suivi à neutre en visant 92 EUR.
  • Ferrari : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 255 EUR.
  • Imperial Brands : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1595 à 1668 GBp.
  • Intermediate Capital : Goldman Sachs démarre le suivi à l'achat en visant 2480 GBp.
  • Legrand : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 95 EUR.
  • Leonardo : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 12 EUR
  • Neste : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 53 EUR.
  • Novo Nordisk : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 805 DKK.
  • Partners Group : Goldman Sachs démarre le suivi à l'achat en visant 1630 CHF.
  • Rapala : Inderes passe d'achat à accumuler en visant 8,20 EUR.
  • Rolls-Royce : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 75 GBp.
  • Salmar : DNB passe d'acheter à conserver en visant 743 NOK.
  • Sixt : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 195 à 160 EUR.
  • STMicroelectronics : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 38 EUR.
  • Telekom Austria : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 8,82 à 8 EUR.
  • Thales : Barclays relève son objectif de 110 à 137 EUR.
  • Valeo : Barclays réduit son objectif de cours de 35 à 25 EUR.
  • Valmet : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne.
  • Zur Rose : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 230 à 135 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • ISS s'oppose au nouveau paquet de rémunération du PDG d'AXA.
  • Vivendi lancera officiellement jeudi son offre sur Lagardère.
  • TotalEnergies s'allie à KGHM pour participer à un appel d'offres dans l'éolien en Pologne.
  • EssilorLuxottica va racheter Giorgio Fedon et à entrer dans l'industrie du packaging et des étuis à lunettes.
  • Stellantis signe un accord dans le domaine du marketing prédictif après-vente avec Fidcar.
  • bioMérieux affiche une contraction de 4,5% de son activité au T1 et confirme ses objectifs 2022. En parallèle, le groupe annonce l'acquisition de Specific Diagnostics.
  • Mersen fait évoluer son conseil d'administration.
  • CGG augmente sa capacité de calcul informatique avec un nouveau centre HPC au Royaume-Uni.
  • Poxel obtient une revue accélérée pour PXL770 dans l'ALD.
  • Nacon annoncer Hell is Us, un nouveau projet d’envergure du studio Rogue Factor, disponible en 2023.
  • Groupe Partouche crée une filiale dédiée aux projets dans le métavers.
  • Quadient poursuit le développement de ses solutions cloud d'automatisation avec le lancement d'Impress Distribute en Allemagne.
  • Carmat lance une augmentation de capital de 30 M€ à 10 EUR l'action.
  • Novacyt obtient l'approbation d'un second test COVID-19 PCR direct au Royaume-Uni.
  • Hydrogène de France acquiert une future unité industrielle de production d'hydrogène vert dans les Caraïbes.
  • Nanobiotix publie de nouvelles données sur nbtxr3.
  • NFL Biosciences obtient un brevet en Chine.
  • NHOA, Lucibel, Bourse Direct, BOA Concept ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • La famille Benetton alliée à Blackstone serait proche d'une offre de retrait pour Atlantia.
  • Les ventes du Sika bondissent de 22% à 2,4 MdsCHF au T1, dopées par les volumes et les hausses de prix.
  • Nokia va cesser de faire des affaires en Russie.
  • Givaudan annonce un chiffre d'affaires en croissance de 4,6% au T1,
  • Honda va investir 64 Mds$ en R&D sur la durée pour se renforcer dans l'électrique.
  • Shopify lance une division par dix du nominal de son action.
  • Meta Platforms teste la vente d'objets virtuels dans le métavers.
  • Bone Therapeutics signe un contrat d'obligations convertibles dilutives avec Alpha Blue Ocean.
  • BB Biotech achève son programme de rachat d'actions et reprend un.
  • Le bénéfice du premier semestre d'ASOS chute de 87% en raison des contraintes de la chaîne d'approvisionnement.
  • Lalique signe un nouveau contrat de licence pour créer et commercialiser des fragrances pour Superdry.
  • La Commission européenne a donné son feu vert au projet d'acquisition du britannique Meggitt par Parker-Hannifin pour 6,3 Mds£.
  • Principales publications de résultats : LVMH, Sika, Givaudan, Albertsons, JD Sports, Evotec, Pennon, ASOSTout l'agenda ici.

Lectures